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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Pratique de Kurukulle (Rikdjéma)

Puisque notre esprit est toujours agité par les phénomènes extérieurs, nous faisons la pratique de Kurukulle afin de ramener notre esprit en nous-même. En prenant refuge en elle, en lui faisant des offrandes, en récitant son mantra, cela permet de ramener notre esprit vers soi. À partir du moment où il y a indifférenciation de l’esprit et du corps, c’est-à-dire lorsque l’esprit est ramené à l’intérieur de nous-mêmes, nous demeurons dans le Flamboiement de la Grande Félicité.

D’une manière générale, il y a l’Écoute du Dharma et il y a la Pratique. Quand nous visualisons, quand nous récitons un texte, cela fait partie de la pratique. C’est parce que notre esprit est toujours en train d’errer, de suivre les objets extérieurs, c’est parce qu’il ne demeure pas dans la stabilité, que nous pratiquons Kurukulle. C’est afin de le ramener vers l’intérieur, afin que notre esprit revienne en nous-même, que nous effectuons cette pratique. Une fois l’esprit maîtrisé à l’intérieur de nous-même, il est alors plus facile de réciter la Prise de Refuge, de développer l’Esprit d’Eveil, et de méditer sur le sens du Dzogchen.

Pourquoi visualiser Kurukulle ?

Nous avons un très grand désir, un grand attachement envers les objets extérieurs, donc, si nous visualisons Kurukulle , qui est une dakini avec un très beau corps, cela va nous permettre de ramener notre esprit en nous-même ; elle en a la capacité. Par cette pratique de Kurukulle , nous obtiendrons l’attention, la vigilance et nous pourrons juger ce qu’il est bien de faire ou de ne pas faire.

Elle est entourée d’un halo de feu. Elle est un peu irritée car dans notre esprit, à cause de notre grand désir, toutes sortes d’émotions peuvent apparaître, orgueil, colère, jalousie... Ce sont ces émotions mêmes qui flamboient et ce feu symbolise le fait que nous ne devons plus suivre les objets extérieurs qui déstabilisent l’esprit ; et la dakini Kurukulle nous en protège.

Elle brandit un arc et une flèche faits de fleurs, car nous sommes attachés et saisissons tout ce qui est beau n’est-ce pas ! Donc quand la flèche de fleurs nous touche, elle ramène notre esprit à l’intérieur de nous. Et ainsi nous ne pouvons plus oublier le Dharma. C’est le symbole de l’attachement ou de l’affection que nous pouvons avoir entre un homme et une femme. Si un homme regarde une femme et qu’il la trouve belle, il en gardera le souvenir. Cette flèche de fleurs symbolise cet état que nous ne pouvons oublier. Quand la flèche de fleurs touchera notre cœur, elle permettra de développer la foi, ou plutôt de garder présente en nous cette foi qui est en nous et que nous ne pourrons plus jamais oublier.

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Dans sa deuxième main gauche, elle tient un lasso de fleurs, avec un crochet. Le lasso symbolise le fait que notre esprit a été attrapé afin qu’il ne parte pas vers l’extérieur. Le rôle du crochet est de ramener à soi ce qui est à l’extérieur. La signification des symboles est de garder l’esprit en nous-même, car comme nous l’avons déjà vu, l’esprit a toujours tendance à être projeté vers l’extérieur. Cette pratique est nécessaire pour que nous puissions demeurer en nous-même et que nous puissions comprendre le sens véritable du Dzogchen. Tel est le pouvoir de cette pratique, telle est la capacité de Kurukulle .

Dans la tradition tibétaine il y a toutes sortes de pratiques différentes dont certaines nécessitent de créer des Mandalas, de faire des offrandes ou même de fabriquer des tormas . Celles qui ont des formes triangulaires sont des tormas irritées et puisque Kurukulle est une dakini, les tormas reliées aux dakinis ont cette forme.

Mais en ce qui concerne cette pratique de Kurukulle, il suffit d’avoir de la foi, de la dévotion, du respect vis-à-vis d’elle, de l’appeler et de réciter sa prière. Quant aux offrandes que nous pouvons effectuer, ce sont juste des offrandes imaginées. Cette pratique est donc un moyen pour l’esprit à la fois profond et facile.

Explication du 1er vers de la prière

NAMO KEUN T’CHOK SOUM DANG TSA OUA SOUM

NAMO : signifie hommage (signe de respect).

