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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Présentation des six bardos - 1/19

Je suis vraiment très heureux de vous voir tous ici ce soir, de revoir certains que j’ai rencontrés auparavant. Que nous puissions à nouveau être réunis ensemble m’apporte une grande joie.

En fait, cela est dû au karma, cela est dû à tous les souhaits que nous avons pu effectuer. Sans le souhait de nous rencontrer, nous n’aurions pas eu la possibilité que cela se fasse, donc cela est vraiment dû à ce que nous avons fait et pensé auparavant. Il y a une parole de Bouddha qui dit que c’est à travers cette connexion que le lien, entre notre esprit et le Saint Dharma, a pu se produire. En fait, je suis un Lama qui vient du Tibet, vous, vous êtes tous français. C’est grâce au lien avec l’enseignement du Bouddha avec le Saint Dharma que nous sommes tous ici ce soir, c’est vraiment très bien, n’est-ce pas ? Nous venons de pays différents mais notre souhait a été le même, c’est pourquoi nous sommes ici ce soir ensemble.

Nous allons recevoir ce soir et d’autres soirs les enseignements sur les six bardos, les six états intermédiaires qui sont la racine même de tous les enseignements du Dharma. Pouvoir recevoir ces enseignements est vraiment d’un très grand mérite.

Nous pouvons trouver ces six bardos, ces enseignements sur les six états intermédiaires dans l’ensemble de tous les enseignements du Bouddha que ce soit dans les Sutras, que ce soit dans le Vajrayana, que ce soit dans tous les différents véhicules. Ces six bardos existent parce qu’il y a des êtres humains, des êtres vivants. Parce qu’il y a l’enseignement du Bouddha, il y a l’enseignement sur les six bardos. Quand nous parlons du bardo de l’état intermédiaire, il ne s’agit pas du passé, pas du futur, il s’agit de l’état « entre-deux », l’état intermédiaire, c’est cela le bardo.

Il y a six bardos, le bardo de cette vie est le premier, le deuxième est le bardo du rêve et le troisième bardo est le bardo de la méditation. Les trois autres bardos sont le bardo du moment de la mort, le bardo de la réalité absolue et le bardo du devenir ou de l’illusion. Le bardo de cette vie dure jusqu’au bardo du devenir. Quand nous parlons du bardo du devenir cela fait référence à l’ensemble des êtres qui errent dans le samsara, dans le cycle du devenir, c’est pourquoi nous pouvons dire que le bardo de cette vie englobe tous ces moments.

Nous pouvons aussi dire qu’il y a quatre bardos au lieu de six. C’est à dire que nous allons inclure le bardo du rêve et de la méditation dans le bardo de cette vie. Pour ce qui est du bardo de la mort, ce moment précis, nous pouvons recevoir les instructions pour la pratique de Powa qui est la pratique du transfert de la conscience.

Quand nous parlons du bardo de l’état intermédiaire cette vie, il s’agit bien du moment à partir de la naissance.

Pendant le bardo du devenir, de l’illusion, l’ensemble de tous les êtres errent dans le cycle des existences, dans le samsara. À un moment précis, un être va rentrer dans la matrice de la mère, il y restera en gestation puis il va naître. Au moment de la naissance, il entre dans l’état intermédiaire du bardo de cette vie.

Que nous pratiquions le Dharma que nous nous entraînions à le pratiquer ou pas, quoiqu’il en soit, le bardo de cette vie est là. Cela dépend véritablement de nous, si nous ne pratiquons pas du tout, nous allons errer sans fin dans le cycle des existences, mais si nous pratiquons véritablement, si nous entraînons notre esprit, il sera alors possible de se libérer des différents bardos.

Dès la gestation, dans le ventre de la mère, nous expérimentons toutes sortes de souffrances, mais ces souffrances-là nous les avons oubliées, n’est-ce pas ? De même, nous ne nous souvenons pas des souffrances de nos vies passées. A présent, parmi toutes les souffrances que nous pouvons expérimenter, nous avons des souffrances que nous ne comprenons pas, de même, nous ne connaissons pas celles qui viendront dans le futur.

