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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Le bardo naturel de cette vie - 6/19

Tout d’abord nous devons penser à l’ensemble de tous les êtres qui est aussi vaste que vaste est l’espace et nous devons penser que nous allons maintenant écouter cet enseignement des six bardos pour pouvoir libérer l’ensemble de tous ces êtres et pour que tous puissent atteindre le parfait état de Bouddha. Il est vraiment important dans la pratique du Dharma, d’avoir cet esprit excellent. Par ce bon état d’esprit, le chemin et le fruit deviendront excellents.

Il est dit que l’esprit est le roi et que le corps est son sujet, c’est pour cela qu’il faut d’abord avoir ce bon état d’esprit. Sans pensée, le corps ne produit aucun acte. Il y a tout d’abord la pensée. Cet esprit a une grande force et une grande énergie. A travers cet esprit, nous pourrions même rentrer dans la terre et voler dans les airs. Mais malgré tout, si nous voulons aller en Dewatchen, dans le paradis de grande félicité, nous n’avons pas la possibilité d’y aller. Car c’est chacun d’entre nous qui a la possibilité d’atteindre cette grande félicité. Nous ne pouvons pas dire qu’ensemble, nous allons l’atteindre, c’est vraiment d’une manière individuelle que nous allons pouvoir atteindre cet état. Il n’y a absolument aucun avion qui va dans le paradis de grande félicité. Même si nous avions des jumelles ou une longue vue, nous n’aurions pas la possibilité de voir ce paradis. Il est tellement loin de nous ! Et en fait, pourquoi ne pouvons-nous pas le voir si loin ? C’est parce qu’il est tellement proche de nous que nous ne le voyons pas. Nous essayons de le voir tellement loin alors qu’il est si proche de nous. Nous ne le voyons pas. Ce paradis de Dewatchen est à l’intérieur de nous, il n’est pas à l’extérieur.
C’est à l’intérieur de chacun d’entre nous que se trouve ce paradis pur, ce n’est pas quelque chose qui est ailleurs, c’est vraiment à l’intérieur de chacun d’entre nous. C’est en pratiquant que nous allons pouvoir atteindre ce paradis de grande félicité. Il ne faut pas nous focaliser vers l’extérieur, mais à l’inverse, il faut se focaliser à l’intérieur de nous-mêmes pour pouvoir obtenir cet état.

C’est à travers cet esprit que nous pouvons pratiquer le Dharma. Peu importe l’activité que nous avons, tout cela se fait à travers notre propre esprit. Il faut aussi que notre esprit soit détendu et reposé. Sans détente, il n’est pas possible d’avoir une activité. Si nous sommes trop tendus dans notre corps, notre esprit ne peut pas être détendu. Cette tension ne nous donne pas la possibilité de nous reposer, de nous endormir. Il en est de même pour l’écoute du Dharma, il faut que le corps soit détendu. Si nous sommes ainsi, détendus dans notre corps, nous pouvons dire que la moitié est un peu comme une méditation et l’autre moitié c’est comme une détente, un certain repos. C’est ainsi que nous allons pouvoir mémoriser cet enseignement.

Maintenant, nous sommes dans le bardo de cette vie, comme nous l’avons vu Bardo, ce n’est ni avant, ni après, c’est juste entre les deux, dans l’intervalle. Quand nous parlons du Bardo de cette vie, nous sommes déjà nés et pas encore morts.

Dans les six Bardos, les six états intermédiaires, le Bardo de cette vie est le Bardo principal, le Bardo racine. Nous disons que le Bardo de cette vie est appelé Bardo racine. C’est pendant celui-ci que nous allons pouvoir nous entraîner. Si nous ne nous entraînons pas pendant ce Bardo, il sera trop tard.

Dans les cinq autres Bardos, nous n’avons pas la possibilité de nous entraîner.
Il y a le Bardo du Rêve, mais, sans entraînement préalable, nous n’aurons pas la possibilité de reconnaître ce Bardo du Rêve.

Pendant le Bardo de la Méditation, il en est de même. Si nous ne nous entraînons pas maintenant, nous ne saurons pas comment nous entraîner durant ce Bardo de la Méditation.

Il en est de même pour le Bardo de la vérité absolue durant lequel toutes sortes de choses vont émerger dans notre esprit,. Et si nous ne nous entraînons pas avant, nous ne saurons pas comment faire à ce moment-là.

