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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

La Prajnaparamita - le sutra du Cœur

Le Sutra du Cœur commence ainsi : "En langue indienne", rendant ainsi hommage à l’Inde, le pays du Bouddha. Il continue disant : "En tibétain", car le reste de la prière est écrit en tibétain. Donc en langue indienne, ou plutôt sanscrite nous rendons hommage à la Prajnaparamita, terme sanscrit qui signifie le Cœur de la Victorieuse Sagesse Transcendante [1], en prononçant ces mots nous nous prosternons devant elle.

Ce sutra, ces paroles du Bouddha Shakyamuni, ont été prononcées en Inde, près de Bodh-Gayâ, au Pic des Vautours. En regardant cette montagne de loin, elle ressemble à un vautour, à cet oiseau qui mange les cadavres au Tibet, c’est là même que le Bouddha Shakyamuni a énoncé le Sutra du Cœur.

À cet endroit même se trouvait la grande Sangha, la sublime noble communauté des moines et des Bodhisattvas. Ici, l’on différencie les petits Bodhisattvas qui ont obtenu la première Terre des grands Bodhisattvas qui sont ceux de la deuxième, troisième, quatrième, cinquième Terre, etc. jusqu’à la huitième Terre.

Ainsi, grâce à tous les enseignements du Bouddha, à toutes les apparences profondes du Bouddha, ceux qui résidaient en ce lieu pouvaient en un instant demeurer dans l’équanimité de l’absorption méditative. En ce qui nous concerne, nous n’avons même pas pour un instant la possibilité d’être dans cet état. Mais tous ces êtres, grâce à l’énergie même de la capacité du Bouddha Shakyamuni, purent en un instant demeurer dans cet état d’absorption méditative. L’entrée dans l’absorption méditative était possible grâce à la capacité, à l’énergie même du Bouddha Shakyamuni. C’était tout comme entrer dans un chemin ou par la porte d’entrée d’une maison. Grâce à son énergie, il y a eu d’innombrables manières d’entrer en absorption méditative, en méditation, en concentration de toutes sortes.

Ainsi, alors que le Bouddha Shakyamuni demeurait en cet état, à ce moment précis, le grand Bodhisattva, le noble Chenrézi, qui demeurait aussi en cet état, parvint à l’état de la Sagesse Transcendante.

Dans cet état d’absorption méditative, demeurant dans la Vue, il reconnut la nature vide des cinq agrégats, et que tous les phénomènes et toutes formes étaient vacuité.

Par la grâce et la bénédiction du Bouddha Shakyamuni, Sharipoutra posa une question au grand et noble bodhisattva Chenrézi qui demeurait en absorption méditative. Le noble Sharipoutra qui posa la question et le noble Chenrézi qui lui répondit étaient tous deux sous la bénédiction du Bouddha. C’est donc bien par la grâce du Bouddha Shakyamuni que cette question précise a pu être posée et que celui qui a répondu par le Sutra du Cœur a pu le faire.

Le noble Chenrézi répondit alors au noble Sharipoutra :

Noble fils, Sharipoutra, les fils et filles de noble famille qui voudraient réaliser l’activité de la profonde sagesse transcendante la verraient ainsi.

Le terme : "fils ou filles" signifie tous ceux qui désirent suivre le chemin. Ainsi pour tous les fils et les filles de noble famille qui désirent obtenir la Sagesse Transcendante, voici le chemin qui conduit à l’état de l’activité de la Sagesse Transcendante, en voici la Vue.

Il dit alors :

Les cinq agrégats, l’ensemble de tous les agrégats, la nature même de ceux-ci, sont vacuité, sont parfaitement purs, parfaitement vacuité, la forme est vide. Cela est la Sagesse Transcendante. La forme est vide et du vide nait la forme ; et de la forme est la vacuité.

Signifiant qu’il n’y a rien d’autre qui est vide que la forme.

Et de même, la sensation est vide. De même la perception est vide tout comme la sensation ; et de la vacuité il y a perception. De même pour les formations mentales et les autres agrégats.

Que signifie la forme est vide ?

