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Le bardo naturel de cette vie - 17/19

Enseignement de Chépa Dorjé Rinpoché - Paris, le 28 février 2001

Nous devons penser à l’ensemble de tous les êtres dont le nombre est aussi vaste que vaste est l’espace et penser que grâce à cet enseignement, nous allons pouvoir les libérer de la souffrance du samsara. C’est ainsi que nous développons l’esprit d’éveil
A nouveau nous allons parler du Bardo de cette vie. Nous avons pris un support pour venir sur cette terre. Nous avons pris renaissance, donc à partir du moment où nous sommes nés jusqu’à notre mort, nous sommes dans ce Bardo de cette vie.

Nous avons vu auparavant comment nous prenons naissance. Aujourd’hui nous évoquerons la souffrance que les êtres expérimentent dans ce monde. Tous les êtres de ce monde qui ont pris renaissance expérimentent de la souffrance. Tous les enseignements du Bouddha sont des moyens pour pouvoir nous en libérer. Pour nous en séparer, il faut bien reconnaître celui qui est en train de souffrir. Nous pouvons observer qu’il y a toujours quelqu’un qui pense, quelqu’un qui est en train de penser et qui est en train d’expérimenter du plaisir ou de la souffrance. Il y a tout le temps quelqu’un qui est dans ces pensées. Quand nous sommes assis, nous voulons être assis, quand nous sommes assis, nous avons envie d’être debout, quand nous sommes fatigués nous voulons nous asseoir, quand nous pratiquons, nous n’avons plus envie de pratiquer. Les activités que nous effectuons ne nous satisfont jamais véritablement, nous en voulons toujours d’autres, nous avons toujours un nouvel espoir. Tout ce processus nous le voyons tout à fait clairement chez les autres quand notre esprit est tourné vers l’extérieur. Quand nous nous regardons, cela devient beaucoup moins clair, c’est du à notre ignorance. Le fait de ne pas pouvoir se voir, c’est cela l’ignorance, ce qui s’appelle l’ignorance co-émergente.

La personne qui se libère de l’ignorance est dans la connaissance, elle est dans Rigpa. Pour pouvoir réaliser cela, il y a toutes sortes de moyens.

Quel est le moyen pour que la personne puisse se reconnaître elle-même ?

Le moyen nécessaire est de développer une très grande foi. Pour développer cette foi, cette confiance, il faut connaître l’histoire et les enseignements du Bouddha. Sans cela la confiance ne peut pas naître. Comprendre les enseignements nous aidera à utiliser les moyens et nous développerons de la foi, de la certitude. Donc pour ce qui concerne les enseignements du Bouddha Sakyamuni, il est bien de connaître l’ensemble de toute son histoire. Si nous ne connaissons pas cela, certains doutes peuvent apparaître en notre esprit et des difficultés vont survenir. Grâce à la foi, nous allons essayer de comprendre les enseignements, nous allons commencer à les écouter. Grâce à ces enseignements nous allons découvrir la vérité. A partir du moment où il y a cette vérité, la confiance, la certitude peuvent naître véritablement dans notre esprit. L’enseignement que le Bouddha à donné porte sur la vérité. Il a dit la vérité. Celui qui a vu et qui a réalisé cette vérité a dit la vérité. Mais, l’ensemble des individus de notre monde sont dans le mensonge. Le Bouddha a reconnu ce mensonge, c’est pour cela qu’il a dit la vérité. Si nous entraînons notre esprit en écoutant les paroles du Bouddha, nous allons pouvoir découvrir la nature même de la vérité.

Tout d’abord nous allons développer de la foi à l’égard de l’enseignement du Bouddha. Sur le support de cette foi, nous allons développer de la certitude et grâce à cette certitude la vérité pourra naître. C’est sur le support de l’enseignement du Bouddha qu’à travers tous les différents moyens, nous allons obtenir cette vérité. Lorsque nous parlons de l’obtention de la vérité, cela veut dire que nous obtenons la nature même de Rigpa, la nature même de la connaissance de notre propre esprit. Celui qui reconnaît l’ignorance co-émergente, qui la voit, quand il la reconnaît, nous pouvons dire qu’il réalise la vérité, qu’il réalise Rigpa ou qu’il réalise la vacuité. Si nous parlons d’emblée au débutant de Rigpa, du sens profond de la connaissance, il ne pourra pas y avoir de certitude en son esprit. C’est pour cette raison que dans un premier temps nous allons écouter les enseignements du Dharma, puis le pratiquer et c’est ainsi, petit à petit que nous allons pouvoir réaliser Rigpa, avoir une certitude profonde en notre propre esprit. C’est seulement lorsque nous aurons la certitude en notre esprit que nous réaliserons Rigpa, le sens véritable de la connaissance.

