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Enseignement

Le bardo de la réalité absolue 6/8

PAris, le 24 septembre 2001

Enseignement du 24 septembre 2001.
Résumé : Vigilance, « Tektcheu », « Thögyel », Bardo de la Réalité absolue.

Nous pensons que nous allons écouter cet enseignement sur les six bardos, pour pouvoir libérer l’ensemble de tous les êtres de la souffrance du samsara, tous ces êtres qui ont été nos pères et nos mères et dont le nombre est aussi vaste que vaste est l’espace.

Durant l’écoute de la méditation, sur la base de cette écoute, nous devons développer un esprit excellent.

Qu’est ce que nous entendons par esprit excellent ?

C’est de toujours examiner son propre esprit, regarder à l’intérieur de soi. D’une manière générale, puisque les gens ne regardent pas à l’intérieur de leur esprit, à l’intérieur de leur corps, ils font toutes sortes d’activités dont ils n’ont même pas conscience. C’est pour cette raison qu’il est important d’avoir la vigilance. D’un point de vue Dzogchen, lorsque nous parlons de la vigilance, nous la considérons comme une pensée. Mais, parce que nous sommes débutants, il est important que nous développions la vigilance. Si nous n’avons pas de pont, il ne nous est pas possible de traverser un grand fleuve. Sans pont, nous ne pouvons pas aller sur l’autre rive, de même, si nous n’avons pas de vigilance, si nous ne savons pas ce que nous faisons, ce que nous pensons, nous ne pouvons pas reconnaître.

Quand devons-nous faire appel à la vigilance ?

L’ensemble de tous les êtres désirent obtenir le bonheur mais chacun, de manière individuelle, n’avons pas la capacité, le pouvoir de l’obtenir et cela est du à notre karma passé. Dans nos vies antérieures, nous avons accumulé toutes sortes d’activités négatives au travers de nos émotions, fautes et voiles. Cela ne nous permet pas d’avoir la maîtrise de nous-même, de notre propre esprit.

Depuis des temps sans commencement au travers de nos innombrables vies, nous avons accumulé de nombreux voiles, émotions, fautes. Cela nous a apporté de la souffrance. C’est pour cela que nous devons nous en rendre compte, que nous devons regretter sincèrement ce que nous avons fait auparavant. C’est ainsi, qu’à présent, si quelque chose survient que nous ne désirons pas, nous souffrons. Pour celui qui n’a pas la compréhension de la loi de cause à effet, lorsqu’il y a quelque chose qui survient qu’il ne désire pas, cela le fait souffrir : « Pourquoi est-ce que je souffre ? ». S’il se pose la question, de la colère va monter et sur le support de cette colère, encore plus de souffrance va apparaître. Cette colère va créer, à nouveau, dans le futur, la graine de la souffrance future. C’est là que la vigilance intervient. Si nous nous disons " Cette colère va être la cause de souffrance future, il vaut mieux que je ne me mette pas en colère" ; c’est là que la vigilance doit intervenir. Nous pouvons, nous dire lorsque monte la colère : « Est-ce que cette colère m’est utile ? Va-t-elle résoudre le non-désir que j’ai ? Ce non-désir est toujours présent dans mon esprit, cela ne m’aide pas ». Il faut se dire que ce non-désir, cette colère survient parce que nous avons accumulé des actes négatifs par le passé. C’est pourquoi nous devrions véritablement, devant les Trois Joyaux, regretter et nous dire : « Je regrette sincèrement du plus profond de mon cœur d’avoir commis des erreurs par le passé et reconnaît que le résultat de ces fautes ou voiles est ce que j’expérimente maintenant. ».

