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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Le bardo du rêve 9/12

Nous devons penser que nous écoutons cet enseignement pour pouvoir libérer l’ensemble de tous ces êtres qui ont été nos pères et nos mères, qui errent dans la souffrance du samsara et dont le nombre est aussi vaste que vaste est l’espace.

Tout d’abord il est important l’écoute de cet enseignement, d’examiner notre esprit, de voir quel est notre état d’esprit. Si nous ne faisons pas cet examen il est tout à fait possible que de mauvaises pensées surviennent dans notre esprit et que notre esprit change instantanément. L’enseignement ne nous aidera pas et nous ne pourrons pas non plus aider les autres êtres. C’est pour cela que tout d’abord il est important de faire cet examen, de regarder quel est notre état d’esprit avant l’écoute de l’enseignement.

Avant chaque enseignement, une prière est adressée au Lama. Il est tout à fait possible qu’en France il n’y ait pas cette coutume mais au Tibet, il y a cette coutume avant chaque enseignement. Moi-même, d’une manière personnelle, j’adresse une prière à mon Lama qui a eu une immense bonté à mon égard : c’est pour cela que je lui adresse cette prière.

Pourquoi puis-je dire que mon propre Lama a eu une grande bonté à mon égard ?

Le Bouddha Shakyamuni a donné beaucoup d’enseignements. Je n’ai pas la possibilité de comprendre le sens profond de chaque mot qu’il a enseigné. C’est grâce mon propre Lama que j’ai pu comprendre un petit peu le sens de ces mots et ainsi obtenir une certaine détente dans mon esprit. C’est pour cela que je dis que mon Lama a eu une grande bonté à mon égard.

Le Bouddha Shakyamuni est venu sur notre terre pour donner toutes sortes d’enseignements et, à cet égard, le Bouddha Shakyamuni a eu une très grande bonté. Cependant, je trouve que mon propre Lama a eu une bonté supérieure au Bouddha lui-même.

Pourquoi en est-il ainsi ?

Car tout ce que le Bouddha a enseigné, nous n’avons pas la possibilité de le réaliser.
Ce que Lama enseigne, c’est sa propre expérience. A partir de son expérience, il nous donne les instructions essentielles. Grâce à ces instructions essentielles, nous allons avoir une compréhension du sens de ces paroles.

C’est pour cela, en fait, je pense que si, nuit et jour, j’adresse les prières à mon Lama, et que si nous faisons ainsi, cela est bien, dans la mesure où il représente le Bouddha, il représente le Dharma, les enseignements, la Sangha.

Il représente le Bouddha car il prodigue tous les enseignements du Bouddha. Il représente le Dharma dans la mesure où il a réalisé cet enseignement du Bouddha. Il représente la Sangha (la communauté). C’est pour cela que je pense que si nous adressons nos prières à lui uniquement, c’est bien.

Quand nous sommes pratiquants du Dharma, nous parlons du Lama, du Yidam, des divinités (Yidam en tibétain) et des dakinis (khandros en tibétain).

Nous avons parlé du Lama. Ensuite nous parlons du Yidam, de la divinité. Le Yidam, en tibétain, veut dire l’engagement de l’esprit. Sur l’instruction de notre Lama, nous allons pratiquer notre propre divinité, notre propre lien d’engagement. C’est véritablement le sens de la divinité, du Yidam.

Ensuite, il y la Dakini. La Dakini ne veut pas dire quelqu’un qui vole dans l’espace. Tous les oiseaux peuvent voler dans l’espace, mais en fait, ici, cela fait référence à la Vue Parfaitement Pure. Cela signifie que nous avons réalisé cette Vue Parfaitement Pure et qu’il n’y a absolument plus aucune distraction dans notre esprit. C’est le sens véritable de la Dakini.

Ce soir, nous allons un petit peu parler de la Vue Parfaitement Pure. Précédemment, nous avons vu qu’il y a trois points principaux dans le chemin du Dharma. Il y a le Renoncement Parfaitement Pur dont nous avons déjà parlé. Il y a l’Esprit d’Eveil Parfaitement Pur dont nous avons déjà parlé.

Nous allons maintenant voir le troisième point : la Vue Parfaitement Pure.

Comme nous l’avons déjà dit, la prise de conscience est nécessaire. C’est par ce renoncement que nous allons véritablement comprendre le sens profond du Dharma. Sans cette prise de conscience, nous allons prendre la pratique du Dharma comme un jeu, une distraction.

