Accueil > Cours > Cours en ligne > Les préliminaires du dzogchen > L’attitude juste pour écouter le Dharma

Enseignement

L’attitude juste pour écouter le Dharma

Chépa Dorjé Rinpoché - Paris, le 13 décembre 2001.

Nous devons penser que maintenant nous allons écouter cet enseignement pour pouvoir établir nous-mêmes ainsi que l’ensemble de tous les êtres dans l’état d’éveil, dans l’état de Bouddha.

Je dis toujours qu’il faut que notre esprit soit ouvert. Il est difficile pour nous d’avoir cet esprit ouvert, parce que nous sommes sous l’emprise de l’ignorance. Lorsque nous pensons, nous pensons de manière réduite, étriquée.

Que nous pensions au Grand Véhicule, aux êtres, à la Prise de Refuge, à la Grande Perfection, au Dzogchen, au Hinayana, le plus important est de reconnaître la nature même de nos pensées.

Si nous ne les reconnaissons pas, il y a un problème. Si nous employons le nom de la Grande Perfection mais sommes pris par toutes sortes de pensées, nous parlons de la Grande Perfection, mais celui qui en parle est un être ordinaire qui n’est pas dans la Grande Perfection.

Il en est de même pour le Sutra du Cœur ; il y est fait référence à la Paramita de la Sagesse de la Connaissance Primordiale. Si nous lisons le Sutra du Cœur avec l’esprit plein de pensées, notre esprit n’est pas dans le parachèvement, il n’est pas dans la Connaissance Primordiale. Si nous n’arrêtons pas, s’il n’y a pas de fin à toutes ces pensées, nous n’utilisons pas notre temps, nous n’avons pas le temps. Même si notre corps est dans le bien-être, détendu, si nous pensons, nous n’avons pas le temps. Notre esprit est continuellement dans la roue des pensées ; c’est ce qu’il faut reconnaître. Pour arrêter cela, le pouvoir, c’est le Dharma.

Sinon, nous pouvons pratiquer neuf ans, douze ans, vingt ans, sans que le Dharma nous aide. Si nous connaissons les textes, la manière de les réciter, les mantras, si nous récitons ces mantras et que nous connaissons les moudras, les gestes rituels, mais que nous continuons à être dans la roue des pensées, la connaissance de tout cela ne nous sera absolument d’aucune aide.

Ce serait comme avoir un ennemi et tout ce qu’il faut pour le tuer, une bombe, des fusils, des révolvers, des couteaux, des épées, et qu’il soit toujours là, parce que l’on n’utilise pas ce qu’on a. C’est comme ça pour nous, nous avons les instructions essentielles, la transmission au travers de l’écoute, la Grande Perfection, et cela n’est d’aucun bienfait parce que nous ne les utilisons pas.

Dans notre monde, il y a toutes sortes de traditions spirituelles différentes, et nous avons peut-être pratiqué ces différentes traditions spirituelles, pourtant nous sommes toujours dans cette roue des pensées, nous pensons, continuellement et toujours. Nous avons pratiqué le bön, les traditions indiennes, le christianisme, et aussi le Dharma, le Bouddhisme, mais malgré tout nous ne sommes pas Bouddha, nous n’avons pas atteint l’éveil, ni-même le bonheur.

Le sens de tout cela, c’est notre maladie : où est-elle ?.

Dans les temps anciens, les êtres avaient un grand mérite et ils ne pensaient pas trop, ils n’étaient pas continuellement sous l’emprise de toutes ces pensées, ils pratiquaient facilement la voie du Bodhisattva et réalisaient les choses facilement parce que leur esprit était pur, sans toutes ces pensées, et que le monde n’était pas dans l’accroissement.

Actuellement, de nombreux Lamas donnent des initiations, on peut recevoir une centaine d’initiations. Auparavant, les individus, en recevant une seule initiation, étaient libérés, grâce à elle. Et pour nous, les cent initiations que nous avons reçues, où sont-elles ? Lisez la biographie de Milarépa, il a reçu une initiation et il s’est libéré, mais nous, nous n’en avons pas reçu une, mais cent et cela ne nous a pas libérés.

À l’heure actuelle, notre façon de penser n’est pas une bonne façon de penser.

