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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Le bardo de la méditation

Nous devons penser que nous allons écouter cet enseignement pour libérer l’ensemble de tous les êtres qui se trouvent dans la souffrance du samsara et dont le nombre est aussi vaste que vaste est l’espace.

Quand nous parlons du Dharma, que voulons-nous dire ?
Il faut avoir une bonne compréhension de cela.

Dans notre cœur, se trouve un observateur qui, lorsqu’il va se sentir mal, va observer ce mal-être, cette souffrance, qui, quand il va rester, va se dire qu’il reste, qui, quand il va partir, va se dire qu’il part. En fait, le Dharma c’est reconnaître celui qui pense tout cela, celui qui a toutes sortes de pensées.

Tout le monde le connaît car tout le monde a de l’orgueil, tout le monde a du désir-attachement, tout le monde a de l’opacité mentale. Si nous reconnaissons la nature même de cela, de cet observateur, si nous reconnaissons notre propre nature, c’est ce que nous appelons la Vue.

Quand nous sommes mal, ce n’est pas quelqu’un d’autre qui est mal, c’est chacun de manière individuelle qui éprouve ce mal-être. Cela veut dire en fait, que nous ne nous trouvons pas à l’extérieur, mais à l’intérieur de nous-même. Si nous arrivons à discipliner cet ennemi intérieur, à ce moment-là, il n’y aura plus d’ennemi extérieur.

Si nous obtenons le bonheur, si nous obtenons la félicité, nous obtenons la Grande Félicité. Si nous n’obtenons pas cela, nous ne sommes pas dans le lieu de la Grande Félicité.
Si nous réussissons à ne plus avoir de souffrance, il n’est pas nécessaire de se dire que nous sommes dans le Dharma, que nous sommes bouddhistes ou que nous ne sommes pas bouddhistes car dès que nous ne souffrons plus, nous sommes bouddhistes.

Quand nous avons obtenu ce bonheur, cette félicité, nous pouvons aider les êtres. En fait, le mot "être" en tibétain se dit « sem chen ». Ces êtres sont ceux qui expérimentent la souffrance. Quand nous avons obtenu la félicité, nous ne faisons plus partie de ces êtres et à ce moment là, nous pouvons les aider.

La souffrance des êtres surgit car ils désirent tous le bonheur. Nous pensons obtenir le bonheur mais les activités que nous effectuons créent la souffrance. Nos activités sont las cause de nos souffrances. Nous créons donc notre souffrance.
Nous pouvons le comprendre. Si nous avons de l’orgueil, si nous disons « Je suis bien », nous sommes heureux, nous avons un certain bonheur dans notre esprit. Mais dès que nous cessons de penser « Je suis bien », la souffrance apparaît.

Il en est de même pour l’émotion de désir-attachement. Nous sommes accompagnés d’un ami ou d’une amie. Nous avons une relation amoureuse. Dans cette relation, nous sommes heureux mais quand cela se termine, nous souffrons et nous rencontrons toutes sortes de difficultés.

Pourquoi en est-il ainsi ?

Parce que nous ne reconnaissons pas la nature même de notre esprit. Ne pas reconnaître la nature de l’esprit, c’est ce que nous appelons l’ignorance.

Le sens, la signification, la racine de tout cela, est que nous ne reconnaissons pas la nature même de l’observateur, nous ne reconnaissons pas sa nature véritable. Quand nous pourrons réaliser la nature même de cet observateur, l’esprit ne sera pas dans l’émotion de l’orgueil. Il n’y aura plus personne qui expérimente l’orgueil, il n’y aura plus personne qui expérimente l’émotion du désir-attachement ou autres émotions.

En fait, ce bonheur et ce non-bonheur dans cet esprit sont la cause même – en fait quand nous parlons de cause, nous pourrions dire aussi la graine, le germe – qui va produire un acte, une conséquence. C’est pour cela que dans le Bardo de la Naissance, c’est-à-dire dans le Bardo où nous sommes actuellement, il est nécessaire de s’entraîner à reconnaître la nature même de cette cause, à reconnaître la nature même de cet esprit. Si nous réalisons cette nature même, à ce moment-là, cette cause deviendra la Vue.