KEUN T’CHOK SOUM : les Trois Rares et Sublimes. C’est-à-dire le Bouddha, le Dharma (la parole du Bouddha) et la Sangha, sont sublimes car rares. En effet, dans notre monde, peu de Bouddhas sont apparus jusqu’à présent et ceux qui pratiquent véritablement la parole du Bouddha (la Sangha), sont en très petit nombre, ils sont rares, donc sublimes.

DANG TSA OUA SOUM : « et les Trois Racines » : Pour les Nyingmapas, les Trois Racines signifient Lama, Yidam et dakinis.

LAMA : Celui qui a parfaitement écouté les paroles du Bouddha, qui les a mises en pratique, qui en a une expérience véritable et qui, sur le support de cette expérience, aide l’ensemble des êtres et leur est bénéfique.

YIDAM : Pour cette pratique des Yidams il peut y avoir différentes coutumes. En général, nous pratiquons le Yidam de notre maître. Cela reste secret, c’est un engagement que nous prenons avec notre propre esprit. Nous pouvons aussi, lors de circonstances particulières, nous engager quelque temps, si nous rencontrons des obstacles à la pratique du Dharma, à pratiquer par exemple le temps d’une retraite Tamdrin et Dorje Phurba. Ce sont des divinités qui ont une grande force, elles nous aideront à dissiper tous les obstacles spirituels.

DAKINI [1] : va nous aider sur le chemin du Dharma. Khan signifie l’espace, le ciel, et Dro veut dire aller. Khandro signifie « aller dans le ciel ». Ainsi nous pouvons dire que la dakini n’a pas de matérialité, qu’elle peut aider sans avoir de support matériel. En retraite, si un homme rencontre des obstacles, il pourra prendre comme support Yéshé Tsogyal . Les dakinis nous aident à stabiliser l’esprit. Si, en retraite, des personnes de l’extérieur nous apportent de la nourriture, par exemple, nous pouvons les considérer comme des dakinis car ce terme correspond à tout ce qui peut nous aider à stabiliser l’esprit. Il y a souvent une mauvaise compréhension de ce mot, certains pensent instantanément à une femme physique, corporelle, et cela nous donne à croire que seuls les hommes pourraient être aidés. En fait, il n’en est rien car ce terme signifie juste « de l’aide qui nous est apportée ».

Explication du 2ème vers de la prière

KYAB NE NAM LA KYAB SOU T’CHI

« Je prends refuge en ces lieux de refuge ». Ces lieux de refuge sont, comme nous l’avons vu, les Trois Rares et Sublimes et les Trois Racines. Ce sont nos seules protections. Prendre refuge, c’est avoir confiance. C’est parce que nous avons confiance en eux que nous pouvons prendre refuge en eux, et nous faisons ainsi afin d’établir tous les êtres en l’état de Bouddha. Celui qui pense, avec un esprit très vaste, au bien de tous les êtres et pas seulement au sien propre, possède l’esprit d’éveil. Quand nous parlons du sublime esprit d’éveil, ce mot « sublime » signifie que l’Intelligence Eveillée est véritablement reconnue. Ainsi, afin que tous les êtres puissent reconnaître cette Sagesse, nous allons maintenant faire des offrandes aux lieux de refuge, que ce soit à Kurukulle ou aux Trois Joyaux, et devant eux, nous prenons refuge et nous développons l’esprit d’éveil.

L’offrande commence par :

KADAK LONG NE TRUL PA YI NAM SA GANG OUAÏ T’CHEU PAÏ TRIN
MENDEL GYEL SI LHA MOR TCHE ZE ME GYOUR TCHIK POU DZA HO

KADAK : signifie primordialement pur. Notre esprit, depuis des temps sans commencement, est primordialement pur, il n’a pas de réalité en soi, il est vacuité et en même temps tout ce que nous pensons émerge et se déploie. Comme il est vacuité, il n’y a pas la moindre notion de petit ou de grand. Quand on réalise ceci, cet état de vacuité apparaît ; nous l’appelons DRULWA : « ce qui apparaît, ce qui émane de la pureté primordiale ». Il est dit aussi que de cet état de vacuité peuvent apparaître des offrandes, des nuages d’offrandes, sans qu’il y ait absolument aucune saisie. C’est pourquoi nous commençons la prière par la phrase « de la pureté primordiale d’où tout émane ». dans ces vers, nous disons donc que notre esprit est depuis des temps sans commencement parfaitement pur et que tout s’émane de la pureté primordiale ; il n’y a pas de saisie possible puisque nous reconnaissons cet état ! Mais comme nous saisissons ce que nous offrons, et même si ce n’est qu’une petite saisie, nous devons faire cette prière.