En plus de cette prise de conscience, il est nécessaire de développer l’Esprit d’Éveil. En développant cet Esprit d’Éveil nous développons un esprit très vaste. Si nous ne développons pas cet Esprit d’Éveil nous ne pouvons pas parfaire l’accumulation de mérites. Par l’accumulation de mérites, nous pouvons réaliser et obtenir cette Vue Parfaitement Pure. C’est pour cela qu’il est dit que nous devons avoir l’esprit vaste, cet Esprit d’Éveil afin de pouvoir utiliser les moyens du mantra secret, les moyens du Vajrayana.

Pour pouvoir se libérer véritablement du samsara, du cycle de l’existence, il n’est pas suffisant d’avoir le Renoncement et l’Esprit d’Éveil, il faut aussi réaliser et obtenir la Vue Parfaitement Pure.

C’est par ces deux moyens que nous allons réaliser cette Vue Parfaitement Pure. Sinon, impossible de la réaliser ! Ici nous parlons des bodhisattvas. En tibétain, cela se dit Tchang Tchoub Sempa. Tchang Tchoub c’est l’éveil et Sempa, c’est l’esprit courageux. Cela signifie un esprit sans peur de l’Eveil, cela est nécessaire pour réaliser cette Vue Parfaitement Pure.

Tchang Choub signifie l’Eveil en tibétain. « Tchang » veut dire que nous purifions l’ensemble de toutes les émotions. "Tchoub " veut dire que nous réalisons la Vue Parfaitement Pure. A partir du moment où nous la réalisons, nous ne pouvons plus avoir de peur, n’est-ce pas ? C’est ce que signifie le mot « Eveil », ou ce nom même de Bodhisattva : « Posséder l’Esprit d’Éveil ».

D’une manière générale, quand nous avons la prise de conscience et l’Esprit d’Éveil, nous prenons les vœux de moine pour pouvoir réaliser cette Vue Parfaitement Pure. Nous disons moine à partir du moment où nous prenons les vœux et où nous sommes habillés en moine. Il est tout à fait possible que certaines personnes aient pris les vœux de moine mais ne soient pas vraiment moines, ne soient pas dotées de ces deux aspects. Et qu’inversement une personne qui ne porte pas les vêtements de moine soit dotée du renoncement et de l’Esprit d’Éveil. Si nous sommes moine et que nous ne portons pas les habits de moine, nous ne sommes plus moine.

Au Tibet les moines enlèvent les vêtements de moine à l’âge de 59 ans. Malgré tout ils restent des moines. Ce que je veux dire c’est que l’habit ne fais pas le moine. mais qu’être moine c’est par le cœur, par la discipline. Si nous n’avons plus de saisie dans notre esprit, nous pouvons dire que nous avons l’état de moine.

Quel est le sens de prendre les vœux de moine ?

Le sens c’est réaliser la Vue Parfaitement Pure. Cet état permet de couper à la racine la souffrance du samsara. Notre propre esprit est la racine-même du samsara, le cycle de l’existence. Toutes les apparences du monde phénoménal, toutes les illusions du samsara sont notre propre esprit. C’est notre esprit qui crée toutes ces apparences, toutes ces illusions, qui crée tout ce que nous pouvons voir, qui crée l’eau, qui crée tous les éléments. Lorsque nous réaliserons la nature-même de notre propre esprit nous réaliserons cette Vue Parfaitement Pure. Cette nature de l’esprit est cette Vue Parfaitement Pure. Si nous disons « l’esprit est », ce n’est pas la Vue Parfaitement Pure, si nous disons « l’esprit n’est pas », ce n’est pas la Vue Parfaitement Pure. Cette Vue Parfaitement Pure est difficile à réaliser car si nous pensons : « j’ai un esprit », ce n’est pas la Vue Parfaitement Pure. Et si nous pensons « je n’ai pas d’esprit » ce n’est pas la Vue Parfaitement Pure.

Nous disons « l’esprit est », mais cet esprit, nous ne pouvons ni le saisir, ni le tenir. En même temps, si nous disons : « Ce n’est pas », nous pensons, nous savons et c’est à travers cet esprit que nous pensons. Donc, dans la Vue Parfaitement Pure : « il y a » et « il n’y a pas ». Si de temps en temps nous pensons : « l’esprit est », si de temps en temps, nous pensons « l’esprit n’est pas », le Bouddha a dit que cela n’était pas la Vue Parfaitement Pure. Mais si en même temps nous avons cette pensée que l’esprit et/ou que l’esprit n’est pas, nous réalisons la Vue Parfaitement Pure. Nous réalisons cette Vue Parfaitement Pure quand nous réalisons qu’il n’y a pas de Vue Parfaitement Pure.