Tout cela est dû à l’ignorance. Nous sommes en train de dormir. Durant ces six bardos peut-être que nous nous reposons ! Nous allons devoir nous réveiller un petit peu car nous ne sommes plus des enfants à toujours dormir ainsi, nous sommes des adultes, nous devons nous réveiller. Jusqu’à présent, nous sommes allés sur un chemin erroné et c’est pour cela qu’il nous faut essayer de trouver le bon chemin. Nous sommes actuellement dans le bardo de cette vie et nous ne le comprenons pas.

Durant les années précédentes, nous avons expérimenté toutes sortes de souffrances mais nous ne nous en souvenons plus véritablement. Nous ne connaissons pas encore les souffrances à venir. Ce qu’il s’agirait de faire, c’est de comprendre la racine même de ces souffrances. En comprenant la racine, le souvenir des souffrances précédentes, les souffrances du futur n’auront plus aucune importance.
Quelle est la racine de cette souffrance ? C’est notre esprit. Si nous ne connaissons pas notre esprit, nous allons errer continuellement dans le samsara.

Dans des pays comme la France, dans les différents pays d’Europe où il y a eu certains progrès, comme passer de la monarchie à la démocratie, c’est bien, c’est même très bien. Cependant, au-delà du développement dans ces différents pays, il y a des manques. Les êtres qui vivent dans ces différents pays possèdent des maisons, des voitures et, malgré toutes ces possessions, ils souffrent. Ces souffrances proviennent de notre esprit, pas des possessions ou d’autre chose. Notre esprit est malade, il nous faut le reconnaître, le soigner. Nous avons besoin d’une médecine pour nous soigner. Je vais vous donner les instructions sur les six bardos, un petit peu comme un médecin. Grâce à cet enseignement, vous allez pouvoir soigner votre esprit, guérir de votre maladie, c’est-à-dire que vous allez être guéris de votre souffrance.

Je vous donne ce remède et c’est à vous de décider si vous allez le boire ou non. Si vous le buvez, vous serez soignés. Si vous avez cette médecine et que vous la laissez sur le bord de votre table que vous ne la prenez jamais, elle ne vous guérira pas, elle sera là mais elle ne vous sera pas utile.

J’ai moi-même essayé, j’ai un petit peu mangé de cette médecine des six bardos et j’ai vu que ma maladie était en très grande voie de guérison. Je peux vous dire que cela a vraiment un très grand effet. Cette médecine est vraiment très profitable, donc vous pouvez la prendre.
Quand je regarde une photo de mon enfance, nous pouvons voir qu’il y avait un peu de souffrance sur mon visage. J’ai donc pris ce remède des six bardos et, maintenant, quand je me regarde, je me dis que ces souffrances, que cette maladie sont vraiment complètement parties et cela va bien.

Dans le bardo de cette vie, la racine même de la souffrance, c’est notre esprit. En fait si nous connaissons la nature véritable de notre esprit, nous aurons la possibilité de reconnaître la nature véritable de la souffrance. Prenons deux exemples, « je ressens une grande souffrance et je reconnais la nature de cette souffrance » et « je ressens une grande souffrance et je me plains. Oh là là, comme je souffre ! ». Si je reconnais que l’esprit est la nature même de mes souffrances cela m’aidera, si je me plains, cela empirera. Lorsque la souffrance apparaît, se dire : « Oh là là, qu’est-ce que je suis en train de souffrir ! », puis pleurer, cela signifie que nous tenons très fortement cette souffrance, nous la saisissons et elle va s’accroître de plus en plus. Au contraire, si nous reconnaissons véritablement qu’une souffrance apparaît à notre esprit alors, peut-être que dès l’instant où nous la reconnaissons, cette souffrance va disparaître.

