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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Le bardo de la méditation

Nous devons penser que nous allons entendre cet enseignement sur le Bardo de la Méditation pour pouvoir aider l’ensemble de tous les êtres qui sont dans la souffrance du samsara, tous ces êtres qui ont été nos pères et nos mères et qui sont aussi nombreux que vaste est l’espace.

La dernière fois nous avons vu que nous avions terminé le Bardo du Rêve et que nous entrions dans le Bardo de la Méditation.

Nous avons eu une introduction au Bardo de la Méditation, nous avons donc vu que nous pouvions avoir une reconnaissance de la Vacuité et que tout en reconnaissant la Vacuité de notre esprit, il pouvait y avoir une certaine saisie.

Egalement que nous pouvions parfois reconnaître la Clarté et qu’il pouvait y avoir saisie sur la Clarté. Quand nous parlons du Bardo de l’État Intermédiaire de la Méditation, il s’agit de la connaissance qui se libère d’elle-même.

Nous pouvons nous dire : « C’est la Vacuité, c’est çà la Vacuité. ». Se dire cela est une saisie que nous avons et à ce moment-là, cette saisie peut se libérer d’elle-même. Il peut en être de même au niveau de la Clarté. L’essence de notre esprit est Vacuité, la nature même de notre esprit est Clarté, nous pouvons alors nous dire « J’ai une grande Clarté, j’ai vraiment une grande connaissance. ». Puisque nous nous disons cela, nous saisissons cette Clarté. À ce moment-là, la nature même de cette grande Clarté va se libérer d’elle-même, c’est ce que nous appelons dans le Bardo de la Méditation, la nature-même de Rigpa, de la connaissance qui s’auto-libère.

Quand nous parlons de cette connaissance qui se libère d’elle-même, nous prenons l’exemple d’un miroir, d’une belle femme qui se regarderait dans ce miroir. En fait, si nous nous regardons dans un miroir, nous pouvons reconnaître notre propre beauté.

Nous avons eu une introduction de ce qu’était la Vacuité et ce qu’était la Clarté mais malgré tout, cette Clarté n’est pas vraiment la Clarté. En comprenant cela, nous reconnaissons à nouveau la Clarté, la Clarté véritable.

Après avoir eu une introduction de ce qu’est la Vacuité, nous avons le rappel. C’est grâce à ce rappel que nous pouvons reconnaître la Vacuité. Il en est de même pour la Clarté, il y a ce rappel, drenpa en tibétain. C’est grâce à cela que nous pouvons voir la Clarté. Si nous méditons vraiment cette vigilance (tib. drenpa), quand nous méditons vraiment sur cette vigilance, elle se libère d’elle-même.

Auparavant nous pouvions avoir eu une compréhension de ce qu’est la Vue, mais nous pouvons reconnaître que nous avions une saisie sur la vigilance, le rappel. Maintenant nous allons laisser la vigilance (drenpa) se libérer d’elle-même.
Quand cette vigilance, cette attention se libère d’elle-même, nous sommes dans la méditation jour et nuit ; l’attention devient la roue de la Sagesse. Nous disons que cette vigilance, devenue Sagesse, embrasse complètement l’espace, ce n’est plus un mensonge, c’est la Sagesse véritable. Là, il n’est plus nécessaire de méditer la Clarté, ni de méditer la Vacuité.

Si nous méditons la Vacuité, notre esprit devient petit, de même si nous méditons la Clarté, il devient petit, étriqué. Drenpa, alors, n’embrasse pas spontanément tout l’espace. Il faut que la nature même de notre propre esprit qui embrasse tout l’espace s’exprime et alors il ne peut pas y avoir de mauvaise méditation ou de mauvais Rigpa. Si nous pensons que notre connaissance ou que Rigpa s’accroît, la Vacuité n’est pas et si nous pensons que Rigpa ou nos connaissances diminuent, la Vacuité n’est pas non plus. Dans les différentes terres de Bouddha, nous ne pouvons pas dire que Rigpa s’accroît, de même, quand nous parlons des êtres des enfers, nous ne pouvons pas dire que là, pour eux, Rigpa est moindre.

Quelle est la différence entre Bouddha et les êtres vivants ?
Il y a une différence, n’est-ce pas. Bouddha a reconnu Rigpa, la Connaissance, alors que les êtres ordinaires n’ont pas reconnu, n’ont pas été introduits à cette connaissance. La reconnaissance est cette différence. De pouvoir le dire, c’est facile, de pouvoir le réaliser, c’est un peu plus difficile. Mais de se dire que méditer est difficile, dès que nous disons cela, effectivement, cela devient difficile. La nature même de notre esprit est sa propre nature, il n’y a pas à le méditer ou à méditer cette nature et si nous faisons ainsi, c’est la grande méditation. C’est naturel, c’est spontané, nous ne pouvons pas méditer la spontanéité.

