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Le bardo naturel de cette vie - 4/19

Nous devons tout d’abord penser que nous allons écouter cet enseignement des six bardos pour pouvoir, par la suite, aider tous les êtres dont le nombre est aussi vaste que l’espace à se libérer.

Comme nous l’avons vu dans les enseignements précédents, Bardo veut dire en tibétain « état intermédiaire ». C’est-à-dire que ce n’est pas le moment d’après, ce n’est pas le moment d’avant, c’est le moment entre. Maintenant, nous sommes dans un bardo, dans un état intermédiaire, nous ne sommes pas encore morts et nous sommes déjà nés, nous sommes entre la mort et la naissance, dans un bardo, dans le bardo de cette vie.

Il y a aussi le bardo du moment du rêve. Durant ce bardo du moment du Rêve, nous ne sommes pas dans notre vie d’humain ordinaire, nous sommes dans le bardo du moment où nous rêvons. Pour que les choses soient bien claires, le moment du bardo du rêve, c’est quand nous sommes endormis et que nous ne sommes pas encore réveillés. Nous ne sommes pas dans la vie courante. Nous sommes au moment du sommeil et du rêve.
Quand nous parlons du Bardo de la Méditation, ce moment-là n’est pas celui où il y a beaucoup de pensées dans notre esprit, ce n’est pas non plus quand nous sommes en train de dormir.

Ensuite il y a le Bardo de la Mort pendant lequel nous éprouvons toutes sortes de souffrances qui sont liées à ce Bardo particulier.

Puis, il y a le Bardo de la Réalité absolue. Ce bardo se manifeste après le Bardo de la Mort : entre le Bardo de la Mort et le Bardo de du devenir. Durant cet instant précis, nous pouvons expérimenter une très grande peur, une très grande frayeur. À ce moment-là, les apparences de notre monde actuel, de notre vie actuelle, sont complètement terminées. Si nous reconnaissons ce qui émerge à cet instant, les cent divinités du bardo apparaissent. Si nous ne reconnaissons pas ces divinités, alors celles-ci peuvent devenir des démons et nous expérimentons alors toutes sortes de peurs.

Le Bardo de la réalité absolue est le moment où la nature même de notre esprit apparaît. Les apparences qui surgissent alors sont les apparences de la nature même de notre esprit. Si nous ne les reconnaissons pas, elles deviennent effrayantes. Si nous les reconnaissons, nous pouvons demeurer en cette nature même qui est notre esprit.

Enfin, apparaît le Bardo du devenir. Il apparaît quand le Bardo de la réalité absolue se termine. Nous entrons dans ce Bardo du devenir. Dans ce bardo, il n’y a pas d’endroit où nous demeurons. Aucun karma arrivé à maturité ne nous permet de reprendre naissance. En fait, dans ce Bardo du devenir, il n’y a absolument aucun refuge, aucune personne qui puisse nous aider ou nous montrer le chemin. Dans ce bardo, nous sommes véritablement tout seul, complètement perdu et ce bardo peut durer quelques temps, quelques jours, quelques mois et même pour certains durer quelques années.

Aujourd’hui nous parlons du Bardo de cette vie. Il commence au moment où nous sommes nés, où nous sommes apparus avec notre corps et ce, jusqu’à ce que nous n’ayons plus ce corps. Nous sommes dans le Bardo de cette vie, mais nous ne le reconnaissons pas clairement. Dans ce bardo, les êtres expérimentent toutes sortes de souffrances et nous ne les comprenons pas, nous n’en comprenons pas l’essence.
Dans les enseignements précédents, nous avons parlé de la Posture en Sept Points de Vairocana. Si nous ne demeurons pas dans cette Posture en Sept Points de Vairocana, notre esprit ne peut pas obtenir le bien-être. Si notre esprit n’obtient pas le bien-être, nous allons nuire à autrui parce que nous allons dire toutes sortes de choses aux autres et cela ne sera pas agréable pour eux.

Au plan du corps, puisque nous ne sommes pas dans le bien-être, nous allons effectuer toutes sortes d’actes négatifs envers l’ensemble des êtres. Cela veut dire qu’avec notre corps et notre parole, nous allons être nuisibles.

Quelle est la cause de tout cela ?

Ce sont les émotions que nous avons dans notre esprit. En fait, qu’est-ce qui nuit ? C’est notre esprit. La saisie que nous avons dans notre esprit va nuire aux autres et à nous-même. Dans notre esprit, nous nous souvenons de plein de choses, n’est-ce pas ? Nous nous souvenons vraiment de toutes sortes de choses. Et c’est cela l’esprit. C’est cet esprit-saisie. Quelque chose est bien, nous saisissons cette chose qui est bien ; quelque chose est mal, nous saisissons cette chose qui est mal. C’est cela l’esprit.