Durant ce bardo de cette vie, il faut prendre conscience que nous ne devons pas perdre notre temps, nous devons l’utiliser pour pratiquer. Comme nous avons pris une renaissance humaine, deux possibilités peuvent venir à l’esprit : la souffrance ou le bonheur, c’est soit l’un, soit l’autre, à part cela il n’y a rien d’autre. Quand nous ressentons du bonheur, nous devons en reconnaître la nature ! Quand le bonheur apparaît à l’esprit et que nous disons : « Oh là là, ce bonheur pourrait devenir souffrance ! » Vous pouvez être sûr qu’à l’instant même, la souffrance va apparaître à l’esprit alors que si vous reconnaissez véritablement la nature de ce bonheur, alors vous pourrez y demeurer continuellement.

Si quelqu’un vous demande : « Comment allez-vous ? » Que vous lui répondez : « Maintenant, cela va bien ». Le seul fait de dire : « Maintenant cela va bien » montre que, dans le futur, cela ira moins bien, donc de la souffrance apparaîtra à nouveau dans votre esprit.
A partir du moment où nous reconnaissons la nature même du bonheur, nous pouvons ainsi reconnaître la nature même de la souffrance. Si nous avons une reconnaissance de la nature même des deux, nous avons la possibilité de ne plus être dans l’illusion de ce monde et dans ce que nous prenons pour véritable en ce monde. Nous sommes séparés, nous n’avons plus ni l’illusion de ce monde, ni la saisie de ce monde.

Il n’y a pas de différence entre notre corps et notre esprit, de même il n’y a pas de différence entre le beurre et l’huile ou entre la chaleur et le feu. En raison de notre karma, nous avons pris une renaissance humaine avec un corps véritablement indifférencié de notre esprit au moment de notre naissance. C’est-à-dire que si nous ressentons quelque chose à travers notre corps, nous pouvons ressentir des sensations agréables ou désagréables, nous pouvons ressentir du plaisir et de la souffrance. En fait, qui est-ce qui ressent ? C’est notre esprit qui ressent, cela montre que notre corps et notre esprit sont indifférenciés, ils ne sont pas séparés dans cette vie-ci.

Dans le bardo de l’illusion, nous errons. Par le karma qui nous lie à nos parents, nous allons être conçus. A partir de la conception, nous obtenons ce corps.

Parfois il est possible, si nous faisons des souhaits, de choisir notre père et notre mère. Ainsi, au moment de leur union, l’ovule de la mère va rencontrer le spermatozoïde du père et il y aura conception. À ce moment-là, l’esprit entre dans la matrice de la mère et nous allons nous développer pour obtenir un corps. A cet instant-là, toutes sortes d’obstacles peuvent survenir et il est tout à fait possible que cette gestation n’arrive pas à maturité. Cependant, si tout ce passe bien, nous pouvons naître.

Durant tout le temps de notre développement à l’intérieur de la matrice, notre corps se constitue grâce aux quatre éléments au travers desquels, parfois l’élément feu va dominer, tantôt l’élément vent. Les différents éléments, se mettant en place, créent des perturbations, provoquant alors toutes sortes de souffrances mais comme nous l’avons vu précédemment, ces souffrances nous les avons oubliées.

En tibétain, notre monde est appelé récipient ou plutôt réceptacle. Il est dit que les êtres vivants sont la quintessence de ce réceptacle et que les canaux et les souffles qui se trouvent à l’intérieur de notre corps sont la quintessence des êtres vivants.