Dans le vers suivant, il est dit que nous pouvons offrir sans saisie le Mandala de tous les royaumes des rois ainsi que de toutes les déesses d’offrande. Le roi possède un grand royaume, toutes sortes de richesses et de possessions, il est entouré par tout un cortège de personnes. Dans un état de non-saisie, nous pouvons offrir tout cela sans la moindre saisie, sans le moindre poison dans l’esprit, de manière ininterrompue.

KOU ROU KOU LE KOU DOK MAR CHEL TCHIK TCHAK CHI DANG PO NYI DA CHOU GUENG SHING OK MA NYI TCHAK KYOU CHAK PA DZIN PAR KYE

Kurukulle est rouge, et il est bien de se visualiser soi-même sous cet aspect. Elle possède un visage et quatre bras. Il suffit de se rajouter un bras de chaque côté et nous avons les quatre ! Dans les deux premières mains (celles du dessus), nous tenons à droite, la flèche de fleurs et à gauche l’arc fleuri. En dessous, dans la main droite, nous tenons un crochet de fer, dans la gauche, un lasso de fleurs. Dans la représentation que nous avons nous pouvons voir les fleurs qui ne sont pas précisées dans le texte. En un instant, nous nous visualisons comme Kurukulle , vraiment en un instant. C’est facile si, auparavant, nous l’avons bien regardée et conservé son aspect en notre esprit.

Puis, au niveau de notre cœur, nous allons visualiser un lotus rouge. En son centre, se trouve la lettre HRIH, entourée du mantra de Kurukulle qui tournera vers la gauche. En général, le mantra tourne vers la droite quand ce sont des divinités masculines et à l’inverse pour les divinités féminines.

En gardant la visualisation, nous récitons le mantra de Kurukulle puis nous lui faisons les offrandes traditionnelles : l’eau pour boire, l’eau pour se laver les pieds, la fleur, l’encens, la lumière, le parfum, la nourriture et la musique.

Pourquoi ces offrandes ?

PUPE : la fleur représente la beauté. Il n’est pas nécessaire que nous visualisions juste une fleur, mais tout ce qui est beau. Tout ce que nous voyons et trouvons beau, nous pouvons l’offrir.

DOUPE : l’encens, il fait référence à ce qui sent bon, nous pouvons offrir tous les objets qui sentent bon.

<img482|left>ALOKE : la lumière, pas uniquement des petites lampes, mais aussi tout ce qui est de la lumière, la lumière électrique, le soleil, la lune, tout ce qui apporte la clarté. Puisque nous sommes dans l’obscurité à cause de nos émotions perturbatrices, tout ce qui peut nous aider à reconnaître la Sagesse et la Clarté de notre propre esprit, tout cela peut être offert.

GUENDE : le parfum, et tout ce que nous pouvons mettre sur le visage, tout ce qui peut nous laver (c’est ce que le parfum symbolise), tout cela peut être offert.

NEOUIDE : la nourriture, tout ce que nous pouvons et que nous aimons manger, nous pouvons l’offrir. Attention, nous ne devons pas tuer d’animaux pour les offrir, cela ne réjouirait pas l’esprit de Kurukulle, car elle est comme la mère de tous les êtres. Tuer et lui offrir son enfant ne lui plairait pas du tout.

SHAPDA : la musique, nous pouvons offrir tous les sons et toutes les mélodies agréables. D’ailleurs ce qui me plaît à moi ne plaira pas forcément à autrui. Mais ce qui me réjouit l’oreille, je l’offre. Par exemple la chanson « aux Champs Elysées » [2] ! (rires...)

