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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Pratique de Vajrasattva (Dorjé Sempa)- 2/2

Nous devons penser que maintenant nous allons écouter cet enseignement afin d’établir nous mêmes ainsi que l’ensemble de tous les êtres en l’état parfait de Bouddha, tous les êtres qui ont été nos pères et nos mères et dont le nombre est aussi vaste que vaste est l’espace.

Nous en sommes à la méditation de Dorjé Sempa. Comme nous sommes sous l’effet des émotions perturbatrices nous allons pouvoir être purifiés de toutes ces émotions. Quand nous parlons de Dorjé Sempa nous parlons de confession et de purification. Tout d’abord l’on confesse, l’on regrette et ensuite on nettoie. Nous avons tous à l’intérieur de nous- mêmes du regret et nous avons des choses à nettoyer. Nous sommes un peu semblables à une poubelle. A partir du moment ou nous avons des émotions perturbatrices, nous endommageons les vœux du mantra secret, du Mantrayana. A partir du moment où nous sommes engagés dans le Mantrayana, nous ne pouvons avoir ces émotions perturbatrices, nous devons les dissiper. Mais peut-être qu’actuellement nous n’avons pas la possibilité de reconnaître ces émotions.

Sans la reconnaissance de ces émotions perturbatrices certaines personnes vont jusqu’à se suicider. Elles pensent tout le temps : « Je ne suis pas bien, je ne suis vraiment pas bien, je ne suis pas quelqu’un de bien, je suis quelqu’un de mauvais… ». Ces pensées montrent qu’il y a des émotions perturbatrices. De même quand nous pensons qu’autrui n’est pas bien, là encore cela montre qu’il y a des émotions perturbatrices. Dès que nous nous disons, je ne suis pas bien, je suis quelqu’un de mauvais, nous avons des émotions perturbatrices et c’est ce que l’on doit dissiper.

« Je ne sais rien du tout, je ne comprends rien, je n’arriverai à rien, je n’obtiendrai rien .. » sont des émotions perturbatrices que nous devons dissiper. Et puis de même,penser que les autres ne sont pas bien, que les autres sont vraiment mauvais, c’est encore des émotions perturbatrices que nous devons dissiper.

En réalité, nous devons nous débarrasser de la conception du bien et du mal. S’il y a le bien, forcément il y a le mal. S’il y a le mal forcément il y a le bien. Ce sont deux notions que nous devons vraiment abandonner. Si nous n’arrivons pas à dépasser cette notion de bien et de mal, nous n’avons pas la possibilité de nous sortir du samsara. Nous allons errer sans fin dans la roue du samsara.

C’est sur le support de Dorjé Sempa que nous allons pouvoir dépasser cette notion de bien et de mal. Quand nous parlons de la pratique de Dorjé Sempa, comme nous l’avons vu les fois précédentes, elle comprend quatre forces.

La première est la force du regret emprunt d’une profonde tristesse. C’est important car pour commencer si nous n’avons pas de regret sincère dans notre esprit, nous ne pouvons pas avoir les quatre forces. Quand par exemple nous nous disons « Je ne suis pas bien », avec la reconnaissance qu’il s’agit d’une émotion perturbatrice que nous devons dissiper, nous allons pratiquer Dorjé Sempa, il sera notre support pour nous permettre de dissiper cette émotion. C’est la force du support.

Nous allons ainsi méditer au-dessus de notre tête Dorjé Sempa paré de tous les ornements du corps de jouissance. Il est en union avec sa parèdre. Nous visualisons que du nectar s’écoule du mantra qui se trouve en leur cœur. Ce nectar s’écoule par leur endroit secret [1] et vient se répandre et emplir complètement tout notre corps. Nous visualisons que toutes les fautes et les voiles sont complètement expulsés à travers tous les pores de notre peau et que cela continue à s’écouler jusque dans les profondeurs de la terre. Cela réjouit et rassasie le seigneur de la mort [2] qui obtient lui-même l’esprit d’éveil.