En tant qu’être humain, nous pouvons expérimenter toutes sortes de souffrances ou toutes sortes de bonheurs. Il est dit que c’est à travers l’ensemble de ces expériences que l’être peut s’accroître, qu’il peut grandir. Sans ces différents moments, il n’y a pas la possibilité de comprendre et il est bien d’expérimenter et de traverser tout cela. Ce soir, certains ont mal aux jambes, ils expérimentent cette souffrance.
Il y a une histoire comme cela sur une expérience. En Inde, à Tso Péma qui est un lieu sacré, le Dalaï Lama nous a donné une initiation de Tamdrin. Durant cette initiation, il y avait beaucoup de tulkous. Il y en avait vingt et donc, là où nous étions tous, il faisait vraiment très chaud. Le Dalaï Lama nous a dit : « Il fait vraiment très chaud, pour cette initiation de Tamdrin, c’est une bonne chose car grâce à cela, vous n’allez pas oublier l’initiation que je viens de vous donner ». Et effectivement, je m’en souviens encore de cette chaleur et de cette initiation.

C’est comme vous, ce soir, si vous avez mal aux jambes plus tard, dans le futur, vous allez vous dire, « Ah mais oui, je me souviens, j’ai vraiment eu très mal aux jambes en écoutant l’enseignement sur le bardo de cette vie », ainsi vous vous souviendrez de moi.

Revenons au moment de la gestation. Durant les premières semaines de la gestation, comme nous l’avons vu, nous n’avions pas encore de corps, l’élément eau était prédominant. De la première semaine à la deuxième semaine, nous avons changé, de dissolutions en reformations et de même, pendant la deuxième et la troisième semaines lors de ces transformations perpétuelles, nous avons expérimenté une grande souffrance.

Nous provenons de la quintessence de notre père et de notre mère réunie. Après 49 jours, nous pouvons dire que le corps de l’enfant commence véritablement à se former. Au moment de cette gestation, nous sommes déjà dans le bardo de cette vie. Puis à partir de ces 49 jours, à travers l’ombilic, nous allons recevoir l’essence de la nourriture de la mère pour pouvoir nourrir notre propre corps.

La manière dont la mère va se nourrir sera ressentie par l’enfant qui est en train de se développer. Si, par exemple, la mère prend une nourriture qui est trop chaude, à ce moment-là, cela va le brûler. Si elle mange trop rapidement, il sera comme ballotté par un vent très fort, si elle mange trop, il se sentira écrasé sous une montagne. En réalité, nous avons expérimenté toutes sortes de souffrances et nous les avons toutes oubliées n’est-ce pas ?

A ce moment-là, il y a une très forte relation entre la mère et l’enfant. Si l’enfant n’est pas bien, la mère va ressentir du mal-être, va ressentir la souffrance de l’enfant. De même, si la mère se sent mal, l’enfant va automatiquement ressentir la souffrance de sa mère et sera mal lui aussi.

C’est pour cela que, maintenant, étant adulte, ayant atteint notre pleine maturité, nous devons bien réfléchir. Nous devons nous dire que, finalement, il faudrait que nous puissions dans le futur, nous libérer du karma du corps pour ne pas, à nouveau, avoir à revivre toutes les souffrances que nous avons connues auparavant. Nous ressentons encore, à l’âge adulte, toutes sortes de souffrances mais nous n’en connaissons pas la cause réelle car si nous en connaissions la cause, nous ne ferions pas tous ces actes qui nous conduisent à la souffrance.

Etant adulte, nous avons dans notre esprit le désir d’obtenir le bonheur. Et nous allons faire toutes sortes d’activités mais ces activités vont provoquer de la souffrance. En réalité, nous réfléchissons beaucoup trop, nous réfléchissons à toutes sortes de choses et toutes ces pensées qui surviennent dans notre esprit nous apportent de la souffrance. Plus nous avons de pensées, plus nous expérimentons la souffrance. Nous croyons qu’elles sont comme une médecine pour éviter de souffrir mais cette médecine va se transformer en poison et va nuire à notre corps plus encore qu’auparavant.

