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Enseignement

Comment écouter l’enseignement

Chépa Dorjé Rinpoché - Paris, le 26 novembre 2001.

Nous devons penser que nous allons écouter cet enseignement pour nous-mêmes, moi-même et l’ensemble de tous les êtres, afin que nous puissions obtenir l’état d’éveil, l’état parachevé.

En fait, qu’est-ce que je dis tout le temps, qu’est-ce qui est important pendant l’écoute de l’enseignement, pendant la pratique ? Ce que je dis tout le temps, c’est que tout d’abord il est important d’examiner son propre esprit. Nous devons tout d’abord examiner notre esprit pour qu’il soit parfaitement pur. Mais, qu’est-ce que l’esprit parfaitement pur ?

Eh bien, en ce qui me concerne, maintenant, avant de vous donner l’enseignement je dois au départ examiner mon esprit. Si je donne un enseignement avec toutes sortes de pensées mélangées à différentes émotions comme : « voilà, il y a beaucoup de personnes, je suis content et puis en plus, je connais bien le Dharma, j’ai une grande connaissance du point de vue du Dharma, je suis quelqu’un de bien », s’il en est ainsi, l’on ne peut pas dire que le Dharma que j’enseigne soit parfaitement pur.

Mais si je pense à l’ensemble de tous les Bouddhas du passé, à la manière dont ils ont pu discipliner l’esprit des êtres grâce à leur compassion, afin que tous les êtres puissent être séparés de la souffrance ; si je pense que je vais transmettre l’enseignement comme les Bouddhas ont pu le faire par le passé, pour le bénéfice de tous les êtres, afin qu’ils soient séparés de toute souffrance ; si j’ai tous ces souhaits à l’esprit, l’enseignement que je donne est un enseignement parfaitement pur.

Par contre, si, au cours de l’enseignement, je suis content que vous m’écoutiez et si je pense : « c’est bien, tous ces gens m’écoutent avec intérêt parce que je connais le Dharma, parce que je transmets le Dharma », cela ne peut pas vous être bénéfique, parce qu’il n’y a pas de détente. S’il n’y a pas de détente dans l’esprit, c’est-à-dire s’il y a de la saisie dans l’esprit, à ce moment-là le Dharma que je transmets ne peut pas être parfaitement pur, parce qu’il y a cet esprit qui saisit l’enseignement. Si encore je me dis : « cet enseignement va permettre d’accroître le Dharma » ou : « maintenant, je donne un enseignement bouddhiste », c’est un jugement par rapport aux autres traditions ou autres religions. Dans ce cas, le Dharma n’est pas parfaitement pur à cause de ce jugement de valeur qui entraîne soit une émotion de rejet soit une émotion d’attachement.

Il en est de même pour l’auditeur, celui qui écoute. Si l’écoute n’est pas parfaitement pure, l’intelligence éveillée ne peut pas s’accroître, il n’est pas possible que la connaissance primordiale puisse s’élever dans l’esprit, à cause justement de cette écoute qui n’est pas parfaitement pure.

Pourquoi dit-on que des pensées ne sont pas parfaitement pures ? Par exemple, je vais venir suivre l’enseignement parce qu’il y a un maître qui enseigne, je vais prendre quelques mots de son enseignement et je vais les retransmettre et ainsi faire mon propre enseignement, cela n’est pas une pensée pure. On peut aussi se dire : « en ce moment je ne vais vraiment pas bien, je ne suis pas heureux, je vais venir à l’enseignement pour que ce mal-être puisse être totalement dissipé », dire cela n’est pas une pensée parfaitement pure. Mais se dire : « je viens aux enseignements pour pouvoir m’entraîner, apprendre » c’est bien, c’est une bonne pensée, mais cela n’est pas suffisant car il faut l’élargir, il faut rendre la pensée plus vaste, dans le sens que nous venons pour écouter et apprendre le Dharma afin d’être bénéfiques à tous les êtres et non pas seulement à nous-mêmes.

La pensée suprême, supérieure, serait de se dire « J’expérimente de la souffrance. Puisque moi-même j’expérimente de la souffrance, tous les êtres qui ont aussi un moi expérimentent les mêmes sortes de souffrances que moi ; donc je vais écouter l’enseignement du Dharma, je vais pratiquer le Dharma pour pouvoir libérer l’ensemble de tous les êtres de la souffrance ».