Et puis, parfois, l’esprit est heureux, parfois il souffre. Nous pouvons même dire, en fait, qu’il n’y a pas une seconde où cet esprit ne va pas changer, c’est-à-dire ne va pas demeurer dans le bonheur ou dans le mal-être. C’est la base même du samsara et du nirvana. L’esprit est vraiment la racine du samsara et du nirvana. La racine du samsara et du nirvana, c’est ce que l’on appelle la Base de Tout. Si nous savons que le samsara et le nirvana, c’est nous, puisque c’est notre esprit, nous pouvons aussi nous rendre compte que dans ce samsara, nous expérimentons toute sortes de souffrances. Nous pouvons dire aussi que nous désirons sortir de ce samsara et que pour cela, il nous faut pratiquer. Il va bien falloir réfléchir à cet esprit, il va bien nous falloir rendre clair notre esprit, ce qu’est l’esprit.

Dans ce texte, un exemple illustre l’esprit d’un débutant. L’esprit d’un débutant est comparé à d’innombrables chevaux. Au Tibet, il y a beaucoup de chevaux sauvages et dès qu’ils voient l’homme ou dès qu’ils entendent la voix de l’homme, ils ont très peur, personne ne peut les approcher, les toucher. Notre esprit est ainsi.

Comment faisons-nous au Tibet pour apprivoiser ces chevaux ou au moins pour pouvoir en attraper un ? Nous allons l’amadouer car nous n’aurons pas immédiatement la possibilité de le toucher. Il va falloir progressivement lui donner à manger, un jour, deux jours... Cela ne va pas suffire, il faudra attendre... Au fur et à mesure, ce cheval viendra de plus en plus près, jusqu’au jour où nous allons pouvoir le caresser.

Il en est de même pour notre esprit, si nous voulons tout de suite attraper notre esprit, c’est impossible. Si nous voulons tout de suite demeurer dans la méditation, notre esprit ne va pas y rester, donc il faudra faire cela d’une manière progressive. Si nous faisons les choses immédiatement et si nous forçons notre esprit, toutes sortes de pensées apparaîtront. Elles vont devenir de plus en plus nombreuses et plus elles seront nombreuses, plus cela va se répercuter sur notre corps qui ne va pas se sentir bien.

Si nous procédons ainsi, la méditation va nous nuire. Au niveau de notre corps, nous allons ressentir toutes sortes de douleurs et au niveau de notre esprit, nous allons avoir toutes sortes de souffrances, de mal-être.

Si vous pensez actuellement que la méditation va vous permettre d’atteindre un état de bien-être, de tranquillité et que lorsque vous méditez, vous êtes agités et vous avez des difficultés, en fait, cela va créer un grand trouble dans votre esprit.

Le Bouddha a dit que l’ensemble de tous les êtres désirait obtenir le bonheur, mais qu’il expérimentait la souffrance car la cause même de leurs actes était souffrance. Il en est de même pour la méditation. Le fait d’avoir dans la méditation de plus en plus de pensées crée un grand trouble dans notre esprit. Mais la méditation, ce n’est pas cela.
C’est pour cette raison qu’il va falloir trouver un moyen. C’est d’avoir l’esprit détendu. En ayant l’esprit détendu, notre corps sera détendu, c’est-à-dire que les quatre éléments qui composent notre corps trouveront l’équilibre. Ils vont être en équanimité et notre esprit et notre corps seront détendus. Il n’y aura plus de trouble ni d’agitation entre les deux.

Le moyen sera tout d’abord la pratique de Chiné, la pratique de la pacification mentale. La pratique de Chiné comporte deux façons de faire : Chiné avec support et Chiné sans support.

Grâce à cette pratique de détente, nous allons pouvoir obtenir le Chiné suprême. Sans l’obtention de ce Chiné supérieur, nous n’aurons pas la possibilité de pratiquer Lhakthong, la vision "en plus".

Prenons la pratique de Chiné avec support.

Nous pouvons prendre comme support une pierre ou un morceau de bois, une statue, en fait peu importe le support, nous le mettons devant nous, nous concentrons notre esprit, notre vue sur ce support et notre esprit va se détendre et une paix va apparaître dans notre esprit.

Il est nécessaire que notre corps soit dans la Posture en Sept Points de Vairocana. Nous devons poser l’objet juste devant nous et fixer notre vue et notre esprit sur cet objet. Ainsi, une paix émergera spontanément de notre esprit. Quand nous parlons de cette pacification mentale, petit à petit, nos émotions les plus grossières vont s’amoindrir puis nos émotions les plus subtiles et finalement notre esprit demeurera dans une paix naturelle. C’est cela la pacification mentale.

Donc, nous allons pratiquer Chiné quelques instants. Vous pouvez me regarder ou alors regarder un objet devant vous. À ce moment-là, il est nécessaire que votre corps et votre esprit soient détendus. Il est particulièrement important que votre esprit soit détendu pour que votre corps puisse l’être.

Il ne faut pas examiner l’objet que nous regardons. Par exemple, si vous me regardez, il ne faut pas vous dire : Oh ! Il a une belle moustache. Et puis : Il porte une chemise jaune. Et puis : Il porte encore un zen rouge. Non ! Il faut juste poser son regard car si vous avez toutes sortes de pensées à ce moment-là, où est la paix de l’esprit ?
Il est donc nécessaire de poser son regard, sans penser, sans réfléchir, d’avoir le corps détendu, l’esprit détendu et vous verrez, la paix apparaîtra spontanément.