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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Le bardo naturel de cette vie - 13/19

Nous allons écouter cet enseignement afin que nous puissions, grâce à l’écoute de cet enseignement, libérer tous les êtres de la souffrance du samsara, tous les êtres dont le nombre est aussi vaste que vaste et l’espace.

Il ne faut pas uniquement réciter ou lire le texte, il est nécessaire de comprendre véritablement le sens de ce que nous pratiquons. Il faut que l’intelligence, la sagesse soient tournées à l’intérieur de nous-mêmes, c’est-à-dire qu’elles ne doivent pas être focalisées vers l’extérieur. Comme nous l’avons vu la dernière fois, des lettres se trouvent dans les chakras de notre corps, ces lettres doivent être tournées à l’intérieur de notre esprit. Si ces lettres sont tournées vers l’extérieur, tout ce que nous pouvons pratiquer dans le Dharma est une perte de temps. L’utilisation n’est pas correcte. Tout doit être à l’intérieur de notre esprit, à l’intérieur de notre courant d’être. Si nous faisons cela chacun pour soi, à l’intérieur de soi, nous pourrons ensuite le faire pour les autres. Ce serait comme préparer un repas. Si chacun prépare d’une manière individuelle son repas, mange, puis lave ses couverts, sa vaisselle, nous ne donnons pas le travail à faire aux autres. Si nous ne faisons pas ce travail par nous-mêmes, il est nécessaire qu’une ou plusieurs personnes effectuent ce travail à notre place. C’est pour cela que si nous arrivons à apaiser ou ne plus avoir de désir, d’attachement, de colère, d’aversion, d’opacité mentale, de jalousie, d’orgueil, si nous n’avons plus ces émotions, tout devient calme et tranquille.

Quand à l’extérieur il y a querelles, disputes, souffrance, cela montre qu’à l’intérieur il n’y a pas d’égalité, d’équanimité. L’émotion du désir apparaît, par exemple nous allons vouloir une maison, nous allons l’obtenir, cela ne suffira pas, nous voudrons une voiture, nous l’aurons, nous serons contents et cela ne va pas suffire, nous allons comparer notre maison et notre voiture avec les autres et de la jalousie va se rajouter au désir. Notre esprit est vide, cela ne lui suffit jamais, il redemande toujours plus à travers nos souvenirs et nos pensées diverses. Nous voudrons toujours ce que les autres possèdent et nous en voudrons plus encore et ainsi la jalousie et bien d’autres émotions vont se surajouter au désir. C’est pour cela qu’il faut examiner notre esprit. A travers cet examen nous pourrons développer le contentement. Il est nécessaire, bien sûr, d’avoir un lieu pour vivre, d’avoir de quoi manger ou de nous vêtir. Si nous pouvons nous dire en faisant cet examen : « ça va, ça suffit, je suis content de ce que j’ai », lorsque nous verrons les autres et ce qu’ils possèdent, nous ne serons ni jaloux, ni orgueilleux et nous pourrons aider les autres. Cela dépend aussi du lieu où nous sommes. Si nous vivons dans une grande ville, nous sommes la proie de toutes sortes d’attractions possibles. Entre le Tibet et la France, il y a une différence. Au Tibet, il n’y a pas tout cet accroissement continuel, les gens sont plus détendus. Au Tibet, il n’y a même pas de quoi se nourrir ou se vêtir correctement.

Comment, dans ces conditions, pouvons-nous développer dans l’esprit le désir d’avoir autre chose d’avoir mieux ?

Déjà d’avoir le strict nécessaire est un contentement. C’est pour cela que l’esprit est plus détendu. En France, à Paris par exemple, dès que nous voulons obtenir un objet, il est possible de l’acheter. Forcément, nous sommes assujettis à ces objets. Si nous voulons parler à une personne, immédiatement, nous décrochons le téléphone et nous pouvons alors communiquer avec elle. Au Tibet, si nous souhaitons discuter avec quelqu’un il va peut-être falloir deux ou trois jours de déplacement avant de voir cette personne.

Si nous n’examinons pas notre esprit, si nous ne développons pas le contentement, nous allons rencontrer des difficultés. En fait, ces difficultés vont venir à nous, à notre propre esprit. Cela ne sert à rien d’accumuler car tout ce que nous avons accumulé ne servira à rien au moment de notre mort. Nous perdons notre temps, nous utilisons mal notre temps. Au moment de la mort, tout ce que nous avons amassé ne nous sera d’aucune aide, cela pourra même nous nuire. C’est pour cela qu’il faut véritablement développer le contentement en notre esprit, cela se pourra se faire grâce à la sagesse. Sans cette intelligence, cette sagesse, il ne peut y avoir de contentement. De nombreuses histoires du passé racontent la vie de ceux qui étaient dotés de l’intelligence suprême, de la sagesse. Ils faisaient tout sans difficulté. Les choses arrivaient grâce à la sagesse qu’ils avaient développées. Avec cette sagesse, nous devons nous entraîner, nous devons l’utiliser. Si nous avons la sagesse et que nous nous querellons avec les autres en disant toutes sortes de mots blessants, cela n’apporte aucun bienfait ni à soi ni aux autres.