Nous parlons des six états intermédiaires, des six Bardos. Qui crée ces six Bardos ? Qui fabrique ces six Bardos ?
Ce n’est rien d’autre que nous-mêmes, que chacun d’entre nous.

De même pour les enfers, qui crée les enfers ? C’est chacun d’entre nous qui crée les enfers ou le monde des esprits avides. Si nous disons que dans le monde des enfers il y a toutes sortes de batailles avec différentes armes, que nous sommes projetés dans un feu et que nous brûlons dans un feu, en fait qui crée ce feu ? Qui crée cette bataille ? Il n’y a personne qui crée cela, c’est nous-même, c’est notre propre esprit qui crée cela.

Qui crée à présent la souffrance que nous expérimentons ?
Ce n’est personne qui crée cette souffrance, c’est nous-même, chacun crée sa propre souffrance.
En fait, plus nous pensons, toutes sortes de pensées émergent dans notre esprit. En fait, c’est cela qui crée la saisie dans notre esprit.

Mais si nous avons un rappel de la vigilance quant à cet esprit et toutes ces pensées qui le traversent, si nous reconnaissons que nous avons ces pensées et que nous nous disons « Toutes ces pensées ! Cela ne sert à rien que j’en accumule d’autres, il faut juste que je reste tranquille, l’esprit détendu... ». Si nous parvenons à avoir l’esprit détendu, un certain bien-être va apparaître dans notre esprit.

Quand nous éprouvons du bonheur dans notre esprit où se trouve notre esprit ?

Il se trouve à l’intérieur de notre corps.

Aujourd’hui, nous parlons du Bardo de la Méditation. Certains disent que l’esprit se trouve dans notre cerveau. Il y en a d’autres qui disent que c’est dans le cœur. Où se trouve-t-il alors ? En fait, notre esprit n’a pas de substance, de matérialité. Comment pouvons-nous lui trouver un endroit ? C’est comme la graine de tournesol dont nous tirons de l’huile. Si nous prenons une graine de cette plante, nous ne pouvons pas dire que l’huile que nous allons tirer se trouve dans un endroit particulier de cette graine. L’huile se trouve dans la graine elle-même. Il en est de même pour le beurre. Dans le beurre, nous ne pouvons pas dire qu’il y a de la graisse à certains endroits et pas à un autre endroit. Le beurre, c’est le beurre.

C’est pour cela que le Bouddha a dit que notre esprit embrassait l’ensemble de tout notre corps, qu’il ne se trouvait pas dans un lieu particulier. En Occident, nous disons que l’esprit se trouve dans le cerveau. En fait, pour nous, le cerveau est bien là et donc notre esprit se trouve dans le cerveau. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce qu’au moment où nous pensons, notre esprit réside dans notre corps. A ce moment-là, nous disons qu’il se trouve dans notre cerveau.

Quelle est l’origine de cela ?

Par nos yeux, nous comprenons toutes sortes de choses car les canaux des yeux sont les meilleurs canaux de notre corps. Cela fait référence aux quatre éléments, à l’essence des quatre éléments. Mais par contre, nous ne pouvons pas dire que notre esprit réside uniquement dans nos yeux. Car en disant ceci, nous ne reconnaissons pas que l’esprit n’a pas de matérialité, que l’esprit est vide, est vacuité.
Nous ne pouvons pas dire que l’esprit est vide, qu’il est vacuité et en même temps vouloir trouver un endroit où il demeure. Si on dit ça, cela voudrait dire que notre esprit n’est pas vide, n’est pas vacuité.

Quand nous entrons dans le Bardo de la Méditation, dans cet État Intermédiaire de la Méditation, nous commençons par nous poser la question suivante : " Où se trouve notre esprit ? Où se trouve-t-il à l’intérieur du corps ?". Nous allons examiner cela. Si nous trouvons que notre esprit se trouve dans un endroit du corps, nous allons devoir l’expliquer et en donner l’origine. Si au bout du compte, nous ne voyons pas que l’esprit se trouve dans un lieu précis, nous pouvons véritablement entrer dans l’État Intermédiaire de la Méditation.