Le Dharma recèle une grande bénédiction. Quand nous écoutons le Dharma, cet enseignement est d’un mérite incommensurable. À Paris même, il y a un grand nombre d’enseignements et tous ces enseignements sont d’un grand mérite, d’un grand bienfait.

Quelles sont les qualités développées grâce à l’écoute de cet enseignement ?

Ce sont celles sont qui vont permettre à notre esprit de développer la sagesse, de développer l’intelligence éveillée. Elles vont permettre aussi de pouvoir dissiper l’ensemble de toutes les émotions perturbatrices.

Il y a cette histoire d’un moine qui, tous les matins, au temple récitait un texte, un soutra du Bouddha Shakyamouni. Chaque jour un oiseau venait au bord de sa fenêtre et écoutait. Parfois le moine récitait tout le texte, parfois la moitié... Ainsi durant toute sa vie l’oiseau écouta ce soutra. Puis il mourut. Grâce à l’écoute du soutra, il prit renaissance comme fils d’un roi et eut spontanément la compréhension de ce soutra car il le connaissait. Un jour, quelqu’un posa au Bouddha cette question : « Pourquoi cet enfant a-t-il eu cette compréhension, cette connaissance ? ». Le Bouddha répondit que c’était dû au fait que lorsqu’il était un oiseau, il avait déjà entendu le soutra et cela avait créé des empreintes dans son esprit. C’est pour cela qu’il eut une bonne renaissance humaine et que par la suite il eut la possibilité d’atteindre l’état de Bouddha.

Cette histoire montre que malgré le fait qu’il ne pouvait pas comprendre le sens des mots du soutra et qu’il n’entendait que le son du Dharma, cela lui permit d’obtenir un très grand mérite. Qu’en est-il pour nous, alors que nous avons la possibilité d’entendre le Dharma, de comprendre les mots et d’en comprendre le sens ? Le mérite n’en est-il pas plus grand ? Nous recevons la bénédiction puisque nous avons la possibilité d’écouter cet enseignement du Dharma et en plus nous avons la possibilité de le mettre en pratique. Et si nous mettons cet enseignement du Dharma en pratique, cela est encore d’un plus grand bienfait, d’un très grand mérite.

Sakyapenchen était un très grand érudit. Il a dit que certaines personnes avaient des difficultés pour apprendre, parce qu’elles étaient un peu stupides, un peu simples d’esprit et qu’elles avaient besoin de temps pour apprendre. Il a dit aussi que d’autres personnes, grâce à leurs tendances fondamentales, avaient la possibilité d’apprendre très facilement et très rapidement. C’est pour cette raison que lui-même fit le souhait d’apprendre pour que, dans le futur, il ait plus de facilité pour apprendre le Dharma, car apprendre le Dharma est très important.

Bien que nous soyons tous des humains, certains d’entre nous bénéficient d’une intelligence éveillée très développée et d’autres ont des capacités moindres. Cela provient des tendances fondamentales de nos vies passées. C’est pour cela qu’il est important d’avoir une bonne écoute, une bonne réflexion, puis une bonne méditation pour que nous ayons la possibilité de comprendre véritablement le sens, pour que nous ayons la possibilité de réaliser le Dharma.

Ainsi, lors de l’écoute, de la réflexion et de la méditation, il nous faudra avoir d’une manière très présente cette intelligence éveillée et il nous faudra aussi avoir de la détente. Car si l’intelligence éveillée est pour nous une source de tension, notre corps sera tendu et cela nuira à l’écoute, la réflexion, la méditation. C’est pour cela que nous devons trouver un équilibre entre tension et détente. Parfois nous aurons une certaine tension quant à cette intelligence éveillée et parfois nous aurons de la détente.

Pendant l’écoute de l’enseignement, nous ne devons pas être emporté par les pensées du passé, car tout ce que nous avons fait, toutes les activités que nous avons pu avoir, sont terminées. Et puis nous n’allons pas non plus être dans les pensées du futur, ce que nous pourrions faire dans le futur, car ce temps n’est pas encore présent, le temps n’est pas encore là. Nous devons juste concentrer notre esprit sur l’écoute de l’enseignement, au moment où il a lieu. En faisant ainsi l’intelligence éveillée pourra se développer et de la clarté pourra véritablement apparaître, se manifester dans notre esprit.