Nous devons effectuer cette visualisation très clairement, c’est à dire qu’il ne faut pas voir uniquement la moitié de la divinité. Il est dit que nous devons voir la divinité dans le moindre petit détail. Il est dit que nous devrions voir tous les cheveux, tous les pores de la peau. Cela doit être parfaitement clair, c’est la clarté, les apparences de la clarté. Cependant, comme cette visualisation n’a pas de matérialité car Dorjé Sempa n’est pas un corps matériel, c’est-à-dire qu’il n’a pas de corps physique, cela, c’est la vacuité. Dorjé Sempa est parfaitement clair, son corps est semblable à un corps d’arc-en-ciel, il est l’union de l’apparence-vacuité ou de la clarté-vacuité et c’est ainsi que nous devons méditer. Cette visualisation doit être effectuée ainsi, de manière parfaitement claire, c’est à dire que l’on ne doit pas visualiser uniquement une partie du visage, un œil et pas l’autre, ou une moitié du visage ou une moitié de corps… Cette phase de création doit être parfaitement claire.

Pour les débutants il est difficile de pouvoir méditer aussi clairement que ce qu’il vient d’être dit, aussi faut il s’entraîner bien sûr. Nous pouvons commencer par visualiser la partie haute du corps de Dorjé Sempa sans absolument aucun attribut, aucune parure et ensuite nous pouvons rajouter sa parure, c’est ainsi que nous devons faire progressivement cette visualisation. Voilà comment nous devons nous entraîner. C’est cela la force du support.

La deuxième force est la force du regret en ayant pris comme support Dorjé Sempa. Nous allons penser ainsi : « Depuis des temps sans commencement j’ai commis toutes sortes d’erreurs, toutes sorte de fautes dues à mon ignorance, à ma non-reconnaissance, et ainsi jusqu’à ce jour. Maintenant j’adresse une prière à Dorjé Sempa : Dorjé Sempa , je prends refuge en vous qui avez cette connaissance, je m’en remets sous votre protection, je suis sous l’emprise de l’ignorance due à toutes les fautes, à la non reconnaissance de mon esprit, maintenant je me confesse à vous et je regrette à présent toutes ces fautes. »

Cette force du regret doit être un regret véritable, c’est à dire qu’il faut vraiment bien reconnaître son erreur passée, vraiment regretter son erreur passée. Il ne suffit pas uniquement de dire « Bon, je regrette ! ». C’est comme si quelques années auparavant on avait vraiment fait quelque chose de particulier, quelque chose de très mal, une faute, et que quelques années après nous voyons une personne proche de nous qui sait que nous avons commis cette faute. A ce moment là il y a comme une profonde, littéralement en Tibétain, honte, c’est quelque chose de cet ordre là. Notre regret doit être ainsi, aussi fort.

Je me rappelle quand j’étais tout jeune au monastère au Tibet, vraiment très jeune. Au moment du nouvel an, il y avait une sorte de danse à faire et tous les Lamas se plaçaient en file indienne pour effectuer ce trajet. Nous portions nos plus beaux habits nous avions la cloche et le dorjé. Généralement, les gens autour commentaient : celui-ci est bien habillé, il tient bien la cloche, il tient bien le vajra, les différentes soieries sont belles etc., c’est à celui qui sera le plus beau… Il y a quelques jours de cela près de Bastille je me suis souvenu que bien sur, j’étais le premier de cette procession puisque c’était moi le Lama. Je me suis souvenu que je me disais « Comme je suis bien habillé, ah ! vraiment je suis un grand Lama ! ». Une grande honte est venue dans mon esprit ! Voilà le genre de regret que vous devez éprouver. Quand j’ai eu honte, j’étais seul, il n’y avait personne d’autre. Par rapport à moi-même, j’ai eu honte et je me suis dit à ce moment là que ce n’était pas maintenant étant seul que je devais regretter mais que j’aurai dû me rendre compte et regretter au moment même où je m’étais dit « Voilà, je suis un grand Lama ! ». A la Bastille en me souvenant de cela, j’ai eu vraiment honte de moi ! Je suis très vite rentré chez moi, j’étais très peiné.