Quand nous parlons de la forme, nous parlons de notre corps. Puisque notre corps est vacuité, nos sensations sont vides aussi. Puisque, comme nous avons un corps, nous avons des sensations. Ces sensations sont vides, donc puisque ces sensations sont vides, notre esprit lui aussi est vide, il est vacuité. La conscience est vide, la conscience des organes des sens est vacuité. L’organe de la vue est vide, bien que de cette vacuité procède l’organe de la vue.

Le noble Chenrézi ajouta :

Et ainsi, Sharipoutra, l’ensemble de tous les phénomènes est vacuité, est vide.

Il faut donc bien comprendre que le terme "tous les phénomènes" peut aussi vouloir dire le Dharma, et dans ce contexte précis il s’agit bien de la vacuité de l’ensemble de tous les phénomènes de notre monde.

Il dit encore :

Les phénomènes n’ont pas de caractéristique. Il n’y a pas de naissance, il n’y a pas d’obstruction.

Et donc, s’il n’y a pas de naissance, il n’y a pas d’obstruction. S’il n’y a pas d’obstruction, il n’y a pas de souillure, puisque tout est vacuité, tout est vide.

Il n’y a pas de diminution, il n’y a pas d’augmentation, rien qui ne décroît, rien qui ne s’accroît.

Dans la Vue [2], la vacuité elle-même n’a pas de forme. Donc s’il n’y a pas de forme, il n’y a pas de sensation, il n’y a pas de perception, il n’y a pas de formation mentale, il n’y a pas de conscience.

Puis il ajouta :

Il n’y a pas d’yeux, pas de nez, pas d’oreille, …,

Ce qui signifie qu’il n’y a pas de saisie. Lorsque nous disons qu’il n’y a ni yeux, nez, oreilles etc., cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas. Nous avons bien sûr des yeux, nous avons une langue, nous avons une bouche, nous avons un nez, nous avons des oreilles. Le sens est que l’ensemble de tout cela est vacuité et puisque tout est vacuité, il n’y a pas de saisie possible, et puisqu’il n’y a pas de saisie, c’est que tout est vacuité, et dans cette vacuité-là, effectivement, on peut dire qu’il n’y a pas d’yeux, pas de nez, etc.

Il est tout à fait possible que pour certaines personnes, ces mots : "Il n’y a pas d’yeux, il n’y a pas d’oreilles, il n’y a pas de nez, il n’y a pas de langue etc." soient très difficiles à entendre. Cette énumération complète est faite pour qu’il n’y ait plus aucune saisie, car nous saisissons tout. Si nous disons "Il n’y a pas de nez", peut-être que nous allons penser "mais, j’ai quand même des yeux !". Donc, c’est à cause de toutes ces saisies qu’il est dit que les phénomènes, dans leur ensemble, n’existent pas, et ainsi, il n’y a plus rien à saisir.

Certains Lamas, au Tibet, vont dire : Il n’y a pas d’yeux, il n’y a pas d’oreilles, il n’y a ni forme, ni son, ni odeur, ni saveur.

Mais quand il s’agit du Dharma, dire qu’il n’y a pas de Dharma, de phénomènes, alors là, pour eux c’est difficile, car pour eux le Dharma est quelque chose de vraiment important. C’est pourquoi ils le saisissent vraiment très fort.

Ils diront : Ah non, ça n’est pas possible qu’il n’y ait pas le Dharma ! Le Bouddha Shakyamuni a donné ces enseignements, non, ce n’est pas possible !

Tout cela pour dire que ces Lamas n’ont pas vraiment compris le sens de ce texte !

Dans un des dix-huit soutras du Bouddha Shakyamuni, il est dit :

L’extérieur est vide, l’intérieur est vide

Puis de même il est dit encore :

L’intérieur est vide, l’extérieur est vide.

Puis après de longues circonlocutions, il conclut en disant

La vacuité est vacuité, le vide est vacuité.

Afin de bien s’assurer qu’il n’y a absolument aucune saisie possible.

Notre esprit est très compliqué, si nous n’énonçons pas bien tout cela, nous risquons à la fin de penser, que la vacuité existe, et pire encore, de la saisir. C’est pourquoi il est dit qu’il n’y a pas de phénomènes.