Nous avons différents moyens pour regretter ces fautes, ces erreurs. La première des choses est d’avoir honte vis-à-vis de nous-même, honte d’avoir pu commettre de tels actes par le passé. Il est important d’avoir un regret sincère, d’être attristé, de confesser nos actes passés et également de se dire : « Maintenant je ne vais plus faire cette erreur dans le futur, même si quelqu’un venait vers moi pour me tuer je ne recommettrai pas ces fautes ». C’est cela qui est difficile.
Nous pouvons regretter mais ne plus recommencer est très difficile. Il faut un examen de l’esprit très ferme, très coupant comme l’épée de Manjushri. Cet examen est nécessaire pour éviter de commettre des erreurs. Sans cet examen, nous pouvons être désolé pour autrui. Il est difficile de ne pas recommencer les erreurs du passé même en les ayant regrettées. Il est nécessaire de faire un véritable examen de l’esprit et de développer la vigilance encore et encore. Ainsi, si nous développons cette vigilance de façon constante, nos erreurs pourront être éradiquées. C’est ce que nous appelons l’antidote, cela nous aide. L’antidote du feu, c’est l’eau et inversement. L’antidote de l’avarice sera la générosité, l’antidote de l’orgueil sera l’Esprit d’Éveil, l’antidote de la vigilance sera la vigilance.

Où se trouvent l’opacité mentale, la colère et le désir attachement ?

Ces émotions sont à l’intérieur de nous-même, à l’extérieur il n’y a rien. Si nous pensons arrêter ces émotions en regardant à l’extérieur, nous ne le pouvons pas, c’est à l’intérieur qu’il faut les arrêter. Si un individu dit que le désir-attachement se trouve à l’extérieur, il fait naître à nouveau du désir-attachement. Quoique les activités de notre monde puissent fabriquer, ces fabrications peuvent être défectueuses, à cause de cela nous pouvons nous mettre en colère, mais cette colère qui apparaît ne provient pas de l’extérieur, elle provient bien de nous. C’est sur le support des trois poisons, désir-attachement, colère et opacité mentale que nous nous trouvons encore dans le Samsara, a expérimenter encore le bonheur et la souffrance et que nous expérimentons la naissance et la mort.

Nous en sommes actuellement au moment du Bardo de la Réalité absolue où les quatre éléments vont se résorber chacun l’un dans l’autre et ainsi toutes les apparences vont changer à chaque dissolution de ces éléments.
Comme nous l’avons vu précédemment, toutes les apparences extérieures se fondent et se réunissent à l’intérieur de nous. L’ensemble des vaisseaux sanguins, du sang se réunit aussi au niveau de notre cœur, l’énergie vitale également se condense au niveau du cœur. Ce processus s’effectue au moment de la mort. La quintessence même du sang vient se réunir au niveau de notre cœur.

Qu’est-ce que nous allons voir apparaître ?

Par exemple, pour moi à ce moment là, les apparences sont comme un crépuscule, petit à petit la nuit apparaît, nous allons voir de loin, puis de moins en moins bien puis cela va devenir complètement obscur. De même, Rigpa, la connaissance, se condense, se résume, se réunit au niveau de notre cœur. C’est comme dans la vie, quand il y a du soleil, nous sommes à l’extérieur et quand la nuit tombe, chacun se retrouve à l’intérieur. Là, nous n’avons plus la possibilité de prononcer des paroles, tous les canaux et le sang de notre corps se réunissent et se condensent au niveau de notre cœur. Nous ne sommes plus maître véritablement de notre corps. Cette goutte de sang au niveau du cœur va encore se diviser jusqu’à sa quintessence. Nous ne pouvons plus tenir notre corps, notre tête. C’est là que toutes les apparences prennent la forme de lumière blanche et de lumière rouge, le souffle extérieur, la respiration s’arrête. Rigpa, la Connaissance s’évanouit dans le cœur, ce qui peut durer selon chacun trois jours, parfois moins. Quant à nouveau notre esprit sort de cet évanouissement, le Bardo de la Réalité absolue commence. C’est donc à ce moment précis qu’apparaît l’état intermédiaire de la Réalité absolue. Les quatre éléments se résorbent de manière naturelle. Les cinq éléments se déploient au travers des cinq différentes lumières. Quand l’élément terre se résorbe en lui-même, la lumière jaune apparaît et se déploie, quand l’élément vent se résorbe en lui même, c’est l’apparence de la lumière verte qui se déploie, ces cinq éléments sont à ce moment-là, les cinq sagesses :
_- la Sagesse Discriminante, la Sagesse Semblable au Miroir, la Sagesse du Dharmadatu.
_Chaque sagesse va correspondre à un élément, par exemple, l’élément eau va faire référence à la Sagesse Toute Accomplissante, l’élément terre à la Sagesse Equanime.

