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Enseignement

Le Bardo du rêve - 2/12

Chépa Dorjé Rinpoché - Paris, le 22 mars 2001

Nous allons écouter cet enseignement sur le Bardo pour pouvoir libérer l’ensemble de tous les êtres dont le nombre est aussi vaste que vaste est l’espace.

Tous les enseignements du Bouddha Shakyamuni portent sur le fait que notre esprit puisse obtenir la paix et la félicité.

Le pratiquant du Dharma va obtenir cette paix, cette félicité, ce bonheur. Il peut arriver qu’il y ait de la souffrance dans notre esprit et que nous pensions que c’est à cause du Dharma, que ce n’est pas bien et que cette constatation nous apporte encore plus de souffrances. En fait le Dharma apporte véritablement le bonheur et la paix. Et si nous ne l’obtenons pas, c’est que nous ne pratiquons pas correctement le Dharma.

Dans cette tradition du Dharma, il y a différentes traditions, par exemple la tradition Nyingma ou la tradition Kagyu. Si nous distinguons ces différentes traditions, des conflits peuvent intervenir ; nous pouvons nous dire : « moi je suis Kagyu ! Toi tu es Nyingma.". En fait ces conflits sont dus à chacun d’entre-nous. Il y a au niveau de notre propre esprit, une mauvaise maîtrise, un mauvais examen, une mauvaise pratique. Car le Dharma, c’est vraiment ce bonheur, cette paix, cette félicité, et si nous pratiquons véritablement le Dharma, c’est cela.

Si notre corps est dans la détente, si notre esprit est dans la détente, à ce moment-là, nous sommes heureux, les personnes en face de nous sont heureuses aussi. C’est cela véritablement le Dharma, mais c’est difficile d’obtenir cette paix, d’obtenir cette félicité. En fait, si nous examinons notre esprit, par exemple le matin, nous allons nous sentir bien, nous allons nous sentir dans un bien-être, et puis deux ou trois minutes après, de la souffrance va apparaître à nouveau dans notre esprit. Ou alors nous allons peut-être être dans la souffrance le matin.... Le soir, si nous examinons, nous nous retrouvons à nouveau dans un certain bien-être. Il n’y a pas d’équanimité, d’égalité dans notre esprit. Si nous ne pratiquons pas véritablement le Dharma nous n’avons pas de moyens quand les difficultés interviennent.

Il n’y a alors pas de moyen pour remédier à cette souffrance immédiate. En réalité, nous nous disons : « je suis pratiquant du Dharma, oui, je réussis à pratiquer le Dharma.". Nous avons un certain orgueil à pratiquer le Dharma. Mais à partir du moment où la souffrance intervient dans notre esprit, nous n’avons plus de moyens. Peut-être qu’à ce moment là, le seul moyen, c’est de pleurer, il n’y en a pas d’autre.

C’est pour cela que le Dharma, au début, nécessite un entraînement. Et c’est en s’entraînant à la pratique du Dharma que, lorsque survient la souffrance, nous pouvons véritablement pratiquer.

Tous les êtres ont le potentiel de l’état de Bouddha en chacun d’eux, mais quand nous nous trouvons dans cet état de souffrance, où est cette graine, ce potentiel de l’état de Bouddha ?

Pour que cette graine soit effective, il faut pratiquer. Tous les êtres ont ce potentiel de l’état de Bouddha, cette graine est en leur propre esprit, mais sans l’entraînement, sans la pratique, nous n’obtenons pas cette graine. Il faut avant tout s’entraîner, pratiquer.
C’est comme l’exemple de la graine. Dans cette graine, il peut y avoir beaucoup de fruits, mais pour qu’il y ait tous ces fruits, alors qu’il n’y a qu’une graine, il faut planter cette graine, c’est-à-dire qu’il faut de la terre, de la chaleur, du soleil, de la pluie... C’est ainsi que cette graine, finalement, va pouvoir obtenir plusieurs fruits.

Si nous nous disons uniquement au départ : « Dans cette graine, il y a beaucoup de choses », si nous ne nous disons que cela, et bien non : il n’y a rien dans cette graine. C’est pour cela que tous les êtres ont cette graine de l’état de Bouddha en eux mais il faut pratiquer. Cette graine, il faut qu’elle se développe. Pour se développer et s’accroître, il y a de nombreux moyens. Le Bouddha Shakyamuni a donné de nombreux moyens, il a donné 84 000 enseignements pour que cette graine puisse se développer.

