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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

le bardo de la méditation

Nous devons penser que nous allons écouter cet enseignement pour libérer tous ces êtres qui ont été nos pères et nos mères dont le nombre est aussi vaste que vaste est l’espace.

Actuellement, nous en sommes à l’état intermédiaire de la méditation, c’est vraiment le Dzogchen, nous sommes dans le Dzogchen. En fait, dans les six Bardos de l’état intermédiaire, quand nous arrivons à la méditation (concentration), c’est le Dzogchen.

Qu’est-ce que l’on entend par le mot Dzogchen ? L’ensemble de toutes les apparences du monde phénoménal n’est autre que l’esprit. L’esprit est vacuité et donc, il n’y a rien à parachever puisque tout est là. Tout est parachevé, c’est le sens du Dzogchen, c’est le grand parachèvement, la grande perfection.

En fait, ce sont là des notions compliquées. Quand nous entrons dans le Bardo de la Méditation, nous disons tout le temps que notre esprit est libéré depuis des temps sans commencement, tout cela apparaît spontanément dans notre esprit. Mais en même temps nous pensons : « Toutes ces de pensées qui vont et viennent, c’est difficile ! » Pourtant, véritablement, ce n’est pas quelque chose de compliqué, c’est très simple.

Quand nous disons que la nature même de l’esprit est libérée depuis des temps sans commencement cela veut dire que quelle que soit la pensée qui émerge dans notre esprit, c’est la nature-même de notre propre esprit. La nature-même de l’esprit est libérée depuis des temps sans commencement !
Les vagues et l’océan ont la même eau, la mer reste la même, peu importe la grosseur de la vague. Il peut y avoir une grande vague qui émerge de cet océan, une petite vague ou pas de vague du tout, quoiqu’il en soit, tout cela est l’eau de l’océan. Il en est de même pour notre esprit. La nature même de notre esprit est vacuité, peu importent les pensées qui apparaissent, qu’elles soient grandes ou non. La nature même de notre esprit est vacuité. C’est ce que signifie la nature même de notre esprit. Quelle que soit la dimension de cette vague, même si c’est une très grande vague, ce n’est rien d’autre que de l’eau, n’est-ce pas ? Peu importe la grosseur de la pensée, peu importe l’ampleur de cette pensée, quoi qu’il en soit sa nature même est libérée depuis des temps sans commencement.

Il y avait une grande pratiquante, disciple de Milarepa. Elle reçut ces instructions de Milarepa : « Les pensées sont comme des nuages dans le ciel, les nuages apparaissent du ciel et ils se dissipent dans ce même ciel ».

Cela revient à l’exemple de l’océan, cette disciple disait à Milarepa que quand elle méditait sur l’océan, elle pouvait ressentir une certaine félicité mais quand il y avait des vagues, cette félicité disparaissait. Milarepa lui a répondu : « Pense que cette vague est de même nature que l’océan. La vague surgit de l’océan et va se dissoudre dans l’océan, c’est ainsi qu’il faut méditer. ».

Elle a continué à méditer et a dit que, quand elle méditait sur l’esprit même, des pensées pouvaient apparaître, quand ces pensées apparaissaient, il n’y avait pas de bien-être, de félicité dans l’esprit. Milarépa lui a répondu que ces pensées étaient de même nature que la nature même de l’esprit. Ces pensées apparaissaient dans l’esprit et se résorbaient dans cet esprit et qu’il fallait méditer de cette manière.

Que nous ayons des pensées ou que nous n’en ayons pas, il faut juste avoir la compréhension et reconnaître la nature même de notre esprit. Quand nous avons cette reconnaissance de la nature de notre esprit, peu importe qu’il y ait des pensées ou qu’il n’y en ait pas. Reconnaître cette nature de l’esprit ou non, c’est la différence entre les êtres nobles et les êtres ordinaires.

Si nous avons la compréhension que notre esprit est libéré depuis des temps sans commencement il n’y a plus besoin de méditer car l’esprit est déjà libéré. C’est ce que nous appelons l’aspect spontané de l’esprit.