Auparavant, quand des personnes allaient recevoir une initiation, ils ne se demandaient pas laquelle elles allaient recevoir, elles se disaient :
quelle chance j’ai de recevoir une initiation du Lama ; instantanément la foi, la dévotion, la confiance naissaient en elles. C’est cette confiance qui les aidait.

Actuellement, nous demandons : "De quelle initiation s’agit-il ?". S’il s’agit de l’initiation de la Grande Perfection, du Dzogchen, on décide d’aller recevoir cette initiation. Mais c’est une initiation de la saisie que l’on reçoit ! Comme nous avons de la saisie, nous ne pouvons pas recevoir cette initiation !

Il en est de même pour l’enseignement, quand nous entendons qu’il va y avoir un enseignement sur les Préliminaires du Dzogchen, ou sur l’Esprit d’Éveil, très peu de personnes viennent écouter ces enseignements, mais si l’on dit qu’il va y avoir un enseignement sur le Dzogchen, beaucoup de monde se déplace. C’est pourquoi nous trouvons maintenant toutes sortes de publicités sur le Dzogchen, mais peu sur les préliminaires ou sur les voies progressives qui mènent à l’éveil.

Au contraire, si nous avons de la foi, de la dévotion, nous sommes semblables à la vieille femme à la dent du chien. Cette histoire se trouve dans le texte de Patrul Rinpoché [1]. Cette vieille femme au Tibet avait une très grande dévotion envers le Dharma et envers le Bouddha.

Son fils était marchand et faisait très souvent des voyages en Inde. Un jour, sa mère lui demanda : « mon fils, rapporte-moi un support pour ma foi, pour ma dévotion. Puisque tu vas en Inde, et que c’est un endroit béni par le Bouddha Shakyamouni lui-même, rapporte-moi s’il te plait une relique du Bouddha. » Le fils partit en Inde plusieurs fois et revenait sans la relique de Bouddha car il oubliait à chaque fois.
Sa mère insista :
Il faut que tu me rapportes absolument une relique. Si tu ne m’en rapportes pas, je me tuerai devant toi !

Le fils partit en Inde à nouveau et sur le chemin du retour, peu avant d’arriver chez lui, il se souvint de la promesse faite à sa mère, et ayant de nouveau oublié, il décida de lui mentir. Sur le chemin il y avait un cadavre de chien, auquel il prit une dent qu’il mit dans une soierie précieuse, car les Tibétains aiment beaucoup les soieries précieuses et l’offrit à sa mère, disant que c’était une relique, une dent du Bouddha.

Sa mère, qui avait une totale confiance en son fils, n’en douta à aucun moment et eut dès lors une immense foi, une immense dévotion ! Elle tournait autour de cette dent [2], priait, faisait des prosternations. L’histoire raconte qu’au moment de sa mort elle obtint le corps d’arc-en-ciel. Elle atteint le corps d’arc-en-ciel bien que la dent ait été celle d’un chien, parce qu’elle avait obtenu la bénédiction du Bouddha grâce à sa foi et à sa dévotion.

Guru Rinpoché a dit :

Je serai auprès de toute personne qui pense que je suis là et qui m’appelle.

Il ajouta :
Je suis présent à toute personne qui a besoin de moi.

Le Bouddha Sakyamuni a dit aussi :
Je me tiens devant toute personne qui a de la foi, qui a de la dévotion envers moi.

Aussi, notre foi, notre dévotion, ne dépendent que de nous et notre pratique aussi ne dépend que de nous.

Il y a au Tibet une province où tous les gens ont un esprit très stable, ils n’ont pas forcément une grande connaissance, mais ils ont l’esprit stable, et il y a de grands maîtres accomplis.

On raconte qu’un homme de cette région, Aruk Lempa, voyant la statue du Bouddha Maitreya, dit :
Je suis venu l’année dernière, tu n’avais pas de chaussures. Je reviens cette année, tu n’as toujours pas de chaussures. Tu dois avoir très froid. La prochaine fois que je reviendrai, je te ferai de bonnes chaussures et te les apporterai pour que tu aies chaud aux pieds.

Il fit ainsi. Et l’on raconte que lorsqu’il revint, il demanda à la statue du Bouddha Maitreya : Soulève tes pieds.

La statue souleva les jambes pour qu’Aruk Lempa lui mette les chaussures. Cela montre qu’il y avait une grande bénédiction. Cet être ne s’est jamais demandé si la statue était une statue ou pas, et il n’a même pas pensé qu’elle ne pouvait pas bouger, il n’a pensé qu’à son bien.