Ensuite, il y a le Bardo de la Mort, dans lequel nous allons expérimenter toutes sortes de souffrances, peut-être même toutes sortes de maladies et de peurs. Si nous ne nous entraînons pas maintenant, nous serons submergés par toutes ces peurs et ces souffrances et nous ne saurons pas quoi faire. Alors que, si nous pratiquons maintenant, nous aurons la possibilité dans le Bardo de la Mort d’entrer en relation avec ces différentes souffrances et ces différentes peurs.

Ensuite, il y a le Bardo de l’Illusion durant lequel nous n’avons aucun pouvoir sur notre esprit, nous sommes ballottés par le vent de notre karma, nous n’avons pas le pouvoir de l’endroit où nous demeurons nous n’avons pas le pouvoir de l’endroit où nous allons.
C’est vraiment maintenant, dans le Bardo de cette vie, que nous pouvons nous entraîner, c’est pour cela que c’est le Bardo principal, le Bardo le plus important.
C’est pour cela que les Tibétains disent que le Bardo de cette vie est comme un père excellent vis à vis de son fils. C’est-à-dire que c’est vraiment pendant ce Bardo de cette vie que tout va pouvoir être mis en place pour les autres Bardos. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas perdre son temps car quand ce temps sera écoulé, nous ne pourrons plus rien faire pour le récupérer et il sera perdu pour toujours.
C’est pour cela que dans les temps anciens au Tibet, la plupart des Tibétains se mettaient en retraite pour pouvoir utiliser tout ce temps du Bardo de cette vie. Maintenant, je pense que nous-mêmes nous n’utilisons pas véritablement ce temps-là et la plupart du temps nous perdons ce temps précieux.
Il y a un exemple pour illustrer cela : dans une montagne très élevée avec un grand précipice, nous avons été pris dans une tempête et nous avons essayé de nous raccrocher à une touffe d’herbe et sur notre droite il y avait une souris blanche et sur la gauche une souris noire. Souris blanche veut dire : « la journée » et souris noire veut dire : « la nuit ». Le jour et la nuit, les souris vont manger petit à petit les herbes. Nous sommes accrochés aux herbes mais petit à petit, les souris les mangent et à la fin il n’y a plus d’herbes et nous sommes obligés de tomber jusqu’en bas. Je veux dire que le temps est précieux et nous ne devons pas le perdre. Le Bardo de cette vie est très précieux pour nous, il nous faut donc s’entraîner.

Si nous réfléchissons bien, nous ne savons absolument pas ce que sera notre futur, ce qui nous arrivera dans le futur puisque nous n’avons absolument aucun pouvoir. Nous ne savons pas dans quel état d’existence nous allons renaître. Il y a six classes d’existences différentes et nous pourrons renaître dans une de ces six classes et puisque nous ne savons pas du tout ce qu’il en sera, c’est pour cela qu’il faut vraiment utiliser maintenant ce temps précieux. Parce qu’en fait, il y a la souris blanche, la souris noire, la souris du jour, la souris de la nuit, un coup souris du jour, un coup souris de la nuit, ainsi de suite et puis, un jour nous mourrons.

En fait, toutes les activités que nous pouvons avoir dans notre monde ne nous serviront pas. Car toutes les activités que nous accomplissons maintenant pour manger, pour nous vêtir, tout ce que nous faisons, tout cela au moment de la mort, à quoi vont-elles nous servir ? A rien du tout ! Car de toutes façons, nous allons tous mourir, aucune personne ne peut se dire qu’elle ne va pas mourir. Quoiqu’il en soit, nous allons mourir.
Milarépa disait que la plupart des gens pensaient qu’ils avaient un certain pouvoir sur leur mort et donc ils passaient leur vie comme cela. Puis au moment de leur mort, ils se rendaient compte qu’ils n’avaient absolument aucun pouvoir.

Dans le Bardo de cette vie comme nous l’avons vu précédemment, il y a la pratique de Chiné, la pacification mentale, à travers laquelle petit à petit nous allons pouvoir amoindrir nos émotions. Nos pensées vont, petit à petit, être de moins en moins fortes, notre esprit va se pacifier. Et à travers cette pratique de Chiné, nous allons pouvoir reconnaître la nature véritable de notre esprit et c’est cela la pratique de Chiné. Sans cela il n’y a pas de pratique de Chiné qui est de reconnaître la nature même de notre esprit.