Le texte se poursuit par

Il n’y a pas l’organe de la vue, ou les domaines d’extension de la vue.

Dans le sens où il n’y a aucun domaine d’extension ; il n’y a pas d’ignorance, et puisqu’il n’y a pas d’ignorance, il n’y a pas de fin à l’ignorance. Vous pouvez penser que vous avez la Connaissance, mais non, vous ne l’avez pas non plus.

Pareillement :

Il n’y a ni vieillesse ni mort.

Ce qui suit est vraiment très profond , mais nous manquons de temps pour aller aussi profondément :

Il n’y a pas de souffrance, ni origine de la souffrance, ni cessation de cette souffrance (...) Il n’y a pas de chemin, il n’y a pas de sagesse.

S’il n’y a pas de sagesse, il n’y a pas d’obtention. Donc il n’y aura pas à obtenir de Sagesse Transcendante et s’il n’y a pas d’obtention possible, il n’y a rien à obtenir !

C’est ainsi que le noble Chenrézi a parlé en disant :

Shariputra, la Vue est ainsi.

C’est pourquoi il n’y a pas à obtenir cet état de Bodhisattva et ce qui n’est pas à obtenir, c’est cela, l’état de Bodhisattva, et nous ne pouvons pas dire : Je suis un Bodhisattva !

Si nous comprenons cela, nous comprenons véritablement le Sutra du Cœur, la Sagesse Transcendante.

Quel est le sens du Sutra du Cœur, de la Sagesse Transcendante ?

Cela signifie que notre esprit n’est pas voilé : trakpa mépa (en tibétain : qui n’a pas peur). Et qu’il n’y a rien, non plus, à accomplir dans l’esprit. Il n’y a pas de peur dans l’esprit. C’est cela aller au-delà de la souffrance. Nous souffrons parce que nous pensons que le Samsara existe. Quand nous reconnaîtrons que ce Samsara n’existe pas, nous pourrons aller au-delà du Samsara.

Pourquoi ne pouvons-nous pas obtenir cette Sagesse Transcendante ? Parce que nous disons : Je suis en train de méditer.

Cette pensée "je suis en train de méditer", signifie que nous avons une très forte saisie, une très grande saisie.

Lorsque dans la suite du texte il est fait référence aux trois temps : le temps passé, le temps présent et le futur, cela signifie que l’ensemble de tous les Bouddhas du passé, du présent et du futur ont obtenu, obtiennent ou obtiendront l’insurpassable perfection, sur la base de la Sagesse Transcendante. C’est sur cette base que l’ensemble des Bouddhas ont véritablement parachevé l’état d’Eveil parfaitement pur.

L’essence même du Sutra du Cœur se trouve dans le mantra de la Sagesse Transcendante, c’est pourquoi il est dit que ce mantra est le mantra de la Grande Connaissance, et qu’il est insurpassable. Cela signifie que de tous les 84 000 enseignements du Bouddha, le cœur même de tous ces enseignements est le mantra du Sutra du Cœur, le mantra de la Prajnaparamita. Voilà pourquoi ce mantra est la Grande Connaissance et qu’il est insurpassable.

Nous avons vu précédemment la signification même du mot insurpassable pour expliquer le sens du mot Lama. Et ainsi il n’est pas juste de dire qu’après le Lama il y a le Rinpoché, puisque Lama signifie insurpassable : il est plus juste de dire qu’après le Rinpoché, il y a le Lama, c’est-à-dire l’insurpassable.

L’insurpassable est celui qui est au sommet, qui est au sommet du pic, il n’y a rien au-dessus. C’est aussi pourquoi, parmi tous les enseignements du Bouddha, la Sagesse Transcendante est insurpassable.