Il ne faut pas penser à ce que l’on a pu faire dans le passé car ces actions du passé sont terminées. Qu’elles soient mauvaises, de toute façon elles sont finies, qu’elles soient bonnes, elles sont finies également. C’est pour cela qu’il ne faut pas perdre son temps à réfléchir sur les actions passées, qui sont terminées ou aux actions futures car il se peut qu’elles soient bonnes ou pas. D’une manière ou d’une autre, ce temps n’est pas le temps présent et si nous ne sommes pas dans ce temps présent nous perdons complètement notre temps. C’est pour cela que nous devons seulement concentrer notre esprit sur le présent, utiliser ce temps, ne pas perdre ce temps présent et l’utiliser véritablement en n’étant ni dans le passé, ni dans le futur.

D’une manière générale nous perdons notre temps comme cela en étant soit dans le passé soit dans le futur. Même en retraite, quand nous sommes en retraite, nous pensons : « Auparavant tel ami m’a dit ça et puis mes parents m’ont dit ça et puis telle personne m’a dit ça ! ». Nous ne sommes pas du tout en train de méditer parce que nous pensons au passé. De même on se dit : « Qu’est ce que je vais faire après, je vais peut-être faire ça, ou peut-être ceci... ». Au bout du compte nous perdons notre temps et nous ne sommes absolument pas en train de méditer. Il en est de même quand nous récitons des mantras : au début de la récitation nous sommes vraiment concentrés, bien clairs dans la récitation des mantras, puis petit à petit nous tombons dans les pensées passées ou futures et là nous ne sommes plus véritablement présents à ce que nous sommes en train de faire. Si nous tombons dans ces différentes pensées, nous ne pouvons pas bien méditer, car notre esprit n’est pas véritablement présent. De même si nous pensons trop, nous n’avons peut-être même pas la possibilité le soir de dormir, car les pensées vont nous empêcher de dormir et, là encore, nous perdons notre temps !

Il y a l’histoire du noble Papakakayana, maître accompli, un grand réalisé qui est venu au Tibet. Quand il était au Tibet, il n’avait pas de lieu particulier où demeurer et il se faisait inviter et dormait chez les gens... Un jour il est arrivé chez un vacher qui devait le lendemain tuer tout un troupeau. Le soir venu chacun est allé se coucher et le vacher pendant toute la nuit a rêvé à combien il allait vendre toutes ses vaches et pensait : « La tête de la vache va me rapporter combien ? Et si je vends sa peau et ses entrailles combien cela me rapportera-t-il ? Que ferais-je de tout cet argent ? »... À cause de toutes ces pensées il n’a pas fermé l’œil de la nuit. Au réveil il est allé voir Papakakayana et a dit : « Lève-toi yogi, on va boire du thé ! ». Cet accompli, puisqu’il était omniscient a répondu « Toute la nuit, je n’ai pas dormi, je n’ai pas arrêté de penser combien j’allais vendre mes vaches, combien ça allait me rapporter, je suis vraiment très fatigué, alors s’il te plait, laisse moi dormir ! ».

D’une manière générale nous pensons trop à ce que nous allons faire plus tard. Une autre histoire tibétaine illustre bien cela. Il y avait un pauvre homme qui avait trouvé près de chez lui un énorme sac de 50 kilos d’orge, ce qui était énorme pour lui. Il prit ce sac de graines, l’enroula d’une corde et le suspendit à une poutre au-dessus de son lit pour protéger l’orge des souris, car dans les maisons tibétaines, il y en a beaucoup. Ayant fait ainsi, il se mit à réfléchir à ce qu’il allait faire de ses céréales et se dit : « Je vais tout d’abord retourner la terre, planter ces graines d’orge, ensuite, l’orge va pousser, je vais récolter les grains, les vendre et avec cet argent, je vais pouvoir acheter encore plus d’orge, puis mettre de l’argent de côté. Quand je vais être riche, je vais me marier, avoir un enfant. Comment vais-je appeler cet enfant ? » Et comme il voyait la lune à travers la fenêtre, il se dit : « je vais l’appeler Dawa (lune) [1] ». Pendant qu’il réfléchissait à ses pensées futures, les souris grignotaient la corde qui retenait le sac, afin d’atteindre l’orge. Finalement la corde fut rongée, le sac tomba sur la tête de ce pauvre homme qui mourut sur le champ.