Selon la tradition, nous allons faire cet examen et nous dire « Mon esprit se trouve dans mes cheveux, dans ma tête, dans ma bouche, dans mes épaules. ». Nous allons examiner les moindres parcelles de notre corps jusqu’à ce que nous reconnaissions que nous n’avons pas la possibilité de saisir cet esprit. De par le passé les individus n’ont pas réussi à le faire. Aujourd’hui, finalement, de même, nous n’arrivons pas à saisir cet esprit.

Comme nous en avons déjà parlé au début, notre esprit qui expérimente ce bonheur, ce non-bonheur est l’esprit qui expérimente l’émotion de la colère, du désir-attachement, de l’opacité mentale. Ensuite, nous nous posons la question : " Où se trouvent ces différentes émotions ?". Nous allons reconnaître que si cet esprit est vide, puisque ces émotions proviennent de l’esprit, elles aussi sont vides.

Ces trois émotions, la colère, le désir-attachement, l’opacité mentale, sont-elles vides ou ne le sont-elles pas ?

Cela, c’est quelque chose qui est réellement assez difficile à comprendre. La vérité, c’est que la nature même des trois poisons racines : la colère, le désir-attachement et l’opacité mentale, est vacuité. Ces émotions sont vides. Mais nous n’avons pas la compréhension de la nature vide de ces émotions. Puisque nous n’en avons pas la compréhension, nous avons du désir quant à elles et nous les saisissons.
Si ces émotions n’étaient pas de vides par nature, vacuité, nous n’aurions pas la possibilité de les regretter, de les confesser. Si elles n’étaient pas vides en elles-mêmes, elles seraient tout le temps là, continuellement présentes. Comment pourrions-nous les regretter, comment pourrions-nous les confesser ?

C’est pour cela que nous disons que l’essence même de ces émotions est vide et que leur nature est clarté. Quand nous disons que leur nature est clarté, cela veut dire que nous n’avons pas la possibilité tout d’abord de les saisir. Si nous ne pouvons pas les saisir, c’est qu’elles sont vides. Cependant, nous en avons une compréhension et cette compréhension c’est la clarté.

Parfois nous pensons, nous réfléchissons, nous disons : « L’essence même, la nature de mon esprit est vacuité. » et puis parfois nous disons : « J’ai une grande compréhension, donc cette compréhension, c’est la clarté. ». Si nous voyons les choses ainsi, ce n’est pas la Vue Parfaitement Pure du Bouddha, dans la mesure où c’est encore une réflexion.
Parce qu’à ce moment là, nous réfléchissons. Mais si nous avons une très grande détente dans notre esprit, que nous ne pensons pas qu’il y a cette clarté, comme nous ne pensons pas, naturellement la vacuité et la clarté de l’esprit vont se joindre et quand les deux sont unies, elles deviennent indifférenciées, nous réalisons les deux.
A ce moment précis, s’il y a encore une petite saisie, ce n’est pas la Vue.

Donc quand nous sommes détendus, que notre esprit est vraiment détendu et que nous pensons : « Je suis vraiment dans cette détente... » ; à partir du moment où cette pensée survient, c’est terminé, cet état disparaît.

Quand notre corps est détendu, naturellement les quatre éléments vont s’équilibrer complètement. De cet état d’égalité des quatre éléments, la connaissance va surgir spontanément.

L’État Intermédiaire de la Méditation, c’est être capable de rester dans cet état sans absolument aucune distraction.
Certaines personnes n’ont pas la possibilité de demeurer dans le Bardo de la Méditation, ils pensent y être mais en fait, ils n’y sont pas. Quand nous avons reconnu cet état, si nous avons la moindre pensée qui émerge dans notre esprit, ce n’est plus le Bardo de la Méditation, cet état est terminé.
Celui qui a la Sagesse, celui qui a la Foi, la Dévotion, va pouvoir obtenir une détente dans l’esprit et ainsi il pourra véritablement réaliser l’État Intermédiaire de la Méditation.

