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Enseignement

Le transfert de conscience

Chépa Dorjé Rinpoché - Paris, le 11 juin 2001

Nous allons penser que nous allons écouter cet enseignement pour pouvoir libérer tous les êtres qui sont dans la souffrance et qui ont été nos pères et nos mères et dont le nombre est aussi vaste que l’espace.

Le Dharma va nous permettre d’acquérir de la paix, de la détente, de la non-saisie dans notre esprit. Durant l’écoute de l’enseignement, nous devons examiner notre esprit et développer de bonnes pensées. Nous devons penser que grâce à l’écoute de cet enseignement nous allons pouvoir nous libérer des émotions et acquérir une expérience.

Il ne faut pas penser qu’en aidant les autres, nous allons pouvoir acquérir cette expérience car pour aider les autres, il est nécessaire d’avoir pour soi-même acquis cette expérience. Nous avons déjà donné durant l’enseignement des six Bardos l’exemple de professeur qui dirait ceci ou cela sans l’avoir vécu sans l’avoir vécu lui-même, sans en avoir l’expérience. Ceci pour dire que ce n’est pas la bonne manière d’agir. Nous devons d’abord acquérir l’expérience pour aider et ne pas commencer à parler avant de l’avoir vécue.

Aujourd’hui nous allons voir le Powa qui signifie Transfert de Conscience. Dans ce texte on ne parle pas de la pratique même mais on nous explique comment la faire. Traditionnellement mon maître procédait ainsi : il nous donnait des instructions sur la pratique et nous pratiquions deux fois à chaque séance. Je vais d’abord vous en donner le sens et quand nous aurons les textes de cette pratique, nous pourrons pratiquer véritablement. Il existe plusieurs façons de pratiquer le Powa. Gardez-en bien le sens à l’esprit.

Tout d’abord, il est dit que nous devons pratiquer ce transfert de conscience au moment de notre mort, quand le souffle s’arrête. Le Powa se nomme : "Le Transfert de Conscience de l’Attention qui Se Libère d’Elle-Même". Il est dit qu’au moment de notre mort si quelqu’un nous parle, comme nous avons une grande frayeur, nous retenons les paroles prononcées, nous sommes très attentifs aux paroles telles que « médite ainsi » car c’est le moment de notre mort.

Il y a plusieurs pratiques de Powa selon les cas. Le texte dit que pour les êtres ordinaires, ceux qui n’ont pas obtenu la réalisation de la pratique du Tektcheu (une pratique de Dzogchen), qui n’ont pas obtenu ou réalisé le Corps Illusoire et qui n’ont pas réalisé le sens des Quatre Libérations, pour ces gens là c’est-à-dire pour nous, le transfert de conscience est nécessaire.

le Powa est nécessaire pour ceux qui écoutent le Dharma mais qui ne le pratiquent pas, tel un roi tellement occupé par les affaires de son royaume qu’il n’a pas la possibilité de pratiquer durant sa vie, et pour ceux qui ne comprennent pas le sens profond du Dharma.

Ceux qui ont la possibilité de pratiquer le Dharma et qui en ont une bonne compréhension n’ont pas à pratiquer le Powa.

Pour ceux qui connaissent le Dharma sans avoir beaucoup pratiqué, cette pratique de Transfert de Conscience est très puissante. Le Powa de l’Attention qui Se Libère d’Elle-Même est un moyen extrêmement profond dont la pratique comporte des préliminaires.

Toute personne qui naît doit mourir un jour. Nous ne savons pas quand et où adviendra ce moment de la mort. Il est nécessaire pour cela de s’entraîner au Transfert de Conscience. Des signes annoncent la mort durant une longue maladie ou dans des rêves ; des signes extérieurs, intérieurs et secrets.

Les signes extérieurs sont relatifs à la vieillesse. Milarepa a dit que pour attraper un oiseau, nous y allons doucement, nous faisant petit pour ne pas lui faire peur. Nous devenons ainsi en vieillissant. Milarepa a ajouté que quand nous vieillissons, si nous voulons nous relever, nous prenons appui sur la terre comme si nous devions prendre quelque chose de très lourd. De même, on s’assoit comme une pierre que l’on jette car nous n’avons plus la force de nous assoir doucement. Nous allons vers cet état, même si actuellement nous sommes jeunes. C’est pourquoi nous devons nous entraîner au transfert de conscience. Voici pour les signes extérieurs.

