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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Le bardo de la méditation

Nous devons penser que nous allons écouter cet enseignement pour libérer tous les êtres, pour que tous ces êtres dont le nombre est aussi vaste que vaste est l’espace, puissent atteindre l’éveil.

Ce qui est le plus important, c’est la nature même de l’esprit. Et la nature de l’esprit est aussi importante dans l’écoute de l’enseignement. En fait, si nous parlons, si nous avons toutes sortes de pensées dans notre esprit et que nous avons toutes sortes de bavardagesmentaux, si nous parlons trop, par la suite nous avons toutes sortes de pensées. Même s’il n’y a qu’une seule personne, il y a beaucoup de bavardage. Car à cause de la mémoire nous avons toutes sortes de bavardages mentaux.

Padampa Sangyé a dit à un de ses disciples qui lui faisait la requête de recevoir toute sa grâce, toute sa bénédiction :

Tout d’abord, détends-toi, arrêtes de penser. Si tu n’arrêtes pas de penser, quoi que je puisse te donner comme bénédiction, tu ne pourras pas les recevoir.

Il en est de même pendant l’écoute de l’enseignement. Il ne faut pas avoir toutes sortes de pensées, toutes sortes de bavardages mentaux, nous devons rester détendus. C’est ainsi que nous devons écouter cet enseignement.

En fait, si nous n’arrivons pas à avoir cette détente dans l’esprit et que nous avons toutes sortes de pensées durant l’enseignement, au bout d’une heure ou deux nous n’allons pas nous sentir bien, nous allons ressentir comme un malaise dans notre esprit.

Nous en sommes au Bardo de la Méditation, à l’état intermédiaire de la concentration. S’il y a toutes sortes de pensées durant ce Bardo de la Méditation, la méditation n’est pas possible.

Si grâce à toutes ces pensées, tout ce bavardage dans notre esprit, nous pouvions obtenir quelque chose de bien, tous les êtres l’auraient déjà obtenu. Si le méditant pense dans la méditation, il est dans le bavardage. De cette manière, il ne peut obtenir Rigpa, la Connaissance.
C’est pourquoi si vous voulez recevoir toute la la bénédiction, soyez détendus et de cette manière, dans cette détente, vous pourrez peut-être obtenir Rigpa, la Connaissance. Ce n’est pas au travers des mots et des sons que nous pouvons obtenir Rigpa, que nous pouvons obtenir la Connaissance.

Dans une de ses prophéties, Kuntuzangpo dit que ce n’est par le son que nous pouvions réaliser Rigpa. Il ne faut pas penser, il ne faut pas méditer. Ne méditez pas et ne pensez pas.

Pourtant aujourd’hui, nous parlons de ce Bardo de la Méditation car au départ, il faut pratiquer l’écoute, la réflexion et la méditation. Donc il est d’abord nécessaire d’avoir l’écoute. Ce genre de discours peut paraître un peu étrange, mais c’est ainsi, il y a l’écoute, la réflexion et la méditation et c’est avec ces trois étapes que les choses peuvent se passer d’une manière correcte.

Pour pouvoir réaliser Rigpa, il faut en avoir reçu l’introduction. Il faut en avoir une compréhension et c’est pour cela qu’il est nécessaire de passer par l’écoute.

Par cette écoute, nous pourrons en avoir une introduction et une véritable compréhension et de cette manière nous pourrons réaliser. Voici un exemple très tibétain, celui du yak : quand il est affamé et qu’il mange une touffe d’herbe, il regarde la touffe suivante, il est toujours en train de regarder la touffe d’herbe suivante. Nous devons procéder de même dans l’écoute du Dharma.

Pour la méditation, nous prenons l’exemple d’un muet : quand il mange quelque chose de sucré il ne peux pas en parler, il en apprécie simplement le goût.

C’est pour cela que tout d’abord, il faut un peu écouter. Il faut petit à petit acquérir une compréhension. Si nous rentrions tout de suite dans la nature de l’esprit, cela pourrait paraître un peu déroutant pour certaines personnes.

Aujourd’hui, nous sommes dans le Bardo de la Méditation et dans cet état intermédiaire de la concentration, nous parlons de la nature de l’esprit.