Il faut reconnaître la nature de notre propre esprit. Tout d’abord, il y a l’essence de notre esprit qui est vacuité. Mais en fait, il n’y a pas que cela. Tout d’abord, il faut reconnaître l’essence même de notre esprit qui est cette vacuité et ensuite, il y a la nature de notre esprit qui est clarté. Quand nous disons que notre esprit est vide, qu’il est vacuité, c’est qu’il n’est pas matériel, cela veut dire qu’il n’a pas de forme, qu’il n’a pas de couleur particulière, donc qu’il est vide.

En fait, nous savons que cet esprit est vide dans la mesure où nous avons pu constater que quand quelqu’un meurt, au moment de sa mort, nous ne voyons pas le petit esprit qui sort du corps, il n’a pas de forme particulière et nous ne savons pas où cet esprit va. Nous pouvons constater que cet esprit est vide. Notre esprit existe puisque maintenant nous sommes vivants et notre esprit est présent, mais il n’a pas de forme, il n’est pas matériel : il est vacuité.

Il n’y a pas la plus infime particule qui n’est pas constituée par notre esprit car nous ne pouvons pas la sentir, ni la voir. Il n’y a pas de forme affiliée à cet esprit, cet esprit est vraiment d’essence vide. Et il faut vraiment comprendre cette vacuité de notre esprit. Dans la mesure où nous pouvons expérimenter de la souffrance, nous pouvons expérimenter de la joie, du bonheur. Ces deux choses que nous expérimentons sont de cette nature, elles sont vides, elles sont vacuité. Ce ne sont que des pensées.
Puisque notre esprit n’est pas matériel, il n’a pas la moindre forme. Au moment de notre mort, nous ne devrions pas avoir peur car cet esprit est complètement vide et vacuité. C’est pour cela qu’il faut reconnaître l’essence même de notre esprit. Si nous reconnaissons cette essence, alors nous n’aurons plus peur. Qu’est ce qui peut nous nuire ? Plus rien ne peut nous nuire car notre esprit est vacuité et il n’y a rien qui puisse nous faire peur. C’est parce que nous ne reconnaissons pas la vacuité de cet esprit que nous avons peur des pensées. Il faut méditer pour reconnaître la vacuité de l’esprit à travers la pratique de Chiné.

Comme nous l’avons vu, il y a différents moyens dans cette pratique de Chiné.
Un de ces moyens est Chiné avec support. Nous avons vu précédemment qu’il s’agit de visualiser un objet devant nous et de concentrer notre esprit en un seul point sur cet objet.

Maintenant, nous allons voir une autre méthode qui consiste à prendre comme support de Chiné, une flamme que nous allons visualiser cette fois-ci, non pas à l’extérieur de nous-mêmes mais à l’intérieur de notre corps.

Notre corps va avoir une forme mais l’intérieur de notre corps sera parfaitement vide. Nous devons méditer qu’il y a cette flamme dans notre corps, la nature même du feu est chaleur et clarté. Nous devons juste penser à la nature de ce feu qui est chaleur et clarté. C’est-à-dire que nous ne devons pas visualiser de la chaleur dans notre corps particulièrement mais juste penser à la nature même de cette flamme qui est clarté et chaleur. Donc, nous allons méditer sur la nature même de la clarté de ce feu. Le feu est clarté et aussi cette flamme est parfaitement droite, elle ne bouge pas, aucun souffle ne l’atteint, elle est droite, comme cette bougie qui se trouve devant moi.

Le sens même de cela, c’est que nous n’allons pas faire tanguer notre corps. Il doit rester bien droit, il en est de même pour cette bougie, elle ne doit pas tanguer de gauche et de droite. Nous devons ensemble maintenant méditer ainsi cette pratique de Chiné. Il est possible que durant cette pratique de Chiné, il y ait toutes sortes de pensées qui surviennent dans notre esprit ou alors que nous ayons certaines douleurs de têtes ou un certain mal-être. Cela veut dire qu’il y a un dysfonctionnement au niveau des souffles et cela fait référence aux maladies des vents. À ce moment-là, il est conseillé de bien se nourrir. Bien se nourrir, c’est prendre des choses qui pourraient aider le corps, comme prendre des vitamines pour apporter plus d’énergie au corps. Avoir une nourriture saine peut apporter un grand bénéfice au corps.

C’est à chacun de voir clairement ce qui peut convenir à son propre corps. Être vigilant sur son corps peut aider au niveau de l’esprit. En fait, méditer longtemps n’est pas utile, méditer quelques minutes comme nous l’avons fait, c’est bien ainsi. Durant quelques minutes, comme cela, nous pouvons voir beaucoup de choses survenir, nous baillons beaucoup, nous pouvons peut-être même dans notre esprit avoir toutes sortes de choses qui surviennent.