Nous disons, en fait, que notre monde est un mensonge. Quel pourrait être le bénéfice de méditer un mensonge ? Il n’y a là aucune aide. C’est pour cela que la méditation doit devenir naturelle, doit être spontanée. Nous avons vu, n’est-ce pas, que la méditation, c’était la non-méditation. Lorsque nous ne méditons pas, la connaissance, Rigpa peut alors surgir, s’exprimer. Et dans cette non-méditation, chacun peut reconnaître Rigpa, la connaissance spontanée. Si nous méditons, c’est fini.

Mais attention ! Si nous nous disons : « Je ne suis pas en train de méditer. », c’est encore une méditation. Il y a un observateur et il y a saisie de cet observateur. À ce moment précis, il faut l’examiner. En faisant cela, il va pouvoir se libérer de lui-même, ainsi nous pourrons véritablement reconnaître et obtenir Rigpa.

Il peut arriver que nous ne reconnaissions pas la vigilance, l’attention en tant que telle. Cela serait dû à un manque de mérite. En se disant, lors de la méditation : « Je ne suis pas en train de méditer. », nous allons oublier de reconnaître, de prêter attention à la vigilance, alors, toutes sortes de pensées vont apparaître à nouveau à notre esprit. Cela survient dans la méditation. Nous devrons, pour nous aider, adresser une prière à notre Lama. De cette manière, notre connaissance va s’accroître. La Connaissance va pouvoir s’exprimer et nous aurons la reconnaissance de la Clarté de notre esprit.

Si nous saisissons la Clarté, ce n’est plus la Clarté. De même lorsque nous saisissons la Vacuité, elle n’est plus Vacuité. Dès que nous pensons à la Clarté, cette Clarté n’est plus Clarté, de même pour la Vacuité, dès que nous y pensons, cela n’est pas. Pour reconnaître la nature même de notre esprit, il n’y a pas à méditer. C’est dans la non-méditation que Rigpa peut émerger.

Que nous soyons dans un endroit, que nous nous levions, que nous mangions ou que nous marchions, toutes ces activités sont identiques. Pour les débutants, cet état de reconnaissance peut n’être que fugitif ou durer quelques minutes, puis ensuite nous oublions, il faut revenir sur cet état, ceci est tout à fait normal pour un débutant.

Une bonne introduction à Rigpa est nécessaire. Quand nous avons eu cette introduction, il ne faut pas la laisser de côté, il faut la garder grâce à la vigilance.

Il y a un exemple dans ce texte qui fait référence vraiment au Tibet. Au Tibet, il y a beaucoup de chevaux, certains parfois sauvages. Nous souhaitons acheter un cheval. Si nous achetons un cheval, un lien se crée entre lui et nous. Malgré tout il faudra l’apprivoiser pour que le cheval nous reconnaisse. Il en est de même avec la méditation. Nous devons méditer pour reconnaître notre vraie nature de Rigpa.

Donc il faut tout d’abord avoir une introduction à la Vue et après cela il nous faut méditer pour la mettre en pratique. Si nous ne méditons pas, cette Vue n’est pas intégrée à notre vie, il n’y a pas de lien entre le Dharma et nous. Au départ, la Vue que nous avons pu comprendre est comme un animal sauvage, il nous faudra l’apprivoiser. Après l’avoir reconnue, il va falloir véritablement que nous la réalisions. En la réalisant véritablement, nous obtiendrons le fruit véritable de notre propre esprit. S’il n’y a pas cette Vue, si nous ne la reconnaissons pas, si nous ne l’apprivoisons pas, le Dharma, la Vue, ne nous sont absolument d’aucune aide. C’est pour cela que dans le Bardo de l’état intermédiaire de la Méditation, (appelé également Bardo de la Concentration), il est important de méditer, c’est le propre même de ce Bardo.

Pour ne pas être sous l’emprise de nos illusions, il est nécessaire de ne pas avoir d’agitation dans notre esprit et de demeurer concentré. Quand nous disons qu’il ne faut pas être sous l’emprise de nos illusions, cela veut dire qu’il ne faut pas avoir d’agitation dans notre esprit, pas de saisie dans notre esprit, qu’il faut rester à la limite de la libération. Nous allons répéter ces mots, il est peut-être important de le faire. Ne pas avoir d’agitation dans l’esprit, ne pas avoir de saisie dans l’esprit mais demeurer dans la limite et dans la non-limite ou dans la fin et dans la non-fin. Quand nous pensons que nous sommes dans la Vacuité, nous sommes dans la non-limite et quand nous pensons que nous sommes dans la Clarté, nous sommes dans la limite. Il faut être libéré des deux.