Dans la tradition bouddhiste, nous faisons beaucoup de souhaits pour pouvoir rencontrer le Lama et pour pouvoir réaliser cet état de méditation. Les souhaits sont quelque chose de très important car si nous faisons des souhaits, dans le futur, il y aura un résultat. Les souhaits que nous allons effectuer s’accumulent. Une graine, un germe que nous plantons donnera un résultat. A l’inverse, si nous ne faisons pas de souhait, même si nous avons l’opportunité de rencontrer un Lama doté de moyens pour nous conduite jusqu’à la réalisation, le chemin va être complètement bloqué. C’est le signe que nous n’avons pas effectué de souhaits.

C’est pour cela qu’il est vraiment important de faire des souhaits car dans le futur même si nous rencontrons des difficultés, nous aurons la possibilité de rencontrer le Lama. Le temps sera venu grâce aux souhaits que nous aurons effectués auparavant.

Si tout en faisant ces souhaits nous gardons une certaine stabilité dans notre esprit, nous pouvons dire à ce moment-là que nous sommes dans le Bardo de la Méditation. Ce n’est pas exactement l’état de méditation mais il y a quand même un certain état de méditation.

Il en est de même pour la récitation du mantra. Si nous récitons le mantra en ayant un esprit stable et en ayant de la foi, de la dévotion, nous pouvons dire que nous sommes dans l’état intermédiaire de la concentration, de la méditation. Ce n’est pas réellement la réalisation de cet état de concentration, puisque à ce moment là nous n’avons pas réalisé Rigpa, la Connaissance.

Quand il y a l’union de Chiné (la Pacification Mentale) avec Lhaktong (la Vision Supérieure), c’est l’État Intermédiaire de la Méditation.

Quand nous avons obtenu Chiné, la Pacification Mentale, cela veut dire que nous avons un esprit stable. Si cet état est indifférencié de Lhaktong, la Vision Supérieure, il n’y a plus d’obscurité dans notre esprit et nous réalisons Rigpa, la Connaissance.

Il n’y a alors plus du tout d’émotion car notre esprit est pacifié. Dans cette paix, il n’y a plus d’émotion c’est-à-dire il n’y a plus de saisie quant à ces émotions, il n’y a plus de désir, il y a juste la vision supérieure. Il n’y a plus non plus d’orgueil car notre esprit est en paix. Notre esprit s’ouvre il devient très vaste parce qu’il y a une compréhension véritable des trois émotions : du désir-attachement, de la colère et de l’opacité mentale.

Lors de la reconnaissance de la nature même de ces émotions, il y a une très grande clarté, il y a Rigpa, la Connaissance. Nous pouvons alors dire que nous nous trouvons dans l’État Intermédiaire de la Méditation car toutes les émotions sont complètement terminées, nous n’avons plus toutes sortes de pensées dans notre esprit, il n’y a plus d’observateur.

A ce moment là, la racine du samsara n’est plus, elle n’existe plus. Pourquoi cela ?

Parce qu’il n’y a plus d’observateur. Il y a une compréhension véritable et cette compréhension nous ne l’oublions pas.
Celui qui a réalisé cette Vue n’a pas besoin de poser la question à quelqu’un d’autre : « L’ai-je réalisée ou non ? » C’est comme si nous mangions quelque chose de sucré, là nous n’avons pas besoin que quelqu’un nous dise si cette chose est sucrée ou non, nous avons le goût du sucré dans la bouche. Si nous n’obtenons pas véritablement la Vue, c’est comme de manger quelque chose de sucré. Nous avons effectivement mangé quelque chose de sucré mais nous oublions que nous l’avons mangé. La souffrance apparaît et, à nouveau, nous nous mettons à penser.

Comme dans le Bardo de la Méditation il est important de méditer, nous allons méditer ensemble quelques minutes.