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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Le bardo de la méditation

Nous allons penser que nous allons écouter cet enseignement afin de libérer de la souffrance du samsara tous ces êtres qui ont été nos pères et nos mères et dont le nombre est aussi vaste que vaste est l’espace, afin qu’ils puissent tous obtenir l’état de Bouddha.

Nous en sommes maintenant aux instructions de l’état intermédiaire de la méditation. La méditation signifie la pratique. Ce Bardo de la Méditation nous permet d’aller au-delà de la pratique. Si nous prenons l’exemple du désir, de l’attachement, une très forte émotion liée à ce désir peut se manifester. Si nous avons la vigilance de reconnaître cette cette émotion quand elle survient... Si nous pouvons, dès cette reconnaissance, nous demander si cette émotion est véritable ou non et si après cette investigation nous reconnaissons qu’elle n’est pas véritable, qu’elle n’a pas de réalité intrinsèque, à cet instant précis, elle se libérera d’elle-même.

Il en est de même pour l’orgueil. Il n’est pas nécessaire de le voir car si nous reconnaissons la nature même de l’orgueil à l’instant même où il apparaît, cette émotion disparaît et n’existe plus. Il s’agit là de l’essence même de l’émotion. C’est-à-dire qu’elle se libère d’elle-même et ce, depuis des temps sans commencement. Si la colère, la nature même de la colère, n’était pas libérée depuis des temps sans commencement, nous n’aurions pas la possibilité de l’arrêter quand elle apparaît dans notre esprit. Cela signifie que si nous reconnaissons la nature même de la colère lorsqu’elle émerge, à cet instant même, elle disparaît, elle n’existe plus puisqu’elle est libérée depuis des temps sans commencement.

Quand nous disons qu’il faut reconnaître l’émotion même de la colère, cela signifie qu’il faut en reconnaître sa nature. Il ne faut pas se dire quand nous avons de la colère : « Oh là là, je suis en train d’être en colère ! ». Il ne faut pas fabriquer une autre pensée et la rajouter à cette colère. Si nous faisons ainsi, cette colère ne pourra pas partir et nous surajouterons encore plus de pensées. Il faut donc reconnaître la nature même de cette colère et ne pas avoir d’autres pensées.

Si par exemple de la souffrance apparaît en notre esprit et que nous pensons : « il faut que j’arrête ce mal-être, cette souffrance ! », et que nous nous mettons à penser à la manière de l’arrêter, nous obstruons notre esprit. Nous ne laissons pas la possibilité au mal-être de se libérer lui-même. Nous bloquons le processus de la libération de cette pensée de mal-être. C’est comme si nous avions envie de dire quelque chose à quelqu’un et que nous pensions : « Non, je ne vais pas lui dire car il ne va pas aimer ! », « Ce que je vais lui dire n’est pas agréable donc je ne lui dis pas, je ne lui dis pas, je ne lui dis pas… ! » Dans ce cas nous obstruons complètement notre esprit et un jour cela va bien finir par sortir.

Dans le Dzogchen, nous n’avons pas ce point de vue. Car en ce qui concerne la colère, nous reconnaissons que cette colère est par sa nature libérée d’elle-même depuis des temps sans commencement. C’est-à-dire que nous n’avons pas à utiliser des moyens pour enlever la colère puisqu’elle est libérée depuis des temps sans commencement. Il faut juste reconnaître la nature même de cette colère qui est libérée d’elle-même.

C’est pour cela qu’il n’y a pas de moyens à utiliser car si nous utilisons un moyen nous bloquons cette émotion de colère. C’est à partir de ce moment là, qu’apparaît la saisie dualiste. Là, il faut examiner la colère. Il faut observer si elle a une réalité et avoir la compréhension qu’elle n’a pas de réalité intrinsèque. Nous allons devoir reconnaître qu’elle n’a pas de matérialité. Nous devrons aussi observer quel est le support de la colère, l’objet de cette colère et nous rendre compte que la colère n’apparaît que suivant l’interdépendance de causes et de circonstances. Quand nous reconnaissons cela véritablement, la colère se libère d’elle-même et il n’est pas nécessaire d’utiliser un autre moyen. Elle se libère d’elle-même comme un serpent noué se dénouerait de lui-même, comme si nous lancions le serpent noué en l’air, il se dénouerait de lui-même.