La nature de l’esprit est libérée depuis des temps sans commencement [1]. Cela veut dire que depuis des temps sans commencement, c’est libéré, donc qu’il n’y a rien à libérer. Si depuis des temps sans commencement, c’est libéré, qu’est-ce-que nous voulons méditer ? En fait, il n’y a pas à méditer. Il n’y a pas quelqu’un qui va libérer quelque chose puisque l’esprit se libère de lui-même, il n’y a pas à utiliser d’autres méthodes, il se libère de lui-même.

Puisque nous disons que tout est parfaitement libéré, il n’y a rien que nous devions libérer, tout est libéré. Si tout est parfaitement libéré, pourquoi faire toutes sortes d’activités ou s’entraîner à quelque chose ?

Mais quand nous avons un certain bien-être dans notre esprit, ce n’est pas cela la méditation. Parce que là, il pourrait y avoir une saisie.

L’esprit n’a pas de matérialité, alors que voulons-nous saisir, puisque l’esprit est vide ? L’esprit est vacuité donc il n’y a rien à saisir, il n’y a rien à libérer.

C’est cela la Vue. De cette manière, en fait, il n’y a pas à méditer et cela veut dire qu’il n’y a même pas quelqu’un qui pense à méditer ou à ne pas méditer. Nous ne savons pas comment ne pas méditer. Si nous savions, bien sûr cela serait simple. Il faut comprendre cette « non-méditation ». Si nous comprenons cette non-méditation, c’est cela la méditation et c’est la meilleure méditation. Mais nous ne savons pas, n’est-ce pas ?

Nous pensons : « Je ne médite pas », nous pensons : « Je médite ».

C’est pour cela que dans la pratique Dzogchen, la première chose est l’examen de l’esprit, nous examinons véritablement notre esprit, nous nous demandons : "est-ce que notre esprit est ?", "Est-ce que notre esprit n’est pas ?".
Jusqu’au jour où nous atteignons vraiment une certitude, la certitude de la nature de l’esprit, nous développons une confiance véritable en la vacuité de notre esprit. D’avoir cette confiance permet d’obtenir la Connaissance, nous réalisons que nous ne réalisons rien. C’est la grande réalisation.
Lorsque nous ne réalisons rien, c’est ça la réalisation. Quand nous pensons : « Il faut que je réalise quelque chose », nous n’obtenons rien, nous ne réalisons rien.

Comme dans la nature même de notre esprit, il n’y a ni effort ni persévérance. Quand il n’y a absolument aucun effort, c’est l’effort, c’est la persévérance. C’est là que nous parlons de la Paramita de la Persévérance.

Il en est de même pour la Paramita de l’Éthique. Si nous pensons : « Je dois protèger mon éthique », cela veut dire que nous pouvons aussi ne pas la protéger mais si nous nous rendons compte qu’il n’y a rien à protéger, là nous obtenons la Paramita de l’Éthique.

Si nous avons l’intelligence suprême, cette intelligence suprême c’est Manjoushri. Nous détenons l’épée de Manjoushri.

Pour pouvoir obtenir la Vue, pour avoir la compréhension de la non-méditation, il faut un moyen. La dernière fois nous avons vu ce moyen, c’est la pratique des « Trois Cieux », des « Trois Espaces ». Nous devons demeurer dans ces « Trois Espaces ». Notre regard doit se poser dans l’espace en face de nous. Nous ne devons pas penser que notre regard est posé dans cet espace, nous ne devons penser à rien. Si nous commençons à regarder les objets extérieurs en nous disant qu’ils sont beaux ou pas beaux, notre regard n’est plus dans cet espace. Si nous pensons : « Mon regard est posé dans cet espace », notre esprit n’est plus dans cet espace. Il faut juste que notre regard soit posé dans cet espace, sans saisie.

Donc ne pas regarder, ni poser notre regard avec trop de force, ne pas penser, ne pas se focaliser sur les objets extérieurs. Simplement demeurer, le regard posé, détendu dans cet espace... Ainsi naturellement, Rigpa, la Connaissance apparaîtra.

Dans la pratique de la Vue, nous utilisons les termes de « demeurer », de « se poser », en fait cela veut dire se poser dans cet état où il n’y a plus ni pensées grossières, ni pensées subtiles, ni pensées d’aucune sorte. Nous demeurons juste dans cet état.