Quand je disais que je priais mon Lama-racine, en voilà la raison. Grâce à notre Lama-racine, nous allons pouvoir réaliser le fait que nous n’allons pas passer d’un état à un autre. De l’état : « l’esprit est » à l’état : « l’esprit n’est pas ». A un moment donné, nous allons laisser cet état de « l’esprit n’est pas » et nous allons reprendre l’état de « l’esprit est ». En fait, c’est grâce à mon Lama et par sa grande bonté que je vais réaliser l’état de non-balancement entre « être » et « pas être ».

Gyalwa Kanchok Pang qui était un grand accompli, dit que les apparences sont illusions et que pour pouvoir être libéré de ces apparences, nous devons réaliser la vacuité. Mais, de la vacuité, nous devons reconnaître et réaliser que les apparences sont et que les apparences émergent de cette vacuité. En fait, il faut réaliser. Il ne faut pas qu’il y ait de dualité entre la vacuité et la forme qui émerge de cette vacuité.

Quand nous pouvons avoir une compréhension par l’examen de notre esprit qu’il y a indifférenciation entre la vacuité et les apparences nous réalisons la Vue de l’Intelligence Suprême.

Maintenant nous ne pouvons pas dire qu’il y a réalisation de la Vue Parfaitement Pure. Il y a compréhension de l’intelligence suprême par l’examen de cette indifférenciation de la vacuité et des apparences. Nous parlons de vue, mais cette vue est la vue de l’examen de l’esprit. C’est une vue, certes, mais pas la Vue Parfaitement Pure. Il est nécessaire en premier lieu de réaliser cette vue par l’examen de notre esprit. Ensuite une compréhension du sens ultime va émerger spontanément dans notre esprit. Quand cette réalisation spontanée apparaîtra dans notre esprit nous pourrons dire c’est la Vue parfaitement pure.

En fait entre ces deux vues il y a une grande différence. Dans la première vue, la vue par l’examen de notre esprit, nous examinons à l’extérieur de nous-mêmes. Nous projetons à l’extérieur de nous-mêmes. Alors que la Vue Parfaitement Pure est une réalisation à l’intérieur de nous-mêmes. C’est une très grande différence.

Pour pour pouvoir obtenir cette Vue, il est important d’avoir un Lama, un excellent Lama. Il faut que ce Lama soit parfaitement pur, qu’il ait l’esprit d’éveil et qu’il ait réalisé Rigpa, la Connaissance.

Il ne pourra pas donner immédiatement l’initiation de l’énergie de Rigpa au disciple. Parce qu’il doit examiner le disciple. Le disciple au départ, n’a pas forcément cet Esprit d’Éveil. S’il n’a pas réalisé cet Esprit d’Éveil il n’aura pas confiance. S’il n’a pas confiance, il ne pourra pas réaliser Rigpa, la connaissance. C’est pour cela qu’il est dit que nous devons avoir comme support un Lama, et ce pendant longtemps. Ce temps passé avec lui va lui permettre de reconnaître le disciple, de reconnaître sa confiance et sa dévotion et c’est sur ce support-là, ensuite, qu’il va pouvoir décider de donner cette initiation de Rigpa, de la Connaissance.

La « vue à travers l’examen » ne suffit pas car cette vue de l’examen de notre esprit se fait par l’examen de nos pensées. Tandis que la Vue Parfaitement Pure se réalise au-delà de nos pensées. Nous pouvons obtenir cette Vue Parfaitement Pure sans volonté de notre part : elle est obtenue spontanément. Nous n’avons aucun moyen d’obtenir cette Vue à travers l’examen de notre esprit ou à travers toutes sortes de pensées. Elle est au-delà de toute volonté. C’est sans conceptualisation de notre part que nous allons pouvoir réaliser cette Vue Parfaitement Pure. Le moyen de ne plus conceptualiser est réalisé grâce aux instructions essentielles que nous recevons.

Pour que vous ayez cette confiance, moi-même, je n’ai rien à dire. Il y a toutes sortes d’histoires qui relatent cette relation maître à disciple : Tilopa et Naropa par exemple. Ou bien Milarepa et Gampopa, l’un de ses disciples. Ne pensez pas : « Si j’ai une grande intelligence, je vais pouvoir réaliser la Vue ». Ne pensez pas ainsi, parce que cela ne fonctionne pas du tout comme cela.