Se dire : « C’est la Vacuité », nous sommes dans ce qui est, et se dire : « je suis dans la Clarté », nous sommes dans ce qui n’est pas. Quand nous nous disons « c’est la Clarté », nous ne voyons pas la Vacuité, il y a une limite. C’est pour cela que le texte dit pas d’agitation, pas de saisie et pas de limite ou de non-limite.
Tout d’abord, pour les débutants, il est nécessaire d’être la vigilant, d’avoir l’attention et d’être sans absolument aucune distraction, sinon il n’est pas possible de méditer. Pour cela, la pratique des débutants sera de méditer sur la vigilance sans absolument aucune distraction et cela devra se faire dans la détente. En étant vigilant dans la détente, la vigilance se libèrera d’elle-même. A nouveau, des pensées surviendront et à nouveau, nous devrons rappeler la vigilance. A ce moment-là, nous parlons de la vigilance qui va devenir Sagesse.

Pour obtenir la Vue, il n’est pas toujours nécessaire d’avoir la vigilance mais pour les débutants, il est nécessaire de la développer sans la saisir trop fortement. C’est comme une mère avec son enfant. Quand elle a un tout petit enfant, il peut avoir une petite marge de manœuvre, il peut commencer à marcher tout seul. La mère sera toujours présente et fera attention à lui continuellement. Même en travaillant, elle gardera un œil sur lui. L’attention doit être comme cela, un regard et une détente.

La vigilance, ce rappel, est nécessaire. Il nous faudra faire attention à ce que la vigilance soit détendue pour qu’il n’y ait pas de saisie. Ainsi, comme nous venons de le voir, l’attention pourra se libérer d’elle-même. Soyons détendus pour que la vigilance se libère d’elle-même et qu’elle devienne Sagesse. J’ai remarqué qu’en France, beaucoup de personnes avaient la vigilance mais avaient beaucoup de tensions par rapport à elle, alors, soyez détendus !
Sans la vigilance, nous devenons des êtres qui oublient tout ce qu’ils font. Lorsque la vigilance détendue sera stable, nous pourrons demeurer dans la détente. En étant dans cette détente, la vigilance pourra se libérer d’elle-même et quand elle sera libérée d’elle-même, elle deviendra Sagesse, la Sagesse présente depuis des temps sans commencement. C’est cela l’obtention de la Roue de la Sagesse.

Avant cela, il y a encore une petite saisie sur la vigilance, comme un objet que nous aurions, que nous tiendrions, il y a encore une petite saisie de l’endroit où elle peut se trouver. Quand cette attention se libère d’elle-même, qu’elle devient la Roue de la Sagesse, il n’y a absolument aucune saisie, elle est appelée : « Attention qui Embrasse Toutes Choses ». Naturellement, spontanément, il n’y a plus aucune saisie d’un endroit quelconque.

Les débutants devront apprivoiser vraiment cette attention, cette vigilance, la développer encore et encore, l’apprivoiser encore et encore jusqu’à ce que leur esprit soit uni sans aucune distraction avec cette vigilance. Au début, si nous n’y arrivons pas, nous cherchons à nous sauver comme le cheval que nous voulons apprivoiser. Petit à petit, nous devons nous y habituer et l’apprivoiser. Si nous ne nous entraînons pas, nous serons des êtres ordinaires, le fruit en sera la renaissance dans les mondes inférieurs.

Nous venons de recevoir l’Introduction à la Concentration qui se Libère d’Elle-Même. Pour les débutants, il est important d’avoir eu cette introduction qui concerne la vigilance et la non-agitation à développer dans notre esprit. L’introduction même à cette attention qui s’auto-libère est quelque chose qui est généralement expliquée aux Neldjorpas [1], aux grands méditants. Pour nous, les êtres ordinaires, c’est quelque chose dont nous n’avons pas l’expérience, pas la pratique, malgré tout il est important d’avoir eu cette introduction.