Le mantra de la Sagesse Transcendante est le mantra de l’équanimité qui rend égal ce qui n’est pas égal. Quand il n’y a pas d’égalité, d’équanimité, il y a souffrance. C’est pourquoi ce mantra a la capacité de pacifier l’ensemble de toutes les souffrances car il est le cœur même de la Sagesse Transcendante. Il est dit que même si vous n’avez pas conscience de la Sagesse Transcendante, vous pouvez reconnaître qu’il y a de la souffrance dans votre esprit, et si vous récitez le Sutra du Cœur et son mantra, en méditant sur son sens, de la confiance naîtra en vous. Confiant ou pas, récitez ce mantra, vous verrez bien !

Il existe aussi un autre texte plus important qui explique la Sagesse Transcendante mais la racine même de la Sagesse Transcendante est ce texte-ci. Si dans le futur une bonne connexion s’établit, il sera bien, alors, de prendre l’autre texte Ouma Tsaoua Cherab qui en donne une explication détaillée.

Néanmoins, grâce à ce texte que nous étudions, nous pouvons obtenir une très bonne compréhension de l’interdépendance lorsqu’il est dit la forme est vide, le vide est forme. C’est sur le support d’une chose (la forme) qu’il y a la vacuité, et la vacuité est le support où est la forme.

Par la méditation, nous pouvons comprendre véritablement la Sagesse Transcendante car lorsque nous demeurons en méditation, nous ne saisissons pas les objets que nous percevons. Généralement, lorsque nous ne méditons pas dans l’état ordinaire, il y a une double saisie, celle de l’objet perçu et celle de celui qui perçoit l’objet. C’est grâce à la méditation que nous pouvons avoir une compréhension véritable de la non-saisie et de la non-existence. Vous ne devez pas penser que la méditation est une chose et que la Sagesse Transcendante en est une autre, que ce sont deux choses séparées. En réalité, c’est la même et unique chose, et lorsqu’il y a parachèvement, c’est-à-dire l’état de perfection complète de la Sagesse Transcendante, nous sommes dans la Grande Perfection, dans le Dzogchen.

Si quelqu’un prétend avoir complètement parachevé, compris et réalisé le sens de la Grande Perfection tout en disant ne pas avoir compris le sens de la Sagesse Transcendante, cette personne est vraiment stupide ! Car s’il y a compréhension et obtention du sens du Dzogchen, il est très facile de comprendre le sens de la Sagesse Transcendante. Il en est de même s’il y a réalisation de la Sagesse Transcendante, car dans cet état nous sommes dans la perfection, dans la Grande Perfection.

Mais revenons au texte lorsque le noble Chenrezi dit à Shariputra :

Ainsi, tous les grands Bodhisattvas ont cette Vue et il n’y a rien d’autre que cette profonde sagesse transcendante, maintenant, entraîne-toi.

À ce moment-là, le Bouddha Shakyamuni sortit de son absorption méditative, il se leva et il dit ceci :

Noble Bodhisattva Chenrezi, ce que tu dis est excellent, c’est vraiment excellent, ce que tu dis est cela, vraiment cela.

Il ajouta :

Vous devez vous entraîner à ce sens profond de la sagesse transcendante, c’est ainsi, entraînez-vous !

Et le Bouddha Shakyamuni fut réjoui que tous les Bouddhas et Bodhisattvas que l’ensemble de tous ceux qui sont dotés de qualités, que l’ensemble du Mandala, que l’ensemble des dieux, des humains, des non humains, des mangeurs d’odeurs, que l’ensemble de tous les êtres qui peuplent le monde puissent être dans l’activité de la Sagesse Transcendante.

Pourquoi le Bouddha Shakyamuni n’a-t-il pas proféré ces paroles lui-même ?

Et pourquoi n’a-t-il pas donné sa bénédiction au noble Chenrézi pour qu’il le fasse ?

C’est parce que le Bouddha Shakyamuni avait tout parachevé, parce qu’il demeurait dans la perfection de la Sagesse Transcendante qui est inexprimable par les mots. Cela signifie que la Sagesse Transcendante est inexprimable par les paroles, parce qu’elle ne peut être ni pensée, ni conçue par des pensées. Ce sens est vraiment très profond car il signifie que la Sagesse Transcendante ne peut être réalisée que par la confiance et la dévotion. Voilà pourquoi, pour aller au-delà, nous répétons le mantra de la Sagesse Transcendante qui signifie en français : ainsi - om – allé - allé – allé au delà – allé complètement au delà – éveil – qu’il en soit ainsi.