Nous pourrons alors adresser une prière à notre Lama, à notre Maître, aux Bouddhas ou à l’assemblée des Bodhisattvas. En adressant cette prière, nous leur demanderons de nous accorder les « Quatre Initiations » et nous pourrons simplement penser que nous recevons les Quatre Initiations des Bodhisattvas et que l’ensemble de tous les Bodhisattvas se fond en nous.
Ensuite, dans les activités quotidiennes, nous prendrons d’abord quelques instants pour demeurer dans cet état, dans la Vue et dans l’état de cette Vue. Pendant l’activité, nous devrons trouver une égalité, une équanimité entre notre activité, la méditation et la Vue. Si nous ne faisons pas ainsi, notre activité et la Vue pendant la méditation seront séparées.

Dans le chemin de l’activité, il va falloir à nouveau examiner notre esprit, c’est-à-dire que nous allons nous dire : « Toutes sortes de colères peuvent survenir, de la jalousie et toutes sortes d’autres pensées ! ».

Pourquoi ces pensées surviennent-elles ?

Nous allons reprendre l’examen des pensées. Par exemple, nous avons de la colère, et une heure après de la compassion. Nous examinerons cela en nous disant : « Quand j’ai de la colère, où est ma compassion ? Où est-elle passée ? »...

" Et puis, si j’ai de la compassion, où va ma colère ? Hier, j’avais peut-être de la colère, aujourd’hui j’ai de la compassion, j’ai l’Esprit d’Éveil mais demain, est-ce que j’aurai l’Esprit d’Éveil ? Est-ce que j’aurai de la compassion ? Où sera-t-elle à ce instant ?".

Cela est très étonnant car mon esprit n’est pas toujours pareil. Mon esprit est bien à un moment, puis il est dans la colère puis, à un autre moment, il est dans l’Esprit d’Éveil. Il n’est pas tout le temps dans la colère car sinon la compassion et l’Esprit d’Éveil ne pourraient pas naître en moi.

Notre esprit n’a pas de forme, il n’a pas d’odeur n’est-ce pas ? Nous ne pouvons pas sentir notre esprit et puis notre esprit n’a pas de goût, nous ne pouvons pas goûter notre esprit et notre esprit n’a pas de forme, nous ne pouvons pas saisir cette forme.

Et si notre esprit n’était pas ? Sans forme, sans odeur, etc, il n’est pas mais pourtant il y a la colère, il y a la jalousie, il y a le désir-attachement qui apparaissentt dans notre esprit, tout apparaît dans notre esprit. Doc l’essence de notre esprit est vide, n’existe pas, mais malgré tout, tout peut y apparaître, toutes les apparences. En fait l’esprit n’est pas, mais malgré tout, tout surgit clairement. C’est pourquoi, depuis des temps sans commencement, la colère se libère d’elle-même et c’est pourquoi le désir-attachement se libère de lui-même depuis des temps sans commencement.

Si l’orgueil, depuis des temps sans commencement, ne se libérait pas de lui-même, nous n’aurions pas aujourd’hui la possibilité qu’il se libère. C’est pourquoi en ce qui concerne le désir-attachement, la colère et l’opacité mentale, si nous avons la compréhension que ces trois poisons sont, par leur nature même, libérés depuis des temps sans commencement, nous pouvons réaliser cette libération.

En fait, c’est comme si hier, nous avions un très fort orgueil et qu’aujourd’hui nous ne l’avons plus. Donc, si aujourd’hui, nous n’avons plus cet orgueil d’hier, c’est qu’il s’est libéré de lui-même. Si nous avons la compréhension de cela au moment où l’orgueil se manifeste, c’est alors qu’il se libère. Si nous en avons la compréhension après, cela ne va pas car sur le moment, nous avons eu une saisie de cet orgueil.
S’il en est ainsi de l’orgueil, il en est aussi ainsi de la compassion et de l’Esprit d’Éveil car si la compassion et l’Esprit d’Éveil ne se libéraient pas d’eux-mêmes, si nous avions de la compassion aujourd’hui, nous en aurions aussi demain. Et si demain, nous faisons naître en nous cet Esprit d’Éveil, aujourd’hui, où se trouve-t-il ?

Par sa nature même, l’Esprit d’Éveil est libéré, c’est pour cela qu’il n’y a pas d’hier, d’aujourd’hui et de demain, en fait, il est au-delà du temps.