Précédemment nous nous en étions arrêtés aux huit libertés et aux dix acquis. Tout d’abord nous devons rendre notre propre corps parfaitement pur et nous devons avoir de la foi, de la dévotion dans l’esprit. Le Dharma, le Bouddha Sakyamuni doivent être présents, et il est nécessaire d’avoir un Lama, l’ami spirituel, qui puisse nous guider. Il faut que l’ensemble de tout cela soit présent pour que nous puissions pratiquer le Dharma. Dans la tradition tibétaine, si quelqu’un a la chance d’obtenir tout cela, il est dit qu’il est doté d’une précieuse existence humaine, et qu’il a vraiment un très grand mérite.

Si une personne a obtenu tout cela, mais qu’elle ne pratique pas le Dharma, si elle perd son temps, elle est vraiment stupide. C’est vraiment très stupide.

Si notre esprit tombe brusquement dans différentes émotions grossières, nous n’avons pas la possibilité de pratiquer le Dharma. Même si nous avons le désir de le pratiquer, l’émotion est tellement forte que nous restons sous son emprise, que nous n’avons pas la possibilité de pratiquer le Dharma. Ces émotions nous dominent, c’est alors que nous pensons : « je suis malade », ou bien : « j’ai beaucoup de travail », « mes activités ne me laissent pas le temps de pratiquer le Dharma », ou encore : « j’ai toutes sortes d’obstacles, ce n’est pas le bon moment de pratiquer ». En réalité, nous ne nous donnons pas le temps, nous n’utilisons pas le temps pour pratiquer le Dharma, parce que nous sommes sous l’emprise de différentes émotions. Nous pensons : « je dois gagner de l’argent car faut toujours avoir de l’argent, même pour l’enseignement ». Pourtant chez soi, on a la possibilité de pratiquer le Dharma, d’avoir des livres, de parler avec d’autres, mais nous donnons le temps aux émotions perturbatrices et pas à nous-mêmes.

Certains se disent que cette tradition tibétaine est vraiment ancienne, qu’autrefois cela marchait, mais que maintenant cela ne marche plus. Certains se disent que les tibétains, les indiens ont une manière de penser différente de nous les occidentaux, et que cela ne peut pas nous aider. Personnellement je pense que les pensées sont les mêmes pour tous ! Certains pensent plus au passé, d’autres plus au futur, mais les pensées restent des pensées.

Si l’on veut résumer, le Bouddha Shakyamouni a dit

les êtres vivants ont en eux les cinq poisons, la colère, l’aversion, le désir-attachement, l’orgueil et l’opacité mentale.

Tous les êtres possèdent ces émotions, qu’ils soient indiens, tibétains, français... C’est ainsi pour tous les êtres vivants, même le plus petit insecte. On peut dire des êtres qui sont dominés par ces différentes émotions qu’ils ne sont pas intelligents, qu’ils sont stupides, qu’ils sont dans l’obscurité mentale, dans l’ignorance, et qu’ils n’ont pas beaucoup de savoir, de connaissance.

Pour ceux qui sont sous l’influence d’une très forte émotion, il est dit que même s’ils écoutent le Dharma, même s’ils ont la possibilité d’entendre et les mots et leur sens, ils n’ont pas la possibilité d’en comprendre le sens.

Par exemple, si je ressens une sensation de bien-être, de bonheur, et que je viens écouter l’enseignement, je vais demeurer dans la sensation de bonheur, mais je ne vais pas écouter l’enseignement, je n’en aurai pas la sensation véritable, c’est-à-dire la vacuité ! Je resterai juste dans une sensation de bien-être : en étant ainsi je reste stupide car sans aucune reconnaissance.

Mais si durant l’écoute de l’enseignement j’ai l’esprit très clair, je peux comprendre le sens des mots. Je peux avoir une véritable compréhension de ce qu’est la sagesse, la connaissance, grâce à cet esprit très clair, très léger, détendu, sans saisie.