Nous venons donc de voir que, si durant cette pratique de Chiné, il y a un certain mal être dans notre esprit, cela est dû aux vents et aux souffles qui ne circulent pas d’une manière correcte. Notre corps est composé des quatre éléments et, dans le monde dans lequel nous nous trouvons, il n’y a pas un équilibre parfait entre ces quatre éléments. Le mal-être est dû à un dysfonctionnement du souffle, c’est pourquoi visualiser à ce moment-là l’élément feu va permettre de calmer ce dysfonctionnement au niveau du souffle. C’est comme la flamme d’une bougie, s’il y a trop de vent, la flamme ne va pas pouvoir être droite et elle va même s’éteindre. Méditer sur cette flamme et avoir une bonne alimentation vont permettre de calmer l’agitation de ces souffles, de ces vents.
Il faut que nous arrivions à trouver un équilibre entre ces quatre éléments. Ceci nous permettra d’obtenir du bien-être dans notre corps, ce qui nous donnera alors un bien-être dans notre esprit. Il n’est pas juste de se dire que le corps n’est pas important et que seul l’esprit compte. Il faut prendre soin de notre corps, sans avoir de très forte saisie sur celui-ci, car au moment de notre mort nous allons le quitter. À l’inverse, il ne faut pas se dire non plus « mon corps n’est pas important, il va devenir un cadavre, il faut que je le laisse ». Non, pas du tout, des maladies pourraient survenir et cela ne nous aiderait pas mais nous apporterait de la souffrance. Il est donc important de prendre soin de notre corps.

Il faut donc prendre soin de notre corps pour avoir la compréhension de la nature véritable de notre esprit et même de la vacuité de notre esprit. Dans la mesure où notre esprit demeure avec ce corps, il est important d’avoir un équilibre pour nous amener jusqu’à la compréhension de la nature véritable de notre esprit. C’est comme si nous désirions aller dans un endroit, il nous faudrait préparer notre départ pour pouvoir sortir. Si nous ne nous préparons pas d’une manière correcte, nous n’avons pas la possibilité de partir.

Certaines personnes peuvent expérimenter toutes sortes de maladies, toutes sortes de douleurs dans leur corps. Celles-ci peuvent provenir de leur karma antérieur. Il est dit dans le bouddhisme que, si nous souffrons de toutes sortes de maladies, il est possible que cela soit dû à des nuisances que nous avons pu faire endurer à des personnes. Si par exemple, nous avons tué beaucoup d’êtres dans nos vies passées, il est possible que dans cette vie-ci, nous ayons une existence très courte. Ou si nous avons frappé d’autres personnes, qu’à notre tour, nous endurions toutes sortes de douleurs dans notre corps ou bien que des personnes nous frappent. Dans cette vie-ci, il y a une très forte relation avec ce que nous avons fait dans nos vies précédentes, c’est pourquoi il est important de prendre un engagement dans notre vie présente.

En fait, à travers la possibilité d’existence humaine, nous avons la sagesse de savoir ce que nous expérimentons dans notre corps. À travers la compréhension de cette loi de cause à effet, nous pouvons savoir que, si nous nuisons aux êtres, le résultat pourra en être toutes sortes de souffrances dans notre corps. Si, à l’inverse, nous ne nuisons pas aux êtres, nous allons obtenir un bien-être et un bonheur dans notre corps. Cela est dû véritablement à notre existence humaine. Les animaux, eux, n’ont pas la possibilité de savoir et de comprendre pourquoi ils ressentent des douleurs ou des plaisirs. A travers notre intelligence, nous avons la possibilité de reconnaître ce que nous ressentons et aussi de savoir pourquoi nous ressentons ces différentes sensations dans notre corps. C’est pourquoi nous devons utiliser cette intelligence d’une manière correcte.

Puisque nous avons cette existence humaine, nous devons prendre l’engagement ferme de ne pas nuire aux autres êtres puisque nous savons que cela va apporter de la souffrance aux autres êtres. De plus, cela va nous nuire et nous apporter une souffrance. Ceci est le travail que nous allons effectuer durant le Bardo de cette vie. C’est quelque chose que nous devons emporter avec nous. Chacun d’entre-nous doit faire cela et y réfléchir.