Les signes intérieurs sont les rêves. Si nous rêvons que nous partons avec une personne que nous ne connaissons pas, c’est un signe que nous allons bientôt mourir. De même si nous voyons toujours le soleil se coucher, etc. Il faut que ces rêves soient fréquents.

Les signes secrets vont se manifester un mois avant la mort, nous allons oublier toutes sortes de choses, notre visage, notre esprit vont changer. Si une personne jeune, d’habitude colérique, commence à développer un esprit très vaste en harmonie avec les autres, cela peut être un signe. A l’inverse si quelqu’un a un bon état d’esprit et devient désagréable au point où ses amis pensent : « Je ne reconnais plus cette personne ! », cela peut être un signe aussi.

Quand interviennent des signes tels que les maladies graves, bouches sèches, nez tordus, besoins de dormir en restant cloué au lit, nous pouvons faire des pratiques qui peuvent rallonger la vie. Par exemple les pratiques d’Amitayus ou de Sangyé Menla, des manis [1] ou autres, cela peut nous aider. Nous pouvons aussi faire preuve de générosité, de dons, faire des prières à l’ensemble des Bouddhas et Boddhisattvas. Ainsi il est possible d’éradiquer la maladie et même de vivre quelques années de plus. Si nous avons écarté trois fois ces signes annonçant la mort, si ces signes réapparaissent alors, c’est que le moment est bien venu.

Ainsi, il est bon d’utiliser notre temps pour pratiquer le Transfert de Conscience. En faisant cela, nous pouvons acquérir une grande énergie, une grande capacité. Notre corps recèle le mandala des divinités, plus précisément il est dit que le corps est ce mandala, c’est pour cela qu’il ne faut pas se suicider. Prenons l’exemple d’un arbre fruitier. Quand le fruit est mûr il suffit de secouer un peu la branche pour que le fruit tombe. Le fruit n’est pas aussi bon si nous le mangeons avant cela. Se suicider est un acte négatif, un des cinq actes négatifs incommensurables. Il faut utiliser tous les moyens pour que cette sorte de mort n’arrive pas. Si nous maîtrisons le Transfert de Conscience, même si nous avons commis de nombreux actes négatifs, la conscience pourra se libérer et renaître dans l’un des trois mondes supérieurs. Cette pratique est vraiment d’un très grand bienfait.

Il y a deux moyens de faire cette pratique :

Le premier Transfert de Conscience nécessite un entraînement préalable afin d’affronter avec les armes nécessaires, l’ennemi qui est notre mort. Nous ne savons pas quand ce moment va venir, cela peut être très rapidement.

– Tout d’abord nous devons avoir du renoncement et l’esprit d’éveil en pensant à toutes les souffrances de l’ensemble du samsara, ceci pour nous permettre d’acquérir un esprit stable et sans agitation à l’égard des objets extérieurs. Nous avons obtenu une précieuse existence humaine et pour la conserver, il nous faut pratiquer. Nous devons réfléchir et penser qu’inéluctablement, nous allons mourir.

– Plaçons le corps bien droit et posons les mains sur les genoux, les épaules bien dégagées. En notre cœur va se trouver la lettre Houng de couleur bleue, irradiant de lumière. Un autre Houng va apparaître du cœur et fermer la porte de l’anus pour ne pas renaître dans le monde des enfers. Un autre Houng s’émanera pour fermer la porte de l’urètre, la porte des renaissances du monde des esprits avides. De l’endroit secret un autre Houng émané du cœur va fermer la porte du vagin ou du pénis, porte de la renaissance dans le cycle du monde animal. Un autre Houng va fermer le nombril, un autre Houng va fermer l’orifice de la bouche. Un autre va fermer les orifices du nez, puis encore un Houng fermera l’orifice des yeux et celui des oreilles. Lorsque tous ces Houng auront fermé leurs orifices respectifs, nous allons visualiser au sommet de notre tête un Hang de couleur blanche, placé à l’envers, au niveau de notre fontanelle.

Puis nous visualisons le canal central. Il prend sa source à l’endroit secret, quatre doigts en dessous du nombril et se dirige droit jusqu’au sommet de notre tête à la fontanelle. Deux canaux parallèles issus de l’endroit secret rejoignent le canal central en faisant un crochet. Le canal central est d’aspect nacré. Nous devons le visualiser très brillant, comme un cristal. Puis nous méditons sans aucune distraction que notre corps est semblable à une petite montagne rouge, une petite tente, à l’intérieur de laquelle se trouve le canal central.

Voilà pour les premières explications.


[1Le mantra de Tchenrezi