Donc faisons attention afin de ne pas devenir comme lui ! Quoi que nous puissions penser, quelles que soient nos réflexions sur toutes les choses à faire, aussi nombreuses soient-elles, le résultat est bien inférieur à toutes les pensées que nous aurons pu avoir. Car, d’une manière générale, nous pensons trop. Le fait de trop penser engendre une sorte de malaise. Parfois même, nous nous disons : « Il va falloir que je comprenne le sens et si je réfléchis beaucoup je comprendrai mieux le sens ». Mais le fait d’avoir toutes ces réflexions, ces pensées, a un effet contraire, car elles ne nous rendent pas moins confus, elles ne nous apportent pas de clarté.

C’est pourquoi l’on dit dans le Dharma qu’il suffit seulement d’être présent aux pensées, d’être présent à elles maintenant. De cette manière notre esprit sera plus léger, l’intelligence éveillée pourra émerger et pourra s’accroître et le sens même pourra devenir parfaitement clair. L’esprit sera plus léger, plus détendu, sans la moindre saisie et si c’est le cas, la foi et la dévotion apparaîtront naturellement.

Et toutes les prières que nous réciterons en ayant cet esprit léger feront naître la foi, la dévotion, de la clarté pourra apparaître et l’intelligence éveillée pourra s’accroître. Il est nécessaire, en tant que débutant, d’avoir le rappel, d’avoir la vigilance, d’avoir cette attention : par la foi et la dévotion de la détente pourra apparaître. Ainsi, de manière progressive, petit à petit, la connaissance primordiale, la sagesse, pourra apparaître et alors comme une roue, grâce à cette attention nécessaire au départ, petit à petit, cette vigilance va véritablement se transformer et devenir la connaissance primordiale, la sagesse. Et cette sagesse, cette connaissance primordiale, c’est cela la Vue Pure !

Si nous ne nous entraînons pas, à l’inverse, nous serons toujours dans les pensées du passé, dans les pensées du futur et ainsi, de plus en plus, nos émotions vont s’accroître et nous n’aurons pas la possibilité de développer la sagesse, la connaissance primordiale. Puis, à cause de toutes les émotions qui vont et viennent dans notre esprit, nous devenons plus âgés, nous expérimentons la maladie. Au travers de toutes ces illusions, ces émotions perturbatrices, nos cheveux petit à petit blanchissent et nous prenons des rides, petit à petit nos jambes deviennent lourdes, alors qu’au départ nous avions beaucoup de légèreté. Petit à petit nous devenons vieux. D’où cela provient-il ?

Cela provient de nos pensées. Toutes ces pensées deviennent des émotions perturbatrices car elles sont illusions. Elles ne permettent pas une répartition harmonieuse des quatre éléments, elles les endommagent. C’est parce qu’il y a endommagement des quatre éléments que notre vie passe et que nous mourons.

En fait, nous manquons d’huile, nous manquons de pile, d’énergie. Quand les batteries de ce magnétophone sont à plat les sons deviennent de plus en plus inaudibles et s’arrêtent. Pour nous c’est pareil, c’est à cause de toutes les nombreuses pensées habituelles, de toutes ces illusions, de toutes ces émotions perturbatrices, que nous n’avons plus d’huile et c’en est fini.

On ne peut pas dire quand on est dans l’attention, dans la vigilance : « N’ayons plus de pensées ! ». Bien sûr que non ! Car de toute façon il y en aura, mais peu à peu il y aura de moins en moins de saisie des pensées. Grâce à la vigilance et l’attention nous pourrons reconnaître ce que nous pensons et si l’on est détendu, l’attachement à cette très forte saisie que nous avons des pensées diminuera. Nous serons moins attachés à cette très forte saisie qui nous nuit. Lorsque nous avons cette très forte saisie de la pensée cela se voit sur le visage qui devient rouge, ou noir, ou qui soudain est baigné de larmes…

Le moyen pour ne pas trop saisir les pensées est de considérer nos propres apparences comme si elles étaient semblables à une illusion magique. Il en est de même pour toutes les apparences extérieures que nous voyons, considérons-les comme si elles n’étaient qu’un rêve, qu’une illusion magique. Tout d’abord, si nous comprenons que nos propres apparences n’ont pas d’existence en elles-mêmes, ne sont qu’illusions, semblables à un rêve, alors nous pourrons comprendre que toutes les apparences extérieures, toutes celles que nous voyons, sont pareilles à une illusion, elles sont comme un rêve.