Comme nous l’avons vu quand nous avons parlé du Bardo naturel de cette vie, de l’état intermédiaire du moment de la naissance jusqu’au moment de notre mort, c’est maintenant que nous devons nous entraîner. Quand la mort surviendra, il n’y aura plus de temps. C’est maintenant que nous devons le faire. Ce Bardo de la naissance n’est pas long. Quand ce Bardo de la naissance sera fini, personne ne pourra nous redonner le temps qui sera écoulé.

Dans chaque pays, il y a eu toutes sortes de progrès, de querelles, de choses fabriquées. Des objets qui volent dans les airs, toutes sortes d’objets utiles sur Terre. Mais, en fait, tous ces êtres et tous ces pays différents ont-ils pu créer un temps plus long pour nous, une vie plus longue pour nous ? Cela, ils n’ont pas pu le créer, ils n’ont pas pu nous donner plus de temps que nous avons. Ils n’ont pas pu nous donner une vie plus longue.

Quelles activités avons-nous maintenant dans le monde ? Toutes les activités servent à nous vêtir, servent à nous nourrir. En fait, nous perdons l’ensemble de tout notre temps à cela : à nous vêtir, à manger.

Au moment de notre mort, qu’aurons-nous effectué comme véritable pratique ? En fait, il n’y aura pas grand chose.

Je me prends comme exemple, moi-même. Au moment de ma mort, tous les objets que j’ai, je ne pourrai pas les emporter, mon propre corps non plus, en fait, il n’y a pas le moindre cheveu que je pourrai emporter… En fait, tout ça va me servir à rien. Qu’est-ce qui va m’aider à ce moment là ? Est-ce que toute l’activité que j’aurai faite m’aidera ? Non. Peut-être que ce sera d’une grande nuisance. Parce que tout ce que j’aurai fait pour me vêtir, pour l’endroit où je vais vivre, tout cela crée du désir-attachement, de la colère-aversion, de l’opacité mentale, c’est-à-dire toutes sortes d’accumulations, d’émotions perturbatrices. Tout ce que j’aurai accumulé comme émotion ne sera plus uniquement pour cette vie-ci. Au moment de la mort, cette accumulation sera présente et même après.

Nous pensons : « il faut vraiment que je fasse quelque chose qui puisse m’aider ». Mais dans nos actes, ce que nous faisons ne nous apporte pas une aide, mais au contraire nous apporte une nuisance. C’est pour cela qu’il ne faut pas perdre notre temps et qu’il faut véritablement pratiquer le Dharma, le chemin spirituel du Dharma, du bouddhisme ou un autre chemin spirituel. Si nous faisons ainsi, peut-être qu’au moment de notre mort, notre esprit sera dans le bien-être et qu’il y aura un bienfait à cela. Peut-être qu’à ce moment là, il n’y aura plus de saisie. S’il n’y a plus de saisie, il n’y a plus de souffrance, parce ce que c’est la saisie que nous avons qui crée la souffrance. C’est pour cela qu’il faut une détente au niveau de cette saisie.

Nous sommes actuellement dans le Bardo du Rêve.

Pendant la journée, si nous pensons que c’est exactement comme un rêve, cela va permettre d’alléger cette saisie, de rendre plus légère cette saisie que nous avons. Dans le Dharma, quand nous commençons à nous entraîner sur le Bardo du Rêve, la première chose à laquelle nous pensons, c’est à l’ensemble de tous les êtres dont le nombre est aussi vaste que vaste est l’espace et que nous allons maintenant pratiquer ce Bardo du Rêve pour pouvoir établir l’ensemble de tous ces êtres dans l’état de Bouddha.