Grâce à cette intelligence, nous allons tout d’abord stopper notre ennemi. Notre plus grand ennemi se trouve à l’intérieur de nous. Notre ennemi, c’est le désir, la colère, si nous nous en débarrassons, il n’y aura plus d’ennemi extérieur. Si nous n’utilisons pas la sagesse ou plutôt si nous l’utilisons à l’extérieur de nous, nous aurons toutes sortes d’ennemis. Plus nous essayons de faire quelque chose et plus nous avons d’ennemis. Nous en aurons des milliers, cela ne s’arrête jamais.

Comme nous l’avons vu précédemment, ces dix sons, ces dix lettres se trouvent à l’intérieur de nos chakras. Si ces dix lettres sont tournées vers l’intérieur de nous, nous pourrons dissiper les émotions perturbatrices de désir, d’attachement, d’aversion, d’opacité mentale. Si ces dix lettres sont tournées vers l’extérieur, nous allons accroître ces émotions. Dans le cœur, comme nous l’avons déjà vu, se trouvent quarante deux divinités paisibles. Dans notre cerveau se trouvent cinquante huit divinités irrités. En tout il y a cent divinités en nous. Nous avons à l’intérieur de notre corps, un mandala qui est parfaitement pur. Si nous reconnaissons ce mandala parfaitement pur, chaque activité que nous allons faire, manger, nous vêtir, seront des offrandes effectuées à notre propre mandala intérieur. Si nous ne reconnaissons pas ce mandala intérieur, nous allons créer un mandala extérieur et nous allons faire des offrandes extérieures. Actuellement, nous n’avons pas la certitude que nous avons en nous ce mandala des vainqueurs. Nous devons nous entraîner pour cela. Par l’entraînement, nous deviendrons naturellement un jour des Nedjorpas c’est-à-dire des grands méditants, des grandes méditantes qui pourront, par exemple, pendant le rêve, bien que dormant dans un lit, aller de par le monde, traverser le monde. Donc, en notre cœur, nous avons quarante deux divinités paisibles et dans le cerveau, nous avons cinquante huit divinités irrités. Pour l’instant il ne nous est pas possible de les voir.

Dans le Dzogchen, il y a les pratiques de Tektcheu et de Thögyal. La pratique de Tektcheu doit être accomplie à son terme avant de pouvoir pratiquer Thögyal. Au travers de ces pratiques, nous pouvons réaliser véritablement ce mandala et voir les divinités. Nous pouvons voir chaque être extérieur qui se trouve dans notre monde. Quand nous parlons des instructions du Tektcheu et du Thögyal, il s’agit des instructions essentielles, des instructions cœur. Ces instructions essentielles, Men Ngak, ne se trouvent pas dans les livres, dans les textes. Ce sont des transmissions de la lignée, c’est le Lama qui va transmettre ces instructions essentielles aux disciples. C’est au travers de ces transmission que nous pouvons recevoir ces instructions.

Au Tibet, de grands méditants ont pratiqué en retraite pendant très longtemps, certaines personnes pourraient se demander ce qu’ils font dans leur retraite. Ils s’entraînent. A quoi s’entraînent t’ils ? Ils s’entraînent à voir toutes les apparences comme de l’or. L’or est précieux, c’est bien, c’est rare, c’est bien de voir toutes les apparences ainsi. Pour ces êtres qui ont réalisé de tels accomplissements, les textes ne sont plus nécessaires, le Dharma apparaît spontanément, il est naturel, spontané. Ces êtres ne vont pas se dire, demain, je vais aller à tel endroit faire tel rituel dans telle assemblée, je vais dire telle chose, ils n’ont pas besoin d’entraînement comme nous. Il ne vont pas, la veille d’une conférence, étudier toute la nuit pour avoir le lendemain suffisamment de choses à dire, à expliquer. Celui qui a véritablement réalisé les apparences telles qu’elles sont, est tranquille. Tout ce qu’il va dire sera le Dharma. Car cet être a réalisé la nature même de son esprit. En réalisant sa propre nature, il a réalisé la nature même de tous les phénomènes. Parce que le monde est notre esprit. Si nous réalisons la nature même de notre esprit, nous réalisons la nature même de notre monde. C’est pour cela qu’il est dit que nous devons pratiquer, que nous devons méditer. Si nous ne méditons pas, nous n’avons pas la possibilité de réaliser ceci. Il est dit que tous les êtres sont Bouddha, que tous ont la graine du Tatagatagarba en eux, que tous ont ce potentiel en leur esprit. Mais en réalité cette graine du Tatagatagarba est instantanément voilée par toutes sortes de souillures. Il est nécessaire de nettoyer ces voiles pour pouvoir reconnaître ce potentiel.

Comment faire pour nettoyer les voiles, les souillures ?