Le texte continue en disant que Rigpa, la connaissance, est vacuité et que cette vacuité est présente depuis des temps sans commencement, que ce n’est pas une pensée de notre esprit, que Rigpa est présente depuis des temps sans commencement. Si nous avons la compréhension que la vacuité, Rigpa, est libérée depuis des temps sans commencement, il n’est pas nécessaire de l’utiliser, de s’entraîner ou d’avoir de la persévérance. Il est dit que si nous entraînons pas, nous obtiendrons véritablement le fruit. Quand nous parlons de fruit, c’est ne pas obtenir le moindre fruit. Si nous comprenons la nature même de notre esprit sans qu’il n’y ait absolument aucune saisie, nous comprenons la nature même de notre saisie dualiste, cette saisie dualiste qui nous fait créer ce monde, qui nous fait avoir toutes ces pensées. À partir de cette réalisation, la saisie dualiste sera terminée.

Des paroles de Bouddha disent qu’il n’y a pas à saisir les apparences et qu’il n’y a rien à pratiquer, qu’il n’y a rien à faire. Et il n’y a pas à rejeter ce que nous pensons. Nous pensons avoir beaucoup de pensées. Il n’y a pas à rejeter toutes ces pensées. Il n’y a pas, non plus, à penser lorsque toutes ces pensées émergent que toutes ces pensées sont de nature vide, sont vacuité. Quand nous disons ne pas pratiquer, c’est cela que cela veut dire. Il n’y a pas à vouloir atteindre l’état de Bouddha. Il n’y a pas à rejeter la méditation, il n’y a pas à avoir la Vue. En fait, nous voulons voir la Vue et c’est pour cela que nous ne l’obtenons pas, car il n’y a pas à avoir la Vue. Il n’y a pas à obstruer, il n’y a pas à couper toutes les apparences illusoires. Nous avons tendance à dire que toutes ces apparences sont des illusions et nous voulons les bloquer. Donc, il n’y a pas à le faire, il n’y a pas à les obstruer. Parce que si nous ne les obstruons pas, toutes ces apparences illusoires n’existent pas, ne sont pas. En fait, si nous souhaitons juste abandonner une apparence illusoire, à ce moment-là, plein d’autres vont apparaître à nouveau.

Il n’y a pas à s’entraîner sur les apparences pures, il n’y a pas à vouloir saisir ces apparences pures. Si nous les saisissons, ces apparences deviennent impures. Parce que si nous ne saisissons pas, s’il n’y a pas de saisie de ces apparences pures, elles peuvent émerger de manière naturelle, spontanée. Dans cet état-là, la Vue de la Sagesse Spontanée émerge. C’est un état de réalisation de cette Sagesse Spontanée. Dans cet état de réalisation, c’est juste la Sagesse, il n’y a plus aucune pensée, il y a juste la Sagesse. Si nous avons atteint cet état de réalisation, la vertu, la non-vertu, la méditation, la non-méditation, tout cela n’est pas. A ce moment-là, c’est ce que nous appelons avoir l’Esprit d’Éveil, où les êtres ne sont pas dotés de désir-attachement, de colère, mais d’un immense amour. C’est ce que l’on dit en tibétain, grand amour, immense amour. Quand on parle d’amour en tibétain, dans le Dharma, c’est cet état de réalisation que nous venons de voir. C’est un amour qui n’a pas de désir-attachement, sans désir, sans colère, sans être proche, sans être lointain. S’il n’y a pas de proche, il n’y a pas de désir-attachement qui survient dans notre esprit. Sans attachement, il n’y a pas de colère qui apparaît dans notre esprit, c’est cela l’État de Grand Amour.
Ce que nous appelons amour, d’une manière ordinaire, c’est l’amour que nous pouvons développer dans une famille, l’amour des parents pour leurs enfants ou vis-à-vis de nos proches. En fait, il s’agit d’un amour avec du désir-attachement. Cela n’est pas le véritable amour et il ne peut pas être considéré comme de l’amour. Si nous réalisons cette Vue, il n’y a pas à abandonner, à rejeter les apparences, il n’y a pas non plus à ramener à soi les apparences, parce qu’en fait, toutes les apparences sont pures. C’est ce que l’on appelle la Grande Vacuité, le Joyau qui Exauce Tous les Désirs.

Pourquoi cela ?

Parce que, quoi qui puisse apparaître comme apparence, cela va, il n’y a pas de problème.

Pourquoi donc ?