Si nous connaissons la manière d’obtenir le bonheur, nous aurons de moins en moins de pensées et ainsi de plus en plus de bonheur. Parce qu’en fait, nous désirons le bonheur et nous développons toutes sortes de pensées quant à l’obtention de ce bonheur. Toutes ces pensées vont nous amener à faire toutes sortes d’activités et plus nous aurons d’activités, plus nous aurons de pensées. C’est un cercle vicieux, les pensées entraînent l’activité, l’activité entraîne les pensées et puis au bout du compte, nous récoltons toutes sortes de souffrances.
Pour pouvoir obtenir le bonheur, il est nécessaire de ne plus avoir de pensées. C’est pour cela que durant le bardo de cette vie, nous devons nous entraîner. Par l’entraînement de notre esprit, nous pourrons être séparés de la souffrance, être séparés de toutes ces pensées. Si nous ne nous entraînons pas maintenant, durant ce bardo de cette vie, ce n’est pas quand ce bardo sera terminé qu’il faudra y penser, ce sera trop tard.

Pendant le bardo de cette vie, il y a trois choses importantes : l’écoute, la réflexion, et la méditation.

La première, c’est l’écoute. Pour qu’elle soit correcte, il est nécessaire d’avoir un bon instructeur. C’est par lui que nous allons pouvoir recevoir les bonnes instructions qui vont nous amener sur le chemin, sur le bon chemin.

Une histoire illustre ces instructions sur l’écoute. Dans une ville se trouvait un homme et son enfant. Quand cet enfant était très jeune, l’homme décida de le placer dans un monastère afin qu’il reçoive le Dharma et qu’il devienne un bon moine, il fit ainsi. Parvenu au seuil de sa mort, le père fit venir son enfant et lui dit : « Mon fils, je vais mourir, qu’est-ce que je peux bien faire ? » Et le fils lui répondit : « Père, tu ne vas pas mourir ». Le père dit alors : « Je ne comprends pas, si je t’ai mis dans un monastère, toi mon fils, c’est pour que tu deviennes un bon moine et que tu puisses m’aider dans ce moment critique qu’est la mort ». Cette histoire montre qu’il est très important de bien recevoir les enseignements car c’est à ce moment-là qu’ils peuvent apporter une aide.

Pour cela il est important d’avoir, tout d’abord, un bon instructeur. C’est comme si nous devions indiquer un chemin pour aller dans une ville. Avant de pouvoir indiquer le chemin, le mieux, c’est d’y aller et de faire le chemin soi-même, de le connaître, ainsi, si quelqu’un nous demande : « Par où faut-il que j’aille pour aller à cette ville ? », il sera très facile pour vous d’indiquer le bon chemin. Dans le cas contraire, cela risque d’être difficile. Quand nous parlons des Lamas, des moines qui ont suivi le Saint Dharma, ce sont des êtres qui ont écouté, étudié durant de très nombreuses années, qui ont médité durant de très nombreuses années. A quoi cela sert-il ? Cela sert à avoir l’expérience. Quand nous l’avons véritablement, nous pouvons aider quelqu’un. Si quelqu’un vous dit : « Tiens, il se passe cela » et que vous n’en avez pas l’expérience, il va vous falloir réfléchir mais si vous avez une grande expérience de cela, immédiatement la réponse va surgir.

Il est donc important que le disciple examine bien le maître ou l’instructeur. S’il n’y a pas cet examen, nous pouvons nous tromper, tout comme si nous prenions un chemin sans réfléchir au fait qu’il pourrait être dangereux. Nous pouvons prendre l’exemple de la nourriture. Si nous ne savons pas ce que nous mangeons, nous pouvons peut-être avaler quelque chose d’empoisonné et au lieu de nous réjouir, cela va nous nuire.