Il faut examiner son esprit, il n’y a pas d’autre manière. C’est à travers l’examen de l’esprit, par la dévotion à l’égard des Trois Joyaux, à travers leur bénédiction que nous allons pouvoir réaliser cela. C’est sur le support de l’esprit qu’il y a le corps, c’est sur le support du corps qu’il y a l’esprit, les deux sont en relation mutuelle. C’est pour cela que dans le corps nous pouvons ne pas nous sentir bien ou à l’aise. Notre corps est composé des quatre éléments. Si ces quatre éléments sont en harmonie mutuelle, nous allons bien, si ils ne sont pas en harmonie le mal-être peut survenir. Quand ces quatre éléments vont se dissoudre, c’est la mort. Par la méditation, nous allons pouvoir nous détendre. Si nous détendons notre corps, les canaux seront détendus et le souffle de la sagesse pourra circuler correctement. Le corps sera dans le bien-être et conséquemment l’esprit aussi sera dans le bien-être.

Il y a une relation très forte entre l’esprit et le corps. Plus particulièrement pour nous, débutants, il est nécessaire que notre corps soit bien droit et détendu. Si notre corps est bien droit, les canaux seront de même bien droits. Si nous sommes détendus, les souffles de sagesse pourront circuler sans entrave dans les canaux et nous pourrons ressentir du bien-être. Nous ne serons plus fatigués, nous n’aurons plus de douleurs, nous n’aurons plus mal aux jambes, nous ne souffrirons plus dans le corps. Si notre esprit et notre corps sont détendus, nous arrêtons naturellement de saisir. La saisie des émotions du désir et de l’attachement cesse dans le bien-être. L’esprit est tranquille. Mais il faut conserver la vigilance, le rappel sans cela nous pouvons tomber dans la torpeur, dans l’opacité mentale. Il ne faut pas oublier cela. Cependant, en même temps, il ne faut pas saisir la vigilance, car si nous la saisissons trop fortement, notre esprit va être tendu et des problèmes, dus à ces tensions, vont apparaître dans notre esprit. Cela n’est pas bon non plus, il faut le rappel, il faut une vigilance détendue. Si nous parvenons à cela, peut-être que nous ne sommes pas loin de l’état de Bouddha ! Afin d’obtenir cet état, nous devons nous entraîner, sans cela, le chemin pourra être très long. C’est comme si nous voulions aller à Paris, si nous en connaissons la route, nous y allons rapidement, si nous ne connaissons pas la route, nous prendrons beaucoup de temps pour arriver à Paris. Voilà pourquoi il faut un bon maître qui puisse nous montrer le chemin. Grâce à un tel entraînement, sur le bon chemin, notre esprit pourra, peut-être en deux ou trois ans, réellement se détendre. En chemin, il est nécessaire d’avoir de la dévotion, de la foi, de la confiance et plus particulièrement dans le Dzogchen. Au départ nous avons confiance, puis grâce à cette confiance, la foi et la dévotion peuvent apparaître.

Maintenant nous allons méditer un petit peu.

Méditer, signifie être détendu. Si vous dîtes : « maintenant je médite » alors nous allons saisir la méditation. Il ne faut pas dire « je médite », il suffit de rester détendu. Il ne faut pas penser « je médite, je ne médite pas ». Si nous disons « je médite » nous allons devenir aussi dur qu’une pierre. Nous devons juste rester détendus. Si vous pouvez, chez vous, faire de petites méditations, le matin ou le soir, faire des petites sessions de seulement quinze minutes comme nous faisons ensemble, cela vous permettra ainsi d’acquérir une certaine expérience. Car si vous ne le faites que lorsque vous êtes à l’enseignement et que chez vous, vous ne pratiquez pas, il est difficile d’acquérir cette expérience.

Il est bien aussi de faire quelques jours de retraite, deux jours, trois jours, une semaine. Il peut arriver lors de la première retraite que les femmes pleurent beaucoup, que les hommes aient une grande colère, il se peut aussi que dès la première fois, certains ressentent un très grand bien être. Il est bien de faire ces retraites car ainsi nous pouvons acquérir de l’expérience. Actuellement il se peut que nous ayons mal au dos, aux genoux et que nous nous disions : « j’ai mal, je ne suis pas bien », dans ce cas, effectivement, l’expérience de la méditation n’est pas réellement présente. C’est pourquoi il est vraiment bien de pouvoir méditer chaque jour quelques minutes, même cinq minutes, comme ça juste avant le repas par exemple, même un quart d’heure. Nous pouvons trouver ce moment. Si vous pouvez faire ainsi, gardez patience, soyez persévérant, essayez, quelques minutes, quinze minutes chaque jour, c’est vraiment bon. Peut-être qu’en faisant ainsi, la colère, le désir, l’orgueil la jalousie vont pouvoir devenir une sorte de médicament, une médecine très puissante. Actuellement nos émotions sont comme du poison, plus c’est poison, plus cela devient un bon remède. Car de nombreux remèdes sont faits à partir de plantes empoisonnées. Il en est de même pour nos émotions. Elles sont actuellement très fortes. Si ces émotions, qui sont des poisons, peuvent se transformer en remède, ce sera très bon.