De cette manière, nous pourrons réaliser.

Dans le texte, après la récitation du mantra, des hommages sont rendus au Lama, au Bouddha, au Dharma, à l’enseignement, à la Sangha. Cela signifie que le Lama a parachevé cet état tout comme le Bouddha, que de même le Dharma est parachevé puisqu’il est l’enseignement du Bouddha, et que pour la Communauté c’est pareil, car il s’agit de la Noble Communauté qui a proféré ces paroles.

Puis l’hommage est aussi rendu à la Prajnaparamita, la Grande Mère (Ma Youm en tibétain). Youm est un terme féminin, signifiant la vacuité. Dans le terme Yab Youm, il ne s’agit pas de femme, mais de vacuité. Les apparences représentent l’aspect masculin, Yab ; elles sont en essence vacuité, Youm (féminin). Ainsi il y a la vacuité et les apparences, il y a la clarté et la vacuité, il faut comprendre ce terme Youm dans le sens de l’union de la vacuité et de la clarté. Yab Youm est le terme utilisé pour les déités en union que nous visualisons parfois, c’est-à-dire les divinités masculines et féminines ensemble. Ces déités en Yab Youm symbolisent les apparences et leur essence qui est vacuité, et quand les deux sont réunies, il y a félicité. Quand il y a reconnaissance que toutes les apparences sont vides, elles sont la félicité.

Ainsi nous rendons hommage à la Prajnaparamita, la Grande Mère. Cet hommage exprime notre confiance en elle car sans cette confiance dans notre esprit, à quoi cela servirait-il de lui rendre hommage ? Nous avons confiance et faisons le souhait que ces paroles puissent être accomplies.

La prière va nous aider à traverser et va complètement détourner l’ensemble de tous les ennemis qui pourraient se trouver sur le chemin qui conduit à la Sagesse Transcendante. Le roi Indra a reçu en d’autres temps le sens profond de cette Sagesse Transcendante, il a réfléchi au sens profond, il a récité le texte et les mantras, c’est grâce à cela qu’il a pu complètement écarter l’ensemble des démons. À ce niveau du texte nous frappons dans nos mains, non pas pour chasser les démons extérieurs, mais pour éradiquer notre démon intérieur. Ainsi, comme le roi Indra, tous ensemble, nous souhaitons comprendre et réaliser le sens profond grâce à la récitation du texte de la Sagesse Transcendante, et nous souhaitons éliminer l’ensemble de tous les démons, de tous les ennemis intérieurs et de toutes les fautes. Puisse l’ensemble de tous les démons être complètement chassés pour que se manifeste la vacuité afin que nous soyons dans la paix, dans la paix suprême !

Actuellement, si nous voulons vraiment extraire l’essence de la Sagesse Transcendante, nous devons utiliser des mots car nous faisons encore référence à l’ensemble de tous les liens. Mais, puisque que la forme est vide et que le vide est forme, comment peut-il y avoir obstruction, naissance, nihilisme, éternalisme, allée et de venue ?

Est-ce que la vacuité peut apparaître ? Non, la vacuité ne peut pas apparaître car il n’y a pas de séparation, nous ne pouvons pas dire qu’il y a la forme et qu’il y a la vacuité, que les deux sont séparées. Il y a juste un seul sens, nous ne pouvons pas dire d’un côté il y a la forme et de l’autre la vacuité, que ce sont deux sens différents, car la forme est vide et le vide est forme.

Puis nous rendons hommage à ces saintes paroles et au parfait Bouddha.

A ce moment-là, il n’y a plus d’émotions, et s’il n’y a plus d’émotions, il n’y a plus de supports, n’est-ce pas ? Et donc, s’il n’y a plus d’émotions, les 84 000 forces obstructives et toutes les négativités sont pacifiées. Et quand il n’y a plus d’émotions perturbatrices, il n’y a plus de disharmonie possible, tout est harmonieux, cette harmonie est excellente, ainsi que les souhaits de bon augure !