Puis une prière de louange vient qui commence ainsi :

TSE OUE DJE T’CHAK PEMA RAGAÏ DOK CHEL TCHIK T’CHAK CHI TCHEN SOUM DZE PAÏ KOU DA CHOU OUTPEL OUANG GI TCHAK KYOU DZIN TCHOM DEN RIK DJE MA LA T’CHAK T’SEL TEU

« Celle qui possède un grand amour, celle qui possède l’équanimité dans cet amour est rouge. »

Amour signifie douceur, bonté, compassion... à l’égard de tous les êtres. Elle est semblable à une mère qui aime son enfant et qui va exprimer cet amour par sa bonté et tout faire pour le réjouir. Elle est comme un lotus rouge « PEMA RAGAÏ » qui symbolise à la fois sa rareté et sa douceur, sa clarté, son éclat. Elle a un visage, quatre bras et trois yeux. Les trois yeux signifient qu’elle détient l’Intelligence Eveillée ; mais comme nous n’avons pas trois yeux, nous ne possédons pas une telle sagesse ! Ce vers finit en disant qu’elle a un beau corps.

À nouveau, il est rappelé qu’elle tient une flèche, un arc, et qu’avec son crochet de fer et son lasso elle a la possibilité de ramener l’esprit à soi-même.

Puis nous lui rendons hommage en disant : « je me prosterne, et rends hommage à celle qui a vaincu l’ensemble des émotions : TCHOM ; et à celle qui est dotée de toutes les qualités : DEN. Son nom en tibétain est « RIKDJEMA ». Si nous pratiquons continuellement Kurukulle , nous pourrons complètement dissiper nos émotions perturbatrices et reconnaître l’Intelligence Eveillée.

Si nous connaissons le sens de ce que nous récitons, c’est mieux. Mais, dès l’instant où nous récitons avec foi cette prière, même si nous n’en comprenons pas le sens, nous pouvons en recevoir toute la bénédiction et la grâce car les bénédictions de tous les Bouddhas et Bodhisattvas sont infinies et inexprimables par la parole.

Nous racontons cette histoire au Tibet d’un homme qui n’était pas gêné de tuer et qui tuait pour les autres, il a tué ainsi pendant quasiment une vingtaine d’années. Un jour, il est devenu aveugle. Aucun des médecins qu’il alla voir ne parvint à le soigner.

Il s’est rendu auprès d’un Lama qui lui a dit : C’est une grande chance que tu as eue de devenir aveugle, car lorsque tu avais la vue, tu aimais tuer beaucoup d’êtres ; ne plus voir te permet de ne plus tuer d’êtres. Malgré tout, ce serait bien que tu récites des mantras, si tu en récitais cent millions, tu aurais peut-être la possibilité de voir un peu – pas totalement, mais un peu quand même.

Cet homme jusque-là ne connaissait ni les divinités, ni la méditation, il ne commettait auparavant que des actes négatifs. Mais malgré tout, il se mit à réciter. Nous l’entendions, il n’était pas très loin et récitait fort, accumulant ses mantras. Il a fini par voir, pas très bien, mais il pouvait se déplacer seul, il voyait des ombres. Puis il a dit à sa fille : J’ai fait un drôle de rêve et je pense que je vais bientôt mourir. Kountouzangpo est venu, il s’est présenté, il m’a pris la main et m’a dit qu’il me faudra le suivre quand il reviendra. Je ne sais pas ce que cela veut dire mais peut-être que cela annonce ma mort.

Peu de temps après, effectivement, le moment de sa mort est arrivé.

Il a eu un peu peur, mais il s’est dit : Pourtant Kountouzangpo m’a bien dit qu’il fallait que je le suive.

À ce moment-là, sa fille lui a juste pris un peu la main et il est mort.

C’est magnifique, n’est-ce pas ? Cela montre la bénédiction du Dharma, et pourtant cet homme ne savait absolument pas ce que signifiait tout cela.

Il est bien d’avoir une compréhension intellectuelle, et pour cela les cerveaux occidentaux fonctionnent bien, mais il faut aussi et surtout avoir de la confiance, de la foi dont vous manquez peut-être un peu. Il faut de la confiance dans la récitation des mantras, pour recevoir la grâce des Bouddhas.

Sur la représentation, Kurukulle écrase un être humain, cela symbolise le fait qu’elle dompte, qu’elle discipline tous les démons, qu’elle vainc tous les obstacles, lesquels ont la forme d’un être humain. À la fin de la pratique de Kurukulle , nous récitons la prière GUE OUA.., concernant la vertu de la pratique elle-même, et celle que nous avons pu obtenir par cette pratique :

Puissent, à travers elle, tous les êtres, sans exception, atteindre cet état de Kurukulle.