Reconnaître la nature même d’une émotion de colère ou de désir ou de toute pensée qu’elle soit grossière ou subtile, c’est la même chose. Si nous avons la reconnaissance des émotions ou des pensées, elles se libéreront d’elles-mêmes, il n’y aura plus besoin de les bloquer, de les obstruer. A ce moment là, nous reconnaîtrons que la nature même de notre esprit est libérée depuis des temps sans commencement. Par la reconnaissance de cette libération, quand l’émotion du désir-attachement apparaîtra, nous reconnaîtrons qu’elle n’a aucune réalité intrinsèque et qu’elle est libérée d’elle-même depuis des temps sans commencement. Ainsi nous n’aurons absolument plus aucune saisie. C’est cela l’esprit libéré depuis des temps sans commencement. C’est parce que nous n’avons pas cette reconnaissance que nous sommes attirés par toute pensée apparaissant à l’esprit, que nous avons du désir ou du rejet, que nous saisissons cela et qu’apparaît l’illusion.

Lorsque l’illusion apparaît que devons-nous pratiquer ? Nous devons juste nous dire que la nature de notre esprit est libérée depuis des temps sans commencement et qu’il faut juste rester dans cette détente, dans cette non-saisie et qu’il n’y a rien d’autre à pratiquer que cette détente, cette non-saisie. Si nous obtenons la Vue, il n’y a plus aucune différence entre les êtres vivants et l’état de Bouddha. Le texte dit que lorsque nous obtenons la Vue, nous recevons l’introduction véritable à ce chemin qui est sans erreur. Il est dit que si nous atteignons cette réalisation, si nous obtenons cela, nous n’avons plus besoin de tenir la vigilance, l’attention comme une corde tendue. Nous n’avons plus besoin de la vigilance, de l’attention, de la saisie, nous n’avons plus besoin de la tenir comme un cheval attaché à un piquet dans un pré. Dès que nous enlevons le piquet le cheval va se mettre à galoper dans la nature. Il en va de même de notre vigilance, nous n’avons plus besoin de l’attacher. Nous allons peut-être alors nous dire que notre Lama qui a obtenu la Vue va nous aider à la fabriquer. Il n’en est pas ainsi car Le Lama ne peut absolument pas fabriquer cet état. De même, nous ne pouvons pas non plus nous dire que seuls les individus qui ont accumulé un très grand mérite peuvent obtenir la Vue. Non, il n’en est pas ainsi puisque l’esprit est libéré de lui-même.

Dans l’état intermédiaire de la méditation, nous nous plaçons au niveau de la réalisation même de notre esprit. C’est-à-dire que nous disons que notre esprit est auto-libéré depuis des temps sans commencement. En ce qui concerne le Bardo de la Naissance, nous avons vu, qu’il nous fallait faire certaines pratiques. Dans le Bardo de la Méditation, nous nous plaçons au niveau de la réalisation même de notre esprit.

Dans le Bardo de la Naissance, nous avons dit que l’essence de notre esprit est vacuité, que la nature de notre esprit est clarté. Nous avons dit que certaines personnes pouvaient avoir une compréhension de la vacuité, d’autres de la clarté. Du point de vue du Bardo de la Méditation, ces deux distinctions n’existent plus, nous ne séparons pas la clarté de la vacuité, car il y a une profonde réalisation des deux. Il n’y aucune différence dans cet état de réalisation.

Dans le Bardo de la Méditation quand nous parlons de la nature même de notre esprit, nous ne pouvons pas dire que l’esprit du Bouddha est supérieur, que l’esprit des êtres vivants est inférieur. Nous ne pouvons pas non plus dire qu’il y a des pratiquants du Dharma, ni dire qu’il y a Dharma. Non, il y a juste notre esprit qui est libéré de lui-même. A ce niveau là, il n’y a plus de pratique, il n’y a plus de pratiquant. Et cette Vue qui est à réaliser, nous ne pouvons pas la réaliser par la pratique, c’est vraiment ainsi dans cet état de réalisation.

Afin de parvenir à cet état de réalisation nous utilisons certaines méthodes de méditation. Quand nous parlons de récitations de textes de pratiques, de récitations de mantras, de recevoir des initiations, de l’auto-initiation, tout cela ne sont que des moyens pour atteindre l’état de réalisation. Là, en fait, il faut bien comprendre et voir la différence, la particularité de ce que je viens de vous dire. Ce n’est pas parce que dans le Bardo de la Méditation nous allons parler de cet état de réalisation qui est la nature même de notre esprit, qu’il ne va pas falloir pratiquer. Car à l’ordinaire, nous avons des pensées dans l’esprit et puisque nous les avons, nous devons pratiquer pour pouvoir atteindre l’état de réalisation. Là il faut bien comprendre cela et ne pas confondre.