Nous avons commis beaucoup de fautes, nous avons beaucoup de défauts à cause de notre ignorance, c’est pour cela que nous devons regretter ces fautes très fortement, avec un très grand regret, une très grande honte et c’est ainsi que nous devons effectuer ce regret, cette confession. Il est dit que si nous n’avons pas ce très grand regret durant la confession, la confession n’est pas parfaitement pure.

La troisième force dont nous avons besoin est la force de l’antidote. C’est à dire qu’il ne suffit pas d’avoir la force du regret. Prenons l’exemple d’une tasse. Nous allons nous rendre compte, dans un premier temps, que la tasse est sale, ça c’est la force du regret. Puis il va nous falloir mettre du produit vaisselle, de l’eau et la nettoyer. Ce produit vaisselle, cette eau c’est la force de l’antidote. Cette antidote est le mantra des cent syllabes. Quand nous parlons du mantra des cent syllabes il y a deux sortes de mantras, le mantra long de cent syllabes et le mantra court de six syllabes. Quoiqu’il en soit tous les deux sont des antidotes. Ainsi par la force du support, c’est à dire la méditation de Dorjé Sempa, avec la force du regret sincère de toutes les fautes commises et avec la force de l’antidote qui est le mantra de Dorjé Sempa, nous pouvons purifier nos émotions perturbatrices. Voici pour les trois forces, la force du support, la force du regret et la force de l’antidote.

Cependant même avec ces trois forces nous pouvons commettre à nouveau des erreurs, c’est pourquoi il est nécessaire d’avoir un engagement. La force de l’engagement est la quatrième force. Faire le vœu en son esprit disant : « L’erreur que je commets maintenant, je ne la commettrai plus dans le futur ! » ça, c’est l’engagement que l’on prend !

Ces quatre forces sont l’antidote nécessaire, que vous fassiez dans le futur des retraites de Dorjé Sempa ou que vous preniez comme Yidam Dorjé Sempa. En ayant ces quatre forces durant la pratique de Dorjé Sempa, il est dit que nous pouvons purifier les cinq actes incommensurables.

Quels sont ces cinq actes incommensurables ?

C’est faire physiquement du mal à son maître, de développer en son esprit des vues erronées vis à vis de son maître. C’est un grand endommagement. Les quatre forces de la pratique de Dorjé Sempa permet de purifier même ce genre d’acte. A notre époque due surtout à nos émotions perturbatrices nombreuses, il est très facile d’endommager les engagements bien que nous ayons décidé de ne plus les commettre. Il est dit que de mal agir particulièrement par la parole vis-à-vis des Bodhisattvas est vraiment une très grande faute, et cela a encore moins de sens que toute parole insensée que l’on pourrait avoir.

Un grand accompli, Drupchen Nakpopa, (Drupchen signifie accompli et Nakpopa signifie avoir une peau très noire) vivait dans les charniers, les cimetières. Un jour, un homme le voyant dit à un autre homme : « Regarde, on dirait un corbeau ! ». Et le seul fait d’avoir prononcé ces paroles a fait que cet homme a pris renaissance pendant cent vies comme corbeau. C’est pourquoi, on dit que l’on peut commettre de très grandes fautes avec la parole.

A notre époque nous aimons beaucoup entendre les enseignements et nous allons écouter l’enseignement d’un lama, d’un autre lama et puis après nous allons écouter encore d’autres enseignements. Nous aimons beaucoup écouter les enseignements mais nous ne gardons pas beaucoup nos liens d’engagement, nous ne les protégeons pas. Nous allons penser « Ce lama-ci est bien, mais ce lama-là n’est pas bien !… ». C’est vraiment un très grand défaut, c’est un très grand endommagement que nous effectuons en ayant ce genre de paroles. Par exemple on peut dire « Avant j’allais suivre tels enseignements mais je n’y vais plus parce que maintenant je n’aime plus ! ». Seulement, à partir du moment où on reçoit les quatre vers d’un lama, il devient notre maître, notre enseignant. C’est pourquoi ne pas avoir de respect, d’avoir ce genre de conduite, est vraiment un très grand endommagement. Voilà pour le premier acte incommensurable.