D’une manière générale, les apparences du rêve et les apparences de la vie diurne sont strictement identiques. Il n’y a aucune différence. Quand nous sommes pratiquants et que nous commençons à avoir la compréhension, nous ne voyons aucune différence entre l’aspect diurne et l’aspect nocturne. Quand nous sommes tranquillement dans notre maison la nuit et que nous nous endormons dans notre lit, nous allons expérimenter durant notre rêve, de la joie dans notre esprit, de la souffrance dans notre esprit, du bien-être dans notre esprit. Dans notre vie quotidienne, notre esprit expérimente aussi de la joie, du bien-être, de la souffrance. Que ce soit dans le rêve ou dans la réalité, ce qu’expérimente l’esprit, c’est exactement la même chose. Il n’y a pas de différence. Si par exemple dans votre rêve vous avez faim, l’impression de faim vous l’avez. Vous avez faim et vous avez envie de manger. De même, dans la vie, moi-même quand j’ai faim dans la journée, j’ai faim et cette sensation est exactement la même dans le sommeil que dans la réalité.

Si nous désirons un objet dans notre rêve et que nous l’obtenons, nous en éprouvons de la joie. Au contraire si nous n’obtenons pas cet objet, nous expérimentons de la souffrance. Quand nous n’obtenons pas ce que nous désirons, nous expérimentons de la souffrance. En fait, notre rêve a une durée peut-être très courte dans le temps. Par exemple, nous allons rêver une heure et pendant cette heure de sommeil, nous pourrons vivre comme une vie tout entière. Nous pourrons nous dire qu’il y a vraiment un très long temps qui a passé dans ce rêve-là, mais non, il ne s’est peut-être passé qu’une heure. Il peut arriver aussi que, dans notre rêve, nous expérimentons une grande frayeur. Il peut même arriver que nous transpirions de frayeur. Si quelqu’un se trouve à côté de notre lit et nous voit transpirer, il se rend compte que nous sommes en train de faire un cauchemar et va nous réveiller. Quand cette personne va nous réveiller, nous allons réaliser que nous étions dans un rêve, que cela n’était pas réel et instantanément, nous allons avoir une détente dans notre esprit, nous allons complètement dessaisir. Nous allons nous dire : « Ce n’était qu’un rêve ». Notre esprit va se détendre. Dans notre vie courante nous saisissons très fortement parce que nous pensons que cela est réel. Nous saisissons parce que nous n’avons pas la reconnaissance. Mais si, à travers un Lama, nous pouvons avoir la reconnaissance de cette connaissance de Rigpa, nous reconnaîtrons alors que toutes ces apparences sont exactement comme un rêve, n’ont pas plus de réalité qu’un rêve. Alors notre esprit se détendra et trouvera ce bien-être.

Quand il y a une vraie détente dans notre esprit, c’est cela la méditation. Il n’y a plus besoin de méditer, il n’y a pas autre chose que cela. Généralement, quand nous pensons méditation, nous avons une très grande saisie sur cette méditation. Nous pensons : « Je suis en train de méditer ». Comme il y a cette saisie, ce n’est pas une véritable méditation. Nous sommes en train de dormir tant qu’il n’y a pas une véritable compréhension, même dans cette vie-ci. Maintenant, nous sommes comme dans un rêve, nous sommes en train de dormir. Si dans notre rêve, nous expérimentons une grande frayeur et que nous nous rendons compte que nous sommes en train de rêver, nous nous réveillons. Nous n’avons alors plus peur, nous n’avons plus cette frayeur, nous nous détendons complètement. Nous pouvons prendre une tasse de thé et être très heureux.

Il en est de même dans notre méditation. Maintenant, nous avons une très forte saisie et que nous n’arrivons pas à nous détendre complètement, à dessaisir cette méditation, alors ce n’est pas la méditation. Il faut vraiment arriver à se détendre. Cela est possible si nous rencontrons un Lama véritable qui nous aide à comprendre et à réaliser cette détente.

Ainsi, au lieu de méditer, nous pourrons nous amuser, rigoler avec le karma tout le temps, prendre une tasse de thé… Ainsi toutes les apparences deviendront sans saisie. S’il n’y a pas de saisie, c’est comme dans un miroir. Dans ce miroir, que voyons-nous ? Notre propre reflet. Nous-mêmes et le reflet, il n’y a pas de différence, cela ne fait qu’un. Si nous avons une saisie quand nous voyons notre propre reflet dans ce miroir, nous avons une grande saisie sur ce reflet. S’il y a la compréhension, nous reconnaissons que ce reflet est notre propre nature, que nous sommes ce reflet. Au début, il n’y a rien, à la fin, il n’y a rien non plus, et maintenant, il y a juste ce reflet. Nous sommes uniquement ce reflet. Si nous reconnaissons que nous sommes la nature-même de ce reflet, pourquoi la souffrance apparaitrait-elle ? Elle n’a pas à apparaître. Elle apparaît si nous avons de la saisie sur ce reflet. S’il y a saisie sur ce reflet, nous nous disons alors : « Je suis bien, je suis beau » et nous avons de la joie dans notre esprit. S’il y a de la saisie sur ce reflet, nous nous disons « Je ne suis pas bien, je ne suis pas beau » et nous éprouvons de la souffrance.