Dans le premier exemple, je n’ai pas le mérite nécessaire pour obtenir la sagesse, la connaissance primordiale. Cela signifie que je n’ai pas le karma, que je n’ai pas non plus les souhaits pour. Cela signifie que je n’ai pas un bon enseignant, un bon maître, ce dernier me confortant dans ma sensation de bonheur, de plaisir, et dans la saisie que j’en ai, car il ne me dit pas que cette sensation de bonheur n’est pas juste, mais au contraire il me conforte dans cette voie, dans ce chemin erroné contraire à l’obtention de la connaissance. À ce moment-là, c’est perdre son temps !

Ainsi, quand nous ressentons une sensation de bonheur, de bien-être, nous devons reconnaître que nous la saisissons et nous dire que nous écoutons un enseignement, que nous devons véritablement l’écouter et comprendre le sens de ses mots pour que notre connaissance, notre sagesse, puisse s’accroître. Ainsi nous ne tomberons pas dans un chemin contraire au Dharma, mais nous pourrons véritablement développer notre esprit, cette connaissance dans notre esprit.

Si nous n’avons pas la possibilité de comprendre le sens des mots que nous entendons, nous devrons nous dire :
J’étais et je suis encore sous l’emprise des cinq poisons, des cinq émotions, de colère, de désir, d’opacité mentale, de jalousie et d’orgueil. Je dois maintenant, vraiment, et avec une grande persévérance, avec toute la diligence que je peux avoir, écouter d’une manière correcte cet enseignement, et ensuite le mettre en pratique, car c’est ainsi que je pourrai dissiper complètement les différentes émotions qui affectent mon esprit.

Cette aspiration-là est vraiment une très bonne chose, cela peut vraiment nous aider.

Nous devons reconnaître d’où viennent ces trois poisons. En reconnaissant d’où ils viennent, ces trois poisons se terminent, s’arrêtent d’eux-mêmes. Il est dit qu’il ne faut pas être comme un chien, à qui on lance un bâton et qui court le chercher chaque fois qu’on le lance.

Cet exemple signifie que nous ne devons pas suivre toutes nos émotions, comme ce chien, mais que nous devons être comme le lion qui ne court pas après la pierre qu’on lui lance, mais qui mange celui qui l’a lancée.

Nous devons reconnaître d’où viennent ces trois poisons, en voir la racine-même. C’est de cette manière que nous pourrons complètement les éradiquer. J’espère sincèrement que nous aurons tous la possibilité de développer cette diligence, de développer cette persévérance.
++++

Questions/réponses

 Question : Rinpoché dit qu’il faut avoir une écoute attentive pour comprendre le sens des mots. Quelle différence y a-t-il : on peut comprendre ce qu’est la reconnaissance, mais ce n’est pas la reconnaissance elle-même !

Réponse : C’est une très bonne question. Quand nous parlons de la sagesse ou de la connaissance, il y a toutes sortes de connaissances, il y a toutes sortes de savoirs.
Il y a le savoir de l’Esprit avec un grand E, il y a le savoir de la pensée, le savoir de l’espoir et de la crainte, le savoir du non-espoir et de la non-crainte. Il y a également le savoir de l’examen, et il y a aussi le savoir de la réalisation qui est celui où il n’y a absolument plus aucun espoir, plus aucune crainte, et alors on obtient Rigpa, la connaissance.
Il est bien de comprendre progressivement le sens de cette sagesse, cette connaissance, jusqu’à ce qu’il ne reste plus aucune émotion perturbatrice, jusqu’à ce que toutes les émotions perturbatrices soient complètement dissipées, éliminées. Ce sens va permettre d’amoindrir et de dompter les émotions perturbatrices.

 Question : Qu’est-ce que Rinpoché entendait par émotions brusques ?

Quand nous parlons des émotions qui apparaissent brusquement, cela dépend des circonstances.

 Question : Quand Rinpoché a donné l’exemple du travail, que l’on travaille pour vivre, survivre, ce n’est pas une émotion brusque, c’est sur le long terme, sur la vie elle-même ?