Je sais bien qu’en Occident, les gens sont très intelligents, cela je le sais, mais vous n’obtiendrez pas cette Vue Parfaitement Pure grâce à votre intelligence. Lisez les biographies des maîtres et de leurs disciples, développez de la confiance grâce à ces récits, puis prenez le support d’un Lama. Grâce à cela, vous pourrez obtenir la Vue.

C’est l’histoire de Chatral Rinpoché, un grand maître et d’un disciple américain. L’américain lui a demandé : « Je vous en prie, donnez-moi tous les textes, tout ce que vous pouvez me donner pour que je puisse réaliser ! ». Chantral Rinpoché a répondu : « Je pourrais vous donner tous les textes que vous voulez, mais ce n’est pas grâce à eux que vous pourrez réaliser quoi que ce soit. ».

Même richissime, nous ne pouvons pas acheter cette Vue. Ce n’est pas en ayant de l’intelligence que nous pourrons obtenir cette Vue.

Guru Rinpoché a dit :

J’ai des trésors, mais ces trésors-là, même si vous êtes riche, vous ne pourrez pas les acheter, si vous avez beaucoup de renommée, vous ne pourrez pas les acheter, ce n’est pas non plus à travers votre intelligence que vous pourrez acheter ces trésors.

C’est par la souffrance que vous pourrez obtenir ce trésor. C’est sur la base de cette souffrance que nous allons prendre de conscience (renoncement). Sur la base de ce renoncement nous développerons l’Esprit d’Éveil. En alliant les deux (la prise de conscience et le renoncement) nous réaliserons cette Vue Parfaitement Pure.

Nous avons de la souffrance, or c’est peut-être grâce à cela que nous pourrons réaliser la Vue. Mais il ne faut pas trop penser à cette souffrance et s’en faire tout un cinéma. Car si nous pensons tout le temps à cette souffrance, cela va finir par devenir très difficile et nous ne pourrons rien faire du tout. Si nous nous disons : « A partir de maintenant, je ne vais plus y penser. » c’est à nouveau une pensée, donc nous continuons à y penser. Et puis se dire : « je suis détendu, donc en étant détendu, je ne vais plus y penser », malgré tout nous y pensons. Donc c’est assez difficile de ne plus y penser.

Il est dit que nous obtenons la Vue Parfaitement Pure lorsque nous sommes capables de réaliser que sur le support de la vacuité, il y a apparence, que la nature même de l’apparence est vacuité, et qu’il y a indifférenciation de la vacuité et des apparences. Nous pouvons prendre comme exemple cette cloche : le son provient de la cloche, malgré tout sans cette cloche il n’y a pas de son. Et il en est de même pour tout, par exemple le samsara. Sur le support du samsara, il y a le nirvana. Il y a la souffrance, il y a le bonheur, mais nous ne pouvons pas saisir ce bonheur, nous ne pouvons pas saisir cette souffrance. La nature même de ce bonheur et de cette souffrance est vide, puisque nous ne pouvons pas les saisir.

Pourtant nous ne pouvons pas dire que cela n’existe pas. Donc si nous sommes capables de réaliser que ceci est indifférencié nous réalisons cette Vue Parfaitement Pure.

Quand nous parlons de la nature même de notre esprit, même si nous avons une compréhension véritable que l’esprit est vacuité, si nous avons cette seulement cette compréhension, cela n’est pas la Vue Parfaitement Pure. Mais si nous pouvons réaliser que la signification est la même quand nous disons : « l’esprit est » et : « il n’est pas », alors nous réalisons alors la Vue Parfaitement Pure.

Il n’y a absolument aucune différence entre le fait que : « l’esprit est » ou que : « l’esprit n’est pas ». Des gens peuvent déclarer : « J’ai réalisé que l’esprit était vacuité. ». Mais si en même temps ils ne comprennent pas que : « l’esprit est », il y a des allées-venues entre les deux positions. Ils ont la compréhension de la vacuité, mais parfois ils saisissent cette vacuité.

Je dis tout le temps : « l’esprit est vacuité, il est vacuité. ». C’est comme si je disais : « l’esprit est, l’esprit est. ».
Car je pense que : « L’esprit est. » et que : « L’esprit est vacuité ». Actuellement, nous n’avons pas réalisé car nous nous disons : « L’esprit est vacuité. », ou : « L’esprit est, il est. ». Pensez-y encore et encore et quand vous serez fatigué de penser à cette Vue Parfaitement Pure, vous pourrez finalement la réaliser.

Maintenant, comme nous avons beaucoup pensé, nous allons nous reposer un petit peu. Nous allons nous reposer de cette Vue Parfaitement Pure.