C’est pour cela qu’il est important d’avoir un bon instructeur, d’avoir ce que l’on appelle un bon Lama. En fait, c’est comme nous ici ce soir, je suis là et puis je vous enseigne et vous êtes tous autour, et nous nous amusons et nous rions ensemble. Mais si nous ne faisons que ça et que vous rentrez chez vous après avoir bien ri, quel en sera le sens ? Si les difficultés surviennent, en quoi cela vous aidera-t-il ? Cela ne vous aidera en rien. C’est pourquoi il est important de recevoir véritablement le sens de ces enseignements car c’est à travers ce sens que, lorsque des difficultés surviendront chez vous, vous pourrez y faire face et que cela pourra vous apporter une aide.

En fait, il ne faut pas faire comme cette mère qui dit à son enfant qui vient pleurer dans son giron : « Oh mon pauvre petit garçon, mon pauvre petit enfant, ne pleure pas, cela va aller mieux, surtout arrête-toi de pleurer, ce n’est pas grave ! » Le Dharm, ce n’est pas cela. Si de la souffrance survient dans notre esprit, se lamenter ne sert à rien. Si le Lama dit : « Vous allez arrêter de souffrir, vous allez obtenir le bonheur, ne vous inquiétez pas », cela ne vous aidera pas. Ce qui est important, c’est de voir la racine de cette souffrance et l’enseignement doit vous apporter cela, c’est à partir de ce moment-là que vous pourrez véritablement être séparés de la souffrance.

C’est pour cela que le disciple doit bien examiner le maître et surtout il ne doit pas se presser. Il doit prendre son temps pour choisir son instructeur, pour choisir son maître. Car s’il se précipite, peut-être que son instructeur ne sera pas bon. Nous pouvons le voir ou le constater, cela va durer quelques mois, voire un an, voire deux ans et puis au bout de deux ans, finalement, nous dirons que cet instructeur ne va pas qu’il n’est pas bien, cela n’est pas bon, nous pouvons même dire que c’est mauvais pour nous.

Donc, comme nous venons de le voir, la première chose importante est que le disciple examine bien l’instructeur, le maître et une fois que cela est bien fait, il doit entraîner son esprit et développer une certaine diligence.

Par cette persévérance, sans perdre son temps, il va écouter les enseignements. Ils doivent être transmis par le Lama d’une façon claire, il est vraiment important que ces instructions soient dites clairement pour le disciple. Si cela n’est pas clair, cela n’aidera pas. Il est important que nous écoutions avec attention ces enseignements et que nous les gardions bien clairement dans notre esprit.

C’est pour cette raison que, durant le bardo de cette vie, il vaut mieux ne pas perdre son temps et tout d’abord bien examiner. Nous prenons l’exemple d’un oiseau. Je ne connais pas l’espèce de cet oiseau, peu importe. Cet oiseau, avant de construire son nid, va vraiment bien choisir son endroit, le lieu où il va construire son nid. Il ne faut pas qu’il soit détruit par les différents éléments tels le vent, le feu, la pluie. Il va aussi choisir un endroit qui ne sera pas susceptible d’être détruit par l’homme. Il va vraiment prospecter partout pour choisir cet endroit. Une fois qu’il l’aura choisi, il sera sûr que son nid sera complètement et parfaitement protégé. Il ne craindra plus rien à partir du moment où il se sera installé, il ne craindra aucun danger extérieur. De même, il est important que tout d’abord, nous fassions ces examens pour que tout soit clair et une fois que cela est clair, notre esprit peut être droit et tranchant comme l’épée de Manjushri.

Pour ces raisons, il est important durant le bardo de cette vie de ne pas perdre son temps, de développer une grande diligence quant à la pratique, à travers, tout d’abord, l’examen du Maître, de l’instructeur. Nous allons être comme un récipient, le disciple va être comme un récipient précieux et ainsi, dans ce récipient, va pouvoir être déversé le nectar, l’ambroisie et ce nectar sera les instructions du Lama.

Donc maintenant, nous allons méditer un peu ensemble car il faut que vous ayez véritablement l’expérience de la souffrance de vos jambes. En fait, je fais cela, car je sais qu’ensuite vous ne m’oublierez pas et que vous allez vous en souvenir !