Il est dit dans ce texte que si nous méditons le Corps de Vérité, nous méditons les Trois Espaces ou les Trois Espaces ensemble, cela est dit ainsi dans le texte du Cœur Secret. Cela signifie qu’il n’y a pas à méditer sur la Vacuité, qu’il n’y a pas à méditer sur la Clarté. Si nous méditons sur la Vacuité ou la Clarté ce n’est pas la méditation ; si nous nous disons « Je médite. », nous ne méditons pas ; si nous nous disons « Je ne médite pas. », nous ne méditons pas non plus. L’ensemble des Trois Espaces est le moyen que nous allons utiliser. Auparavant, j’ai parlé de cette pratique en chinois, pour moi le chinois n’est pas une langue très facile et je ne sais pas si j’ai pu rendre exactement ce je voulais dire. Je vais donc, à nouveau, redire cette pratique, l’expliquer de nouveau.

Quelle est cette méditation des Trois Espaces ?

C’est une non méditation. Il n’y a rien à méditer, il faut juste demeurer détendu, avoir les yeux ouverts. Quand nous avons les yeux ouverts, l’espace et nos deux yeux deviennent indifférenciés, cela fait référence à l’espace extérieur. La Vacuité de l’espace est la Vacuité de l’espace extérieur et l’espace intérieur fait référence à nos deux yeux. Nos deux yeux sont reliés à deux canaux qui se joignent au niveau du cœur, ces canaux sont Vacuité, ils sont vides. Dans notre cœur, se trouve l’esprit. L’essence même de notre esprit est Vacuité, c’est pour cela que nous disons que notre cœur est le palais de notre esprit qui est Vacuité, cela est l’espace secret. Nous ne devons pas penser à l’espace secret de notre esprit en notre cœur, nous ne devons pas penser à l’espace intérieur, nous ne devons pas penser à l’espace extérieur. Nous ne devons pas penser que l’espace extérieur est Vacuité, que l’espace intérieur est Vacuité, que l’espace secret, notre propre esprit, est Vacuité. Nous ne devons penser à rien du tout, juste demeurer dans l’indifférenciation de ces Trois Espaces : extérieur, intérieur et secret.

Nous ne devons pas penser à la Clarté de tout cela et c’est de cette manière que la réalisation pourra surgir. En fait, il peut y avoir le danger qu’à travers nos yeux ouverts nous ayons des pensées concernant les objets extérieurs, là les Trois Espaces ne seront plus indifférenciés, il y aura des coupures. Nous ne devons pas penser que ces pensées sont bonnes ou qu’elles sont mauvaises, les objets sont comme-ci ou le lieu est comme ça ou qu’il n’y a pas assez d’espace si nous sommes face à un mur.

Cet enseignement qui porte sur le Cœur Secret est en fait un des derniers enseignements que le Bouddha a donné, c’est pour cela que cet enseignement est très profond. Le Cœur Secret, cet enseignement sur les Trois Espaces et la réunion de ces Trois Espaces sont importants. Nous devons durant cette pratique garder les yeux ouverts. Il est important qu’ils le soient. Si nous allons très souvent dans le métro ou dans un souterrain, le fait de ne pas voir le jour ne rend pas notre esprit heureux, nous sommes mieux quand nous quittons ces lieux.

Nous disons que les deux yeux sont la porte de la Sagesse. Il n’est pas nécessaire d’avoir des yeux exorbités, grands ouverts, laissons-les naturels, comme ils sont la plupart du temps. Un Pandit a dit que lorsque nous avons les yeux exorbités et une grande bouche, la méditation devient un démon car avec cette attitude, nous développons de l’orgueil et de ce fait si nous sommes dérangés pendant la méditation, nous nous mettons en colère. Quand nous méditons chez nous, s’il y a du bruit et que nous ne sommes pas dans la détente, cela signifie que nous ne méditons pas réellement car dans la méditation ces sons deviennent nos amis. Dans la méditation qu’il y ait du bruit ou non, cela ne fait aucune différence. Si nous nous disons tout le temps « Je ne suis pas bien ici, il y a trop de bruit chez moi ! », cela en rajoute encore et notre esprit se déstabilise. A quoi cela sert-il ? C’est comme si nous allions voir un médecin et qu’il nous disait : « Oh la ! Vous êtes très malade ! », nous nous sentirions encore plus malade et cela nous apportait encore plus de poison qu’autre chose.

Dans le Vajrayana nous disons que les cinq plaisirs des sens doivent devenir le chemin, alors que dans le Hinayana nous devons abandonner, couper, arrêter tous les plaisirs des sens. Dans le Vajrayana, nous les utilisons sur le chemin. C’est pour cela que nous devons rester détendus, les yeux ouverts, nous ne devons pas penser à la Vacuité, nous ne devons pas penser à la Clarté, nous ne devons pas penser que l’espace peut être petit ou grand, qu’il est bon ou pas bon, en fait, nous devons seulement rester détendus les yeux ouverts. Et donc nous allons faire ainsi quelques minutes...