Si nous réalisons le sens véritable de la connaissance, nous reconnaissons l’essence de la jalousie comme étant l’énergie de Rigpa. Nous reconnaissons l’émotion du désir comme l’énergie de Rigpa, bref nous pouvons prendre l’ensemble de toutes les émotions comme la reconnaissance de l’énergie de Rigpa. Et l’émotion disparaît. Les cinq sagesses sont la nature même des cinq poisons. Donc quand nous parlons de la Sagesse de la Sphère de Vérité, de la Sphère du Dharmadatu, cela signifie que la sagesse est indifférenciée à l’espace, qu’il n’y a pas de différence entre la sagesse et l’espace, elle est semblable à l’espace. Ensuite nous parlons de la Sagesse Semblable au Miroir, cela signifie que cette sagesse est indifférenciée de tous les phénomènes. Puis il y a la Sagesse de l’Equanimité qui est indifférenciée de l’élément terre. Il y a la Sagesse Toute-Accomplissante qui devient indifférenciée de l’élément vent. Puis il y a la Sagesse Discriminante indifférenciée de la nature même de l’élément feu. Notre corps est composé de cinq éléments, dans ces cinq éléments se trouvent les cinq poisons. Si nous reconnaissons ces cinq poisons, ils deviennent les cinq sagesses.

Un grand érudit Dorjé Tragpa a dit que le Bouddha voyait l’ensemble de notre monde comme un paradis pur, que le Nedjorpa, le grand méditant voyait ses propres apparences dénuées de pensées discursives, il voit toutes les apparences parfaitement claires. Mais les êtres ordinaires voient le monde comme des émotions. C’est parce que nous voyons la nature même de notre monde comme des émotions perturbatrices que nous errons perpétuellement dans le samsara.

Nous effectuons aujourd’hui une activité que nous répéterons demain et après-demain, les jours, les semaines, les mois passent, les années passent et ce jusqu’à notre vieillesse et nous ne pensons jamais que nous pourrons disparaître un jour, que cela va s’arrêter, que ce n’est pas permanent. Cette non-permanence fait que nous voyons le monde comme des émotions. C’est à cause des émotions que nous ne parvenons pas à trouver un sens véritablement profond à notre vie. Lorsque l’un de nos proches, de notre famille ou de nos amis tombe malade nous nous disons : « tiens, cette personne est malade ! » et tout d’un coup, nous nous rendons compte que cette personne souffre d’une maladie. De même si un proche se meurt nous nous disons : « cette personne est maintenant en train de mourir ! ». Nous réagissons de cette manière car nous n’avons pas la compréhension véritable de ce que sont les choses, de la nature même de toutes les choses. C’est pour cela que nous disons que nous sommes sous le pouvoir des émotions. Cela signifie que nous n’avons pas réalisé la compréhension, nous n’avons pas la reconnaissance. Car si nous avions compris cela nous ne perdrions pas notre temps. Oui, en fait, nous perdons notre temps. Nous dormons bien, très bien mais nous ne pratiquons pas. Nous regardons les textes, mais nous ne pratiquons pas, c’est toujours demain que nous allons pratiquer, c’est toujours demain, demain... Moi même, j’ai une expérience de cela. Quand j’étais jeune, j’habitais avec mon professeur. Mon professeur me dit un jour, la semaine prochaine je rentre en retraite et la semaine suivante il n’était toujours pas parti en retraite, je lui ai demandé pourquoi, que se passait-t-il ? Le professeur répondit qu’il avait rencontré un grand maître qui lui avait demandé de l’aider, qu’il était vraiment important de l’aider. Puis il a reporté sa retraite ceci pendant deux ans puis il est mort. Voilà j’ai vraiment l’expérience de cela. C’est ainsi. Nous allons donner de l’importance à un tout petit travail, en fait, nous ne nous occupons pas de ce qui est le plus important, nous mettons cela de côté. Moi-même, j’ai la propre expérience de pouvoir me dire, je vais pratiquer juste cinq minutes. J’ai l’expérience de faire ainsi. Cela n’est pas difficile de se dire : « voilà, j’ai cinq minutes, je vais me poser, je vais un peu pratiquer » ou encore, « j’ai une demi heure, je pratique ». Il n’est pas nécessaire d’aller en retraite pour pratiquer, non pas du tout, quand on mange, on peut pratiquer, marcher, c’est une pratique, toute activité est une pratique. Il n’y a véritablement aucun sens à se dire : « je vais reporter ma pratique à plus tard », autant la faire naturellement, là, maintenant.

Donc nous allons pratiquer quelques minutes.