Si nous nous entraînons bien et si nous réalisons que la nature même de ce reflet, c’est nous-même, alors, si on se sent bien, nous n’avons pas de joie car nous ne la saisissons pas. Si on ne se sent pas bien, nous ne saisissons pas le fait que nous ne soyons pas bien et la souffrance n’apparaît pas. Nous reconnaissons que, de toute façon, au début, il n’y a rien, il n’y a pas ce reflet, qu’à la fin, il n’y a pas ce reflet, non plus, donc il n’y a pas de saisie.

C’est pour cela qu’il faut bien examiner la saisie que nous avons sur notre corps et voir que cette saisie ne nous est pas bénéfique, car si l’on réfléchit, au moment de notre mort, ce corps ne sera plus. Cela ne sert donc à rien de saisir. Ce corps nous permet actuellement de pouvoir nous entraîner sur l’esprit et c’est cela le plus important. Le reste n’a pas d’importance.

Quand je dis qu’il ne faut pas avoir de saisie sur notre corps, je ne dis pas qu’il ne faut pas faire attention à notre corps, car le corps est le véhicule qui nous permet l’entraînement de l’esprit. Il nous faut un bateau pour traverser l’océan.

Notre corps est donc un véhicule qui va nous permettre d’entraîner notre esprit, donc il faut y faire attention. Mais les émotions de colère, de désir ou d’opacité mentale ne nous permettent pas de bien faire attention à notre corps. Si nous avons ces différentes émotions, les quatre éléments ne sont pas en équilibre les uns avec les autres. Ce qui est important, c’est d’avoir de la détente dans notre corps et dans notre esprit. Cette détente du corps va permettre d’équilibrer les quatre éléments. Cet équilibre va nous permettre d’obtenir une vie plus longue et ainsi, nous aurons plus de temps pour pratiquer le Dharma.

Nous devons penser toujours que nous sommes comme dans un rêve, et il faut reconnaître que nous sommes semblables à un rêve. Mais il faut reconnaître d’abord dans le rêve-même que c’est un rêve et si nous reconnaissons cela, nous n’aurons plus de frayeur dans le rêve. Donc, tout d’abord reconnaître ce rêve, et ensuite nous pourrons reconnaître que cette vie-ci est un rêve.

Dans le Bardo du Rêve, il y a quatre aspects :

 1 – Tout d’abord, il y a la maîtrise du rêve, c’est-à-dire la compréhension que nous sommes dans un rêve.

 2 – Ensuite, il y a ce qui s’appelle l’émanation que nous allons pouvoir avoir dans le rêve, l’entraînement de l’émanation dans le rêve.

 3 – La transformation dans le rêve.

 4 – L’entraînement à la claire lumière.

Dans notre rêve, nous sommes dans l’opacité mentale, dans l’obscurité. Il faut reconnaître cette obscurité à travers certains moyens. A partir du moment où nous reconnaîtrons cette obscurité, nous aurons la maîtrise du rêve, nous reconnaîtrons que nous sommes en train de rêver. Et pour pouvoir reconnaître cela, il faut s’entraîner durant la journée en se disant que nous sommes dans un rêve, que nous sommes toujours comme dans un rêve. Et ainsi, en ayant ce rappel, en ayant cette vigilance, nous reconnaîtrons durant la nuit que nous sommes dans ce rêve.

Nous allons avoir cette vigilance au moment de notre sommeil. Nous allons alors nous dire : « Puissè-je avoir ce rappel et cette vigilance dans mon sommeil-même, puissè-je reconnaître que je suis en train de rêver ». Si nous nous entraînons ainsi, encore et encore, nous reconnaîtrons que nous sommes en train de rêver, nous aurons la maîtrise du rêve.