Parce qu’il n’y a pas d’obstruction, parce qu’il n’y a pas de naissance, parce qu’il n’y a pas de libération car nous avons réalisé la Vue. Dans cet état de réalisation, nous ne pouvons pas dire qu’il y a libération depuis des temps sans commencement ou qu’il y a non libération, c’est au-delà de ces deux points de vue.
Donc, il faut rester dans cet état de méditation. il n’y a rien à faire dans cet état.. Il n’y a ni à pratiquer quelque chose, ni à rejeter quelque chose. Dans cet état, nous sommes dans le Dharma de la Vérité en Soi. Quand nous parlons de Dharma, de la Vérité en Soi, nous pourrions dire que c’est sa nature même. Dans notre esprit, nous avons en général : « Il faut que je médite bien, que ma méditation soit excellente ». Ce genre de pensées, nous devons littéralement les jeter. Il n’y a pas à rejeter les pensées mauvaises ou négatives. Dans cet état de réalisation les pensées ne sont ni bonnes ni mauvaises, il n’y a pas de pensées qui nuisent ou ne nuisent pas. Dans le texte, nous prenons un exemple : c’est comme une terre qui serait d’or, il n’y aurait pas besoin d’y apporter d’autres pierres puisque tout est en or ! Mais il n’existe pas d’endroit comme celui-ci, n’est-ce pas ?

Comme je l’ai déjà dit, il nous faut acquérir la compréhension que notre esprit est libéré depuis des temps sans commencement. Comme l’exemple de la vague. Peu importe les pensées qui apparaissent dans notre esprit, ces pensées sont comme la vague de l’océan, elles ne sont pas dissociées de cet océan. La nature même de ces pensées est vacuité. C’est cette compréhension que nous devons acquérir.
Il nous faut tout d’abord avoir la compréhension que, quoi que nous pensions, ce sont des pensées. Les pensées ne nuisent pas, c’est la saisie que nous avons des pensées qui nuit. Quand nous disons de ne pas obstruer ou bloquer les apparences, cela veut dire que toutes sortes d’apparences peuvent émerger. Qu’elles soient rouges, jaunes, vertes ou bleues, laissons-les émerger. Par contre, il ne faut pas les différencier, dire celle-ci est bonne, celle-ci n’est pas bonne car en agissant ainsi, c’est là qu’apparaît la saisie.
En fait, nous avons toujours dans notre pensée le bien et le mal. Quand nous avons le bien dans notre esprit, telle personne est bien, telle chose est bien… Alors apparaît le désir, nous avons de l’attachement. Que nous ayons du désir ou de l’attachement, c’est la même chose. Au contraire, si nous pensons telle personne n’est pas bien, je n’aime pas cela, ce son, cet animal, ce corps, alors naît le rejet, la colère. Dans l’état de réalisation que nous venons de voir, il n’y a ni cet aspect de désir-attachement, ni cet aspect de colère.

Dans cette compréhension que nous pouvons avoir de la nature de l’esprit, nous reconnaissons qu’il n’y a pas d’apparence extérieure, qu’il n’y pas d’apparence intérieure, c’est-à-dire que les apparences extérieures ne demeurent pas car nous ne les saisissons pas, les apparences intérieures ne demeurent pas non plus. A ce moment, notre esprit est l’espace, pas semblable à l’espace, notre esprit est l’espace. Principalement, ce que nous voulons dire, c’est que dans cet état de réalisation, à ce niveau, en ce qui concerne la Vue, il n’y a plus ces deux aspects que nous avons dans notre esprit, de bien et de mal, de j’aime ou de j’aime pas, il n’y a plus ni le rejet ni la pratique pour soi, ni j’ai un bon esprit, ni je n’ai pas un bon esprit.

Il est dit dans le texte que si nous n’atteignons pas, en écoutant cet enseignement, la Vue, si nous ne réalisons pas cette Vue immédiatement, il y a trois possibilités de la réaliser.