Cet Esprit d’Éveil est libéré depuis des temps sans commencement, il n’y a absolument aucune saisie, il n’a aucune saisie.

Mais malgré tout, nous avons toutes sortes de pensées qui traversent notre esprit, par exemple grâce aux objets extérieurs. Si nous regardons une couleur rouge, à ce moment-là, nous pensons : « J’aime cette couleur rouge" ou "Je ne l’aime pas". Pour la sensation, il en sera de même. Si nous nous sentons bien, nous allons avoir une saisie, nous dire : « Je me sens bien » ou au contraire : « Je ne me sens pas bien ».

Pour un bon pratiquant du Dharma, l’objet extérieur et l’apparence de son esprit vont, ensemble, en un instant se libérer.

Pour l’être ordinaire, il va y avoir l’objet extérieur perçu et celui qui perçoit l’apparence de cet objet, c’est-à-dire qu’il va y avoir les deux, à la fois l’objet et le sujet. À ce moment-là, deux saisies vont apparaître, c’est la dualité.

S’il y a cette dualité, il y a celui qui souffre et celui qui perçoit cette souffrance sur le support de l’objet extérieur. Pour le méditant, il n’y a pas celui qui ressent ou qui perçoit l’objet.

C’est là que nous allons parler de la réalisation de Rigpa, de la réalisation de la Connaissance. Cela veut dire que Rigpa va se réaliser elle-même, c’est littéralement cela, la Connaissance va se réaliser d’elle-même. Ce sera la réalisation de la Sagesse, de cette Connaissance, de la sagesse, de Rigpa qui va se libérer.

A ce moment-là, il y a des pensées, toutes les apparences émergent. Mais en fait, si par exemple, la pensée de l’orgueil émerge, au moment où cette pensée d’orgueil va survenir, elle va se libérer d’elle-même.

Celui qui n’a pas la compréhension, qui n’a pas la réalisation de la non-dualité, aura l’attention, la vigilance et aussi, par exemple, l’émotion de l’orgueil. Alors que s’il y a compréhension, à ce moment-là, la vigilance va se réaliser d’elle-même, va se libérer d’elle-même. Ce sera la réalisation et la pensée d’orgueil va se libérer d’elle-même.
C’est pour cela que, d’une manière générale, nous disons que toute chose est, de par sa nature même libérée d’elle-même depuis des temps sans commencement. C’est vraiment bien si nous arrivons à comprendre cela, que tout, depuis des temps sans commencement, est libéré.

Si nous avons cette compréhension, il n’y a plus d’espoir. Sans cela, nous sommes toujours dans l’espoir que quelque chose se libère. Parce que nous pensons toujours « Il est nécessaire que cela se libère » alors qu’en fait tout cela est libéré depuis des temps sans commencement. Et puisque tout est libéré depuis des temps sans commencement, à partir du moment où nous pensons « Il faut que tout cela se libère », là encore, nous avons toutes sortes de pensées. Nous sommes encore sur le chemin de l’erreur. Nous sommes dans le mensonge et c’est ce que Bouddha a dit :

Les êtres sont dans le mensonge, quel dommage !

Car depuis des temps sans commencement, tout est libéré. Mais comme nous pensons qu’il faut libérer quelque chose, il y a encore quelque chose… C’est pour cela qu’il n’y a rien à méditer et qu’il n’y a rien à comprendre. C’est pour cela qu’il est bien de faire la pratique des Trois Espaces. Nous en revenons à la pratique. Il faut pratiquer et je dis qu’il n’y a rien à méditer, il n’y a rien à comprendre et je vous dis « Pratiquez ! ». A nouveau, vous vous dites « mais qu’est-ce qu’il y a à comprendre ? » Mais en fait de dire qu’il n’y a rien à comprendre, c’est vraiment cela les Trois Espaces.

J’ai dit de pratiquer les Trois Espaces, comme je l’ai expliqué, cela signifie que nous ne nous disons pas « Je suis en train de bien pratiquer les Trois Espaces », mais qu’au contraire, nous avons la compréhension qu’il n’y a pas à méditer ces Trois Espaces. La pratique de la méditation de ces Trois Espaces, c’est comprendre qu’ils sont spontanément indifférenciés.
Nous allons maintenant durant quelques minutes demeurer dans la méditation de ces Trois Espaces, de ces Trois Cieux.