Au moment-même où nous nous endormons, c’est exactement la même chose qu’au moment de notre mort. Les quatre éléments se résorbent les uns dans les autres. Tout d’abord, il y a l’élément eau.

L’élément eau va se résorber dans l’élément feu : la chaleur va apparaître. Au moment où nous allons nous endormir, une chaleur nous envahit et nous nous disons « Je suis en train de m’endormir ».

Si dans la journée, nous avons envie de dormir et que nous nous disons « Je n’ai pas le temps de dormir », si nous nous aspergeons le visage d’eau froide, cela va permettre d’arrêter le processus de l’élément feu.

Au moment où cette chaleur du feu apparaît, c’est le moment où nous allons nous endormir. Il faut alors penser : « Il faut que je fasse de bons rêves, il faut que j’ai cette vigilance, ce rappel dans mon rêve : je suis en train de rêver. Je vais avoir la maîtrise de ce rêve. ». Et nous nous endormons. À ce moment là, notre conscience va se résorber dans la Base de Tout. Dans notre conscience, il y a toutes sortes de pensées et quand cette conscience se résorbe dans la Base de Tout, il n’y a alors plus du tout de pensée. Quand cette conscience est dans la Base de Tout, il n’y a pas de rêve. Et puis à nouveau, cette conscience va émerger de cette Base de Tout et le rêve se produire. Dans le moment du rêve, les six champs sensoriels ne fonctionnent pas, les champs de la vue, de l’ouie, de l’odorat… – Le seul champ sensoriel qui fonctionne est celui de la conscience.

La conscience seule va créer ce rêve.

A ce moment-là, toutes les tendances fondamentales du passé apparaissent dans le rêve, les tendances fondamentales de ce que nous avons fait la veille, l’avant-veille, trois jours avant, le jour même. En fait, toutes ces tendances émergent dans notre rêve, toutes nos activités passées. Il n’y a pas le fonctionnement des différents champs sensoriels mais il y a la conscience Base de Tout qui émerge avec toute la saisie que nous avons. C’est toute la saisie du passé que nous avons eue qui émerge dans nos rêves.

Par exemple, pour quelqu’un qui est en train de bien dormir, si nous lui montrons un objet magnifique, il n’aura aucune réaction puisqu’il est en train de dormir. De même, si vous lui glissez quelque chose de sucré dans la bouche, s’il est vraiment en train de dormir, il ne va pas avoir cette notion de sucré dans la bouche.

Au lieu de dire « les six champs sensoriels », il vaudrait peut-être mieux dire : « les facultés des sens », c’est-à-dire qu’il n’y a pas la faculté de la vue, pas la faculté de l’ouie, pas la faculté de l’odorat au moment du rêve. Donc ces facultés ne fonctionnent pas dans le moment du rêve. Pourtant, dans le rêve, nous sommes bien en train de voir des choses, d’entendre des choses, la conscience est là mais les facultés des sens ne fonctionnent pas.

C’est exactement la même chose au moment de notre mort : les facultés des sens ne sont plus puisque nous n’avons plus de corps, mais cette connaissance est là exactement comme dans un rêve.

Si nous pouvons reconnaître que nous sommes dans un rêve, si nous pouvons avoir cette reconnaissance dans notre propre rêve, alors dans le Bardo, dans les états intermédiaires après la mort, nous pourrons avoir cette même reconnaissance.

Ensuite, dans notre rêve, nous pouvons littéralement « nous émaner », c’est-à-dire que si nous pensons : « je suis un oiseau, je vais m’envoler dans les airs », nous nous envolons alors dans les airs. Dans la mesure où nous n’avons pas de corps, nous pouvons bien nous envoler dans les airs…

Et si nous nous disons, « je vais m’émaner comme un Bouddha, je vais devenir un Bouddha », nous devenons à ce moment-là un Bouddha et nous nous disons « Je vais aller dans les différents paradis écouter les différents enseignements ». Nous pouvons y aller, nous pouvons nous émaner dans tous ces différents paradis purs. Et nous allons nous arrêter sur ces émanations dans les paradis purs. Nous allons méditer quelques instants sur le rêve, sur le fait que nous sommes dans un rêve.