C’est le sens qu’il est important de connaître, toutes ces lumières sont les cinq sagesses. Quand elles se déploient, nous pouvons ressentir de la peur, n’ayant pas la reconnaissance de la nature même de ces lumières. Si nous reconnaissons que ces cinq lumières sont les cinq sagesses, par cette reconnaissance, nous nous libérons. Car à ce moment-là, la sagesse se fond dans la sagesse, il n’y a plus aucune peur, plus aucune saisie, il n’y a personne qui saisit, c’est ainsi qu’il y a la libération, la sagesse devient sagesse. Le processus des cinq éléments qui se résorbent en eux-mêmes et toutes les apparences qui proviennent de l’essence même de ces cinq éléments, sont ce que l’on appelle le Bardo de la Réalité absolue.

Pourquoi devons-nous nous entraîner ?

C’est pour reconnaître ces cinq lumières comme les cinq sagesses. Donc, dans cette vie nous devons pratiquer le Dharma. C’est pour cette raison que nous allons effectuer les différentes pratiques du Dzogchen. Tout d’abord il y a le Kadak Tektcheu. Que nous employons le premier mot Kadak qui signifie « primordialement pur » ou le deuxième mot Tektcheu, les mots sont différents mais le sens en est le même. Nous recevons une introduction du Lama à ces pratiques et après cette introduction, nous allons les effectuer quelques mois, quelques années. Après les avoir effectivement pratiquées, nous allons passer aux pratiques du Thögyel où nous pratiquerons toutes les apparences qui vont se déployer dans le Bardo de la Réalité absolue.

Tektcheu signifie « couper au travers ». Toutes nos émotions, les plus grossières comme les plus subtiles, sans aucune exception, vont être complètement tranchées, coupées. Puisque, après cette pratique, nous n’aurons plus la moindre saisie sur les émotions les plus subtiles, nous pourront passer à la pratique de Thögyel, pratique d’un très grand bienfait. Si nous recevons les instructions de Thögyel et que nous avons de la saisie, cela n’est d’aucune aide. Dans ces pratiques du Thögyel, il y a celle des Quatre Lumières, les Quatre Flambeaux, les Six Flambeaux : le Flambeau Parfaitement Pur. Il y a le Flambeau de la Sphère Vide, le Flambeau des Larmes, le Flambeau du Cœur de Chair, comme nous l’avons vu dans le cœur se trouve Rigpa, la Connaissance et il y a un lien avec ce cœur et nos yeux. Quand nous parlons du Flambeau Parfaitement Pur, il fait référence à l’espace, à la pureté de l’espace. Quand nous parlons du Flambeau de la Sphère Vide, cela signifie que toute sphère, que tout tiglé est vide et vacuité. Dans le futur, nous verrons dans cette pratique de « Tögyel », les trois postures. Parfois nous regarderons les rayons du soleil et cela va nous aider à reconnaître le déploiement de certaines apparences. Si quelqu’un a l’esprit stable dans la Vue, ces sphères vont devenir très grandes, à l’inverse, si la personne n’a pas la stabilité dans la Vue, aucune sphère ne pourra apparaître.

Qu’est ce que nous entendons par sphères ?

Dans les rayons du soleil, nous allons voir les cinq lumières. Ces cinq lumières vont tourner et devenir de plus en plus grandes, elles vont faire un arc en ciel et à l’intérieur de ces rayons de lumières, vont se trouver les cinq sphères. Dans le futur, petit à petit, nous recevrons les instructions et nous en aurons la compréhension. D’abord il nous faut obtenir « Tektcheu » et pour obtenir « Tektcheu » il faut méditer. Nous allons donc méditer quelques instants.