Il y a aussi le fait de tuer son père ou sa mère. De dire « Je n’ai pas besoin de tradition spirituelle, de dharma, je n’ai pas besoin de ça ! ». C’est aussi un très grand endommagement. Cela montre bien qu’il est très facile pour nous d’endommager les engagements que nous avons pu prendre. C’est pourquoi, il est bien de reconnaître les erreurs commises et sur ces erreurs commises utiliser les quatre forces. Il est dit que nous pouvons purifier les cinq actes incommensurables en faisant ainsi.

Que signifie prendre le support du lama ? Que le lama devient vraiment l’aspect principal, qu’est-ce que cela signifie ?

Par la bénédiction que l’on peut recevoir du lama par la foi, par la dévotion que l’on va avoir vis-à-vis de lui et par les instructions essentielles que l’on va recevoir du lama, nous allons monter, nous ne pouvons que monter. Alors qu’à l’inverse, s’il n’y a pas cela nous ne pouvons pas monter car nous ne recevons pas sa bénédiction. C’est semblable à l’exemple d’un serpent dans un bambou, C’est-à-dire qu’il ne peux que monter ou descendre. Dondrumpa disait que le lama était semblable aux deux yeux. Cela signifie que le lama est aussi précieux que nos propres yeux, sans les yeux nous ne pouvons voir.

Dans la pratique de Dorjé Sempa, notre lama c’est Dorjé Sempa, ainsi nous allons pouvoir dissiper complètement l’ensemble de toutes nos émotions perturbatrices, dissiper complètement ou purifier l’ensemble de toutes nos erreurs commises, les brisures, les engagements aux endommagements. Quelle que soit la divinité que nous pratiquons, elle est en essence notre propre lama racine et il a l’aspect des différentes divinités, que ce soit Dorjé Sempa ou que ce soit une autre divinité.

Le lama est la source de toutes les bénédictions que nous pouvons recevoir. Il est important de bien retenir cela dans notre esprit, si nous pratiquons par exemple le lama Dorjé Sempa et que nous ne retenons pas cela dans notre esprit, la pratique n’a pas vraiment de sens. Lorsque nous voulons dissiper nos émotions perturbatrices, nous devons nous en remettre au lama et prendre l’engagement vis-à-vis de notre esprit.

Dans cette méditation de Dorjé Sempa, le nectar s’écoule de Dorjé Sempa et pénétre notre corps pour le remplir. Nous devons visualiser que notre corps se remplit comme un récipient de cristal qui se remplirait de lait, le cristal prendrait donc un aspect laiteux. Nous devons nous visualiser transparent. Nous devons nous voir aussi clair à l’intérieur que de l’extérieur. C’est ainsi que nous devons méditer, en visualisant que nous devenons véritablement semblable à Dorjé Sempa. Emplis de cette grande dévotion, de cette grande foi nous restons au repos quelques instants.

Puis nous visualisons que Dorjé Sempa se fond en nous. Lorsque le lama se fond en nous, nous devons penser que nous recevons l’ensemble de toutes les bénédictions, de tous les accomplissements des Bouddhas et des Bodhisattvas sans absolument aucune exception. Puis nous méditons quelques instants dans cet état.

Quand à nouveau nous pensons que nous sommes Dorjé Sempa, nous nous visualisons sous la forme de Dorjé Sempa. En notre cœur se trouve un disque de lune, sur ce disque de lune sont posées les six syllabes du mantra court de Dorjé Sempa. Nous les voyons tourner en les visualisant pendant que nous récitons ce court mantra de Dorjé Sempa. A ce moment là, tous les sons que l’on entend sont le son, la parole de Dorjé Sempa, son mantra. Toutes les apparences qui émergent ne sont rien d’autre que le paradis pur de Dorjé Sempa et ainsi avec une profonde dévotion, une profonde foi, nous allons développer les apparences pures et demeurer dans les apparences pures. Petit à petit toutes les apparences qui sont actuellement impures vont devenir pures. Grâce à cela nous allons pouvoir effectuer la dédicace.