Ce travail qu’il faut faire a un caractère brusque, dans le sens « d’immédiat, d’instantané, de soudain ». C’est au travers des circonstances que cela apparaît. Prenons pour exemple le ciel. Il peut être parfaitement bleu, mais par la circonstance du vent, par celle du soleil, de la chaleur, des nuages peuvent apparaître soudainement, ils pourront provoquer de la pluie, de la grêle, puis à nouveau, instantanément, s’il n’y a plus de nuages, de grêle, ou de pluie, le soleil brillera. De la même façon, c’est grâce à certaines circonstances, à la foi passée, que nous pouvons rencontrer maintenant un Lama, un ami spirituel. C’est aussi grâce à notre foi, notre dévotion passée, qu’avec lui ou sur son support, nous avons la possibilité d’obtenir Rigpa, nous pouvons obtenir la connaissance.
C’est une question d’ordre pratique. Quand on pratique le Dharma chez soi, qu’on lise un livre sur le Dharma ou qu’on pratique la méditation ou les textes, ça c’est pratiquer le Dharma. Si au terme de cette pratique, on peut arriver effectivement à un état de vacuité, dans lequel on pense moins, ou peu, ou peut-être pas du tout, je ne sais pas, mais quand l’orage revient, quand on est obligé de repartir dans la vie, on est obligé de penser, pour pouvoir vivre ou survivre, on est obligé d’utiliser des concepts, la pensée conceptuelle, ne serait-ce même que pour formuler le Dharma, on est obligé d’utiliser cette pensée conceptuelle. À quel moment, quand ce savoir doit être appliqué à la vie quotidienne, est-ce qu’il est possible de vivre ou de survivre sans penser, sans avoir de référence au concept ? Il y a l’être qui a réalisé, mais quand il redescend de la montagne, dans la ville, qu’est-ce qui se passe ?
Celui qui descend de sa montagne, et qui retourne en ville, et n’a pas réalisé la Paramita de la Sagesse, c’est-à-dire la connaissance primordiale, retombera dans toutes ses pensées, dans toute cette roue de pensées, comme n’importe quel être. Si un être dans les montagnes a réalisé la Paramita de la Sagesse, s’il est vraiment allé au-delà et a atteint cette sagesse, cette connaissance primordiale, alors quand il redescend dans la ville, qu’il soit en ville ou qu’il n’y soit pas, cela ne changera absolument rien, car il ne sera pas dans ces pensées, il ne sera pas pris par ces pensées. C’est-à-dire que l’être accompli qui a réalisé l’état sans concepts, s’il est dans une activité, cette activité ne peut pas nuire à son esprit, parce qu’il est au-delà de tout concept, il n’a plus de concept.
Si malgré des centaines d’initiations, des années de pratique, on voit qu’on n’a pas les dix-huit libertés et richesses, et que la foi est bien faible, la dévotion aussi, qu’est-ce qu’on peut faire ? On est obligé de continuer.
Dans ce cas, dans le futur, cet être reprendra renaissance en tant que lion, en tant que léopard ou en tant qu’un de ces animaux sauvages car il a reçu des initiations, et la bénédiction des initiations, c’est-à-dire qu’il a reçu et obtenu une certaine force, mais, comme il n’a pas la maîtrise de son esprit, il fera peur aux autres êtres. Il renaîtra donc en tant qu’animal sauvage.

Le Bouddha Shakyamouni a dit :
Si on ne protège pas le Dharma, on tombe dans les enfers.
Protéger signifie pratiquer. Il est dit que celui qui a reçu des initiations, qui a reçu le Dharma, et plus particulièrement dans le Vajrayana, a des liens d’engagement. Si on ne les protège pas, si on ne les pratique pas, on est comme un serpent dans un bambou, on ne peut que descendre ou monter, on ne peut pas rester entre les deux, on ne peut pas rester au milieu du Samsara, ce n’est pas possible, soit on va dans un paradis pur, ou soit on va dans les enfers. C’est ce qui est dit à propos des liens d’engagement.

 Question : Rinpoché a parlé des gens qui n’ont pas de maîtrise sur eux-mêmes, mais qui maîtrisent les autres, dans ce sens-là, comment garde-t-on l’esprit stable (suite inaudible) ?

Réponse : Il faut avoir la vigilance, avoir le rappel de la Prise de Refuge, détenir cette vigilance et cette attention et, petit à petit, on peut obtenir la maîtrise de son propre esprit.

 Question : Est-ce finalement la motivation qui permet une intégration de la pratique ?

Réponse : Oui bien sûr ! Au départ c’est la motivation, puis les actes que nous allons effectuer grâce à cette motivation. Avec la motivation et les actes qui vont accompagner cette motivation, notre esprit va petit à petit se transformer.


[1Le chemin de la grande perfection

[2la circumbulation est un acte de révérence