L’enseignement parle de la Vue, de la Méditation, de l’Action et du Fruit. Nous pouvons encore parler de l’écoute, de la réflexion, de la méditation. En ce qui concerne la Vue, elle est pure depuis des temps sans commencement, cela signifie qu’elle est vacuité, que tout est vacuité. Il faut comprendre que la Vue n’a ni base, ni racine, qu’elle est juste libérée. Si nous obtenons cette Vue, il n’y a pas besoin de méditation. Si nous parlons de méditation à ce niveau là, il s’agit de méditation spontanée. Des pensées émergent de l’esprit, elles viennent, elles repartent, il y a un mouvement de va-et-vient. Il suffit de ne pas les saisir, de ne pas les suivre. C’est cela la méditation spontanée, la méditation naturelle.
Après avoir obtenu la Vue et la Méditation, dans l’action nous n’aurons plus toutes sortes de pensées telles que :« Mes pensées sont mauvaises, je dois les rejeter ou cette action est mauvaise, je dois la cesser, cette action est bonne je dois l’effectuer… ! ». Dans cet état, il n’y a ni à pratiquer ni à rejeter quoi que ce soit. C’est cela l’Action.

Lorsque la Vue, la Méditation et l’Action sont obtenues, il n’y a plus le désir ou le souhait d’obtenir un fruit, car le fruit est libéré de lui-même. Le fruit n’est plus les terres et les chemins, il n’y a plus rien de cela.

Il est bien de pouvoir garder ces paroles dans l’esprit car il y a tout dans ces paroles. Il n’y a rien d’autre à ajouter à la manière dont nous avons parlé de la Vue, de la Méditation, de l’Action et du Fruit, tout est là. Je ne sais pas si dans la langue française, c’est clair mais en tibétain c’est absolument très clair. C’est-à-dire que lorsque nous parlons de la Vue quand nous disons qu’elle n’a pas de base, pas de racine, cela signifie en fait qu’elles est vacuité. Quand nous parlons de la Méditation spontanée, naturelle, cela signifie qu’il n’y a pas à méditer. Lorsque ces deux états ont été obtenus, l’Action se manifeste et dans cet état il n’y a plus aucune saisie, il n’y a plus à pratiquer ou à rejeter quoi que ce soit. Quant au Fruit, il est libéré de lui-même, il est complètement parachevé car à ce niveau là, il n’y a plus aucun souhait ou désir.
Tant que nous souhaitons obtenir un état de réalisation, cela signifie qu’il y a encore la racine du samsara. Si nous ne désirons pas obtenir un état particulier, cet état est parachevé de lui-même. C’est pour cela que dans la méditation, il n’y a pas à méditer, il faut simplement ne pas suivre les pensées qui vont et viennent. Dès que nous commençons à suivre les pensées, il y a saisie et là, la méditation est terminée ! Le Bouddha lui-même a dit que tous les êtres vivants pensent et qu’il y a juste à ne pas suivre les pensées qui émergent. Il en est de même pour les sons. Nous entendons toutes sortes de sons, de bruits. Il ne faut pas se dire : "Ce son me plait !" ou "Ce son ne me plait pas !". À partir du moment où nous disons ou pensons ce genre de chose, il y a saisie et là c’est terminé ! Il en est de même au niveau de la vue, avec nos yeux nous voyons tout. Et tout ce que nous voyons, c’est la clarté, le fait de voir c’est cela la clarté. Les objets que nous voyons n’ont pas d’importance en eux-mêmes, mais si nous commençons à dire : « Cet objet me plait ou ne me plait pas, il a telle forme, il est carré, etc. », nous commençons à le saisir et c’est cela la différence. Nous voyons des choses, il n’y a pas à les saisir. C’est cela que nous appelons la méditation spontanée, la méditation naturelle, c’est voir clairement sans aucune saisie. Si nous reconnaissons tout cela mais que sur cette reconnaissance nous avons des pensées, là, à nouveau, c’est terminé, il y a saisie, à nouveau c’est un mensonge.
La saisie prend pour support nos six organes des sens. A travers ces sens il peut y avoir des nuisances ou des bienfaits. Si nous en avons de la saisie, l’illusion apparaît. Sans saisie, il n’y a pas d’illusion puisqu’elle est libérée d’elle-même.

Maintenant nous allons simplement rester détendus.