Nous devons alors penser que véritablement tous les phénomènes n’ont pas de matérialité, n’ont pas de réalité intrinsèque. L’ensemble de tous les phénomènes est semblable à une illusion magique, semblable à un mirage, semblable à un rêve, sans absolument aucune matérialité.

Si vous désirez méditer sur Dorjé Sempa vous pouvez faire ainsi. Ceux qui ont déjà effectué des retraites sur Dorjé Sempa ont reçu des explications plus extensives, je ne vous les donne pas maintenant, car il y a des gens qui peut-être n’ont jamais pratiqué Dorjé Sempa, n’ont jamais effectué de retraite de Dorjé Sempa. Les personnes qui auraient dans le futur envie d’effectuer une retraite de Dorjé Sempa, recevront ces explications plus détaillées.

Je ne donne pas toutes les explications sur les différentes roues, les différents chakras, sur les quatre initiations que nous pouvons recevoir, sur les différentes sagesses que nous pouvons obtenir, etc., car j’ai moi-même des engagements. Le temps n’est pas venu, ce n’est pas le moment , maintenant je ne donne pas plus d’explication car il y a le moment de l’écoute de l’enseignement et le moment de la pratique. Quoi qu’il en soit vous pouvez déjà pratiquer Dorjé Sempa, comme nous venons de le voir. C’est une très bonne chose si vous pouvez méditer Dorjé Sempa de cette manière résumée que je vous ai donné ce soir.

Jowo Atisha a dit qu’il n’y a pas de différence entre la profondeur de l’enseignement et des instructions que le lama donne. On ne peut pas dire qu’il y a des enseignements profonds ou moins profonds. La différence est au niveau de la dévotion.

Dromteunpa était un disciple de Jowo Atisha. Il était auprès de lui. Un jour, Jowo Atisha a demandé à Dromteunpa : « Apportes-moi ce texte. ». Dromteunpa n’entendit pas, donc la deuxième fois Jowo Atisha un peu plus courroucé lui a dit « Apportes-moi ce texte ! ». Et de manière encore plus courroucée, il répéta : « Apporte-moi ce texte ! ». C’est ainsi que Dromteunpa reçu l’instruction essentielle.

Un jour, Do Khyentsé à dit à Patrul Rinpoché : « Tu n’es qu’un vieux chien, comme un vieux chien tu te traînes, tu n’es pas capable de marcher véritablement ! ». Il prit sa chaussure et le frappa au front. Patrul Rinpoché s’évanoui. En se réveillant il avait reçu l’instruction essentielle de son maître. C’est pourquoi, Patrul Rinpoché a gardé son nom de vieux chien, parceque son maître Do Khyentsé l’avait appelé : « vieux chien ».

De même Tilopa a frappé Naropa avec la semelle de sa chaussure. Ainsi il a reçu l’instruction essentielle, l’introduction. Il en est ainsi, l’introduction se fait de cette manière, quand il y a une réelle foi, une réelle dévotion.

Tant qu’on n’a pas de dévotion et que le maître nous dit : « Ton esprit est ainsi, ton esprit n’a pas de matérialité, ton esprit est vide, ton esprit est vacuité, ton esprit est clarté », quand bien même on nous explique ceci aussi clairement, on ne reçoit pas l’introduction à la nature de l’esprit. Alors bien qu’on pense : « L’enseignement que j’ai reçu est vraiment profond, c’est un enseignement très profond ! », on n’a pas compris le sens de la vacuité.

Je pense qu’il y a peut-être besoin de la chaussure ! J’aime bien plaisanter, peut-être que la chaussure ne sera pas nécessaire !