Pour les êtres supérieurs, qu’est-ce que cela veut dire ?
Ceux qui ont une grande foi, une grande dévotion dans leur esprit, une grande stabilité d’esprit, atteignent la réalisation grâce aux Quatre Libérations. Nous les avons vues la fois précédente. Ces êtres-là n’ont pas à abandonner leur corps car ils se transforment en corps de lumière. Lors de la réalisation des quatre libérations, les quatre éléments se résorbent naturellement en eux-mêmes, ils se résorbent dans la nature même de l’esprit. C’est pour cela qu’il n’y a pas à rejeter le corps et qu’il se transforme lui-même en corps d’arc-en-ciel, comme le grand Vimalamitra. Si dans cette salle, il y avait des êtres qui avaient la capacité, la possibilité d’acquérir ce corps de lumière, ce corps d’arc-en-ciel, les autres êtres ne verraient pas de différence, ils verraient le même corps, la personne elle-même aurait la compréhension et aurait la possibilité de se transformer un jour en ce corps d’arc-en-ciel. La capacité de ces personnes à transformer leur corps en corps d’arc-en-ciel n’est pas visible par les êtres ordinaires. Voilà pour les êtres suprêmes, les êtres supérieurs.

Ensuite, il y a les êtres aux capacités intermédiaires. Ces êtres ont une compréhension du Dharma, du Bouddhisme. Ils ont de la foi, de la dévotion, mais pas la réalisation. Leur esprit n’est pas complètement stable, il est encore changeant. Ces êtres-là qui ont une foi et une dévotion, mais pas vraiment très très forte, vont pouvoir atteindre cette réalisation au moment de leur mort, ils savent aussi quelle va être leur renaissance future. Au moment de leur mort, il y a toutes sortes de signes, leur corps se réduit complètement, petit à petit. Chez certains, des deux narines va s’écouler la boddhicita rouge et blanche. Au moment de leur mort, ces êtres n’ont absolument aucune souffrance, car ils savent et se disent qu’ils vont aller dans un paradis parfaitement pur. Au moment de leur mort, ils restent dans un état de méditation (tib. toukdam), un état de concentration. Les quatre éléments à la mort se sont déjà résorbés, mais ces êtres ont la possibilité de garder leur esprit à l’intérieur de leur corps. Ils sont capables de rester en méditation quelques jours, leur esprit en fait ne subit pas encore le transfert de conscience. Quand ces êtres sont dans cet état de méditation, s’il y a un Lama excellent auprès d’eux, il va pouvoir leur donner certaines instructions ou juste agiter le son de la cloche et l’esprit va pouvoir effectuer le transfert de conscience. Nous trouvons de nombreux cas de Lamas dans cet état de méditation. Après leur mort, leur corps est encore chaud et ils restent ainsi pendant deux ou trois semaines. Parfois même, ils ont les yeux ouverts. Nous avons même l’impression qu’ils sont vivants, mais ils ne respirent plus. A partir du moment où il y a un maître à côté d’eux qui fait juste un petit son, instantanément, leur esprit fait le transfert de conscience, ils partent. A ce moment-là, leur corps devient instantanément froid et leur tête tombe sur le côté.

Pour les êtres aux capacités ordinaires qui, dans leur vie, ont rencontré, écouté le Dharma et qui en ont une petite compréhension car de temps en temps, ils écoutent le Dharma... Dans cette vie-ci, ils ont eu un certain pouvoir sur leur esprit et ils ont alors la possibilité de se libérer au moment du Bardo du Devenir. Ayant acquis une certaine maîtrise de leur esprit durant leur vie, au moment du devenir, ils ont la possibilité de reconnaître et de voir leur père, leur mère, de dire que ce sont des gens qui ont un bon état d’esprit. A travers ces gens qui ont un bon Esprit d’Éveil, ils reconnaissent qu’ils pourront pratiquer le Dharma. Donc, ils se disent, cet endroit-là serait bon pour que je puisse pratiquer le Dharma. Alors, ils choisissent parents et endroit pour qu’ils puissent dans le futur pratiquer le Dharma afin d’atteindre l’état de Bouddha.

Voici donc les trois manières de pouvoir atteindre l’état de Bouddha.

Pouvoir recevoir ces enseignements sur le Bardo de la Méditation (Concentration), c’est vraiment un très grand mérite. Il y a un immense mérite de les recevoir parce que rien que le fait d’écouter cet enseignement sur le Bardo de la Méditation est une grande bénédiction. Au travers cette bénédiction, nous pourrons atteindre l’état de Bouddha. Si nous avons une grande compréhension, nous atteindrons rapidement l’état de Bouddha, si nous n’avons pas une grande compréhension, de toute façon, nous obtiendrons l’état de Bouddha.