Il n’est pas nécessaire, de bloquer ou d’arrêter les pensées qui surviennent, toute la mémoire qui apparaît. C’est impossible d’arrêter toute cette mémoire, ce flux semblable à un grand fleuve. Nous devons juste reconnaître cette mémoire, reconnaître les pensées qui apparaissent. Si nous reconnaissons ces pensées, nous ne les saisissons plus.

On dit que les apparences sont l’aspect masculin, que la vacuité est l’aspect féminin. L’apparence existe, elle est là, elle émerge, elle est présente, c’est l’aspect masculin et cette apparence est vacuité, cette vacuité, c’est l’aspect féminin. La nature même des apparences est vacuité, il ne peut pas y avoir de saisie des apparences, car elles n’ont pas de matérialité, elles sont vacuité.

C’est pour cela que le Bouddha lui-même a dit qu’il n’y a pas à bloquer, à stopper les apparences. Dans la méditation, nous ne pouvons pas bloquer les apparences, ni les arrêter, mais nous pouvons en arrêter la saisie.

Maintenant nous allons méditer.

Questions/réponses

 (Question inaudible)

Réponse : L’apparence est l’aspect masculin, en tibétain yab et la nature même de cette apparence est l’aspect vacuité, en tibétain youm, les deux, l’aspect masculin et féminin, sont en union, ils sont indifférenciés.

 Pourquoi l’apparence ne peut-elle pas être féminine et la nature de l’apparence _ masculine ?

Réponse : Si tu veux, il n’y a pas de problème, tu peux dire que les apparences sont féminines et la vacuité masculine, ça ne pose aucun problème ! D’une manière générale, quand nous parlons des apparences, quand on dit apparences, c’est : « il y a ». C’est ce « il y a » qui est masculin, mais si tu veux dire que c’est féminin… Il n’y a pas d’erreur possible.

 (Question inaudible)

La sensation que l’on peut éprouver au travers du corps, se manifeste car nous avons un corps, un corps formel et cela est une pensée. Il va falloir reconnaître la nature même de la sensation que l’on va ressentir.

Mais comment, mais qu’est-ce que la nature de la sensation ?

Nous ressentons une sensation avec le corps, car nous avons l’agrégat de la sensation. Nous avons différents agrégats, dont celui de la sensation. La question va se poser : « Qui éprouve cette sensation ? ». Cette sensation n’est rien d’autre que notre esprit qui éprouve cette sensation sur le support de cet agrégat de la sensation et de l’aspect immédiat, brusque de notre corps. C’est bien notre esprit qui éprouve cette sensation même. Donc une fois que l’on a reconnu celui qui éprouve la sensation, l’aspect brusque et immédiat de la sensation du corps et l’aspect non permanent du fait que nous n’aurons pas toujours ce corps, quand on reconnaitra la nature même de notre esprit, on aura la reconnaissance. C’est sur le support de notre corps, l’agrégat de la sensation que nous expérimentons cette sensation. Quand on reconnaitra la nature même de notre esprit, la sagesse, cette connaissance, qui est présente depuis des temps sans commencement, émerge. Et il n’y a plus de saisie, il n’y a plus de sensation. Il faut reconnaître la nature de notre propre esprit. Le seul travail que l’on a à faire, c’est de reconnaître la nature de notre propre esprit et quand nous en aurons la reconnaissance, certaines expériences qui indiquent que l’on a reconnu la nature de notre esprit pourront survenir.

 Question : Quand on dit reconnaître la nature, en fait, ce que l’on reconnaît n’est-ce pas simplement que l’esprit ?

Si l’on reconnaît l’esprit, à ce moment-là, ce n’est plus l’esprit, c’est la Sagesse qui est présente depuis des temps sans commencements. Parce que si, dans la pratique, nous nous disons, « j’ai l’expérience, voilà c’est ça l’esprit, j’ai l’expérience, je pratique cela », là, il y a de la saisie.

 Question : Est-ce que l’on peut demander à l’esprit de reconnaître sa propre nature ?

Oui, parce que la nature de l’esprit c’est l’esprit. En fait, il n’y a pas à fabriquer, il n’y a rien à fabriquer. Si nous commençons à fabriquer quelque chose c’est un mensonge, car il n’y a rien à fabriquer. Au moment du Guru Yoga, dans le texte même, nous rentrerons plus en détail dans ces explications, nous rentrerons véritablement dans le Dzogchen. Pour l’instant nous n’en sommes qu’aux Préliminaires du Dzogchen.


[1Prénom répandu au Tibet