Aujourd’hui nous allons parler du bardo de la mort, de l’état intermédiaire du moment de la mort. À partir du moment où nous naissons, nous allons forcément mourir. C’est pourquoi il est important de connaître ce chemin qui va nous amener à notre mort, ce moment de la mort puisque la mort est une certitude.
Dans un premier temps, il est important de reconnaître sa propre mort, pour ensuite savoir comment aider les autres êtres à ce moment particulier.
Dans notre monde, il existe toutes sortes de traditions spirituelles qui ont chacune des méthodes et des coutumes spécifiques pour aider les mourants. Je ne connais pas toutes les coutumes reliées à ces traditions spirituelles du moment de la mort. Cependant, je sais un peu de quelle manière nous abordons ce sujet dans le bouddhisme, que ce soit pour nous-mêmes ou pour l’aide que nous pouvons apporter aux autres.
Je pense personnellement qu’à partir du moment où nous avons une bonne compréhension et une bonne pratique du bouddhisme, il y a une manière particulière d’aborder notre propre mort. Si nous avons cette bonne compréhension, grâce à certains signes, nous pourrons voir chez le mourant ou le mort s’il suit un chemin qui pourra l’aider ou s’il aborde ce chemin d’une manière incorrecte. En effet, une personne qui a une bonne compréhension de ce moment particulier n’aura pas de peur dans son esprit. Elle aura l’esprit détendu, et cette détente se répercutera au niveau de son corps : son cadavre ne sera pas raide.
Pour un pratiquant du Dharma qui a un bon entraînement à la méditation, on dit qu’à sa mort, des signes très particuliers se manifestent. Par exemple, il meurt en corps d’arc-en-ciel ou bien encore son corps se réduit. Sans parler de ces êtres, si nous, les êtres ordinaires, avons une bonne compréhension de ce moment, notre corps ne sera pas crispé, il restera dans un état de détente. Cette détente du corps sera le signe que la personne n’aura pas eu de peur dans son esprit. À l’inverse, un cadavre rigide sera le signe qu’au moment où la conscience a quitté le corps, l’esprit de la personne était tendu. Le corps reste ensuite dans cet état.
Nous pouvons expliquer le cheminement du moment de la mort, cette aide à apporter tant à soi qu’à autrui de deux manières différentes.
Pour ce qui nous concerne, nous pouvons pratiquer avec le support d’un lama, d’un instructeur et obtenir de cette manière la maîtrise de notre esprit. Pour la personne qui possède cette maîtrise de l’esprit, si quelque apparence effrayante se manifeste au moment de la mort, elle n’en aura pas peur parce qu’elle aura reconnu la nature même de son propre esprit. Elle en aura une connaissance très claire. Elle reconnaîtra qui expérimente ces apparences et de quelle manière elles émergent. C’est ce qu’on appelle l’état sans peur.
En fait, qui meurt ?
Au moment de notre mort, il y a séparation de l’esprit et du corps, bien que, durant notre vie, ils ont été réunis. La non-peur signifie qu’au moment de notre mort, nous n’avons pas de saisie, pas de crainte de la séparation de l’esprit d’avec le corps. Au moment où l’esprit quitte le corps, nous le reconnaissons[la nature véritable de l’esprit]. Sans cette compréhension, lorsqu’arrive ce moment, l’esprit a peur de cette séparation d’avec le corps.
Tout au long de cette vie, nous avons une grande saisie du corps. C’est naturel puisque notre esprit y demeure. À cause de cela, la peur apparaît au moment de la séparation. Mais le grand pratiquant qui maîtrise son esprit a la capacité de reconnaître celui qui saisit ce corps. Au moment de la mort, il n’aura pas peur car il comprendra la nature de cette séparation. Le moment de la mort sera vécu plus facilement.
Dans le bouddhisme, nous pouvons recevoir des instructions pour le moment de la mort grâce aux pratiques de trekchö et thögal. Mais ces pratiques ne sont d’aucune aide à ceux qui ne trouvent pas le temps de les pratiquer ou qui ne les pratiquent pas correctement.
Pour aider les mourants, il faut une capacité particulière, une grande énergie. Pour le grand accompli, le neldjorpa , il est facile d’aider le mourant en lui faisant découvrir la nature de son propre esprit. En effet, puisque ce grand accompli a déjà une parfaite maîtrise de son esprit, il pourra aisément montrer au mourant le chemin qu’il a déjà parcouru. C’est ce qu’on appelle en tibétain le transfert de conscience, powa. Cela consiste à aider l’esprit à se séparer du corps, à aller au-dehors du corps et à conduire la conscience sur un chemin correct.
L’esprit va sortir du corps par les différents orifices de celui-ci (les yeux, la bouche, les narines…). Il y a alors un risque pour l’esprit de renaître dans les mondes inférieurs. Si l’esprit sort par la bouche, il peut renaître dans le monde animal ou dans celui des esprits avides. Si l’esprit sort en direction des pieds, il peut renaître dans le monde des esprits avides ou dans celui des enfers. Si l’esprit sort par les oreilles ou par les narines, il peut renaître dans le monde des dieux ou des demi-dieux.
Il est dit que le chemin correct se trouve au sommet de notre tête où se trouve la roue de félicité ultime. S’il passe par ce chakra l’esprit expérimente et réalise cette félicité ultime.
En général, nous avons toutes sortes de pensées discursives, particulièrement quand nous sommes malades. Notre esprit ne peut pas rester concentré seulement sur un seul point du sommet de la tête. Il peut y rester parfois l’espace de quelques minutes seulement puis il suit une autre pensée. C’est pourquoi il est important que l’esprit passe par ce point du sommet de la tête.
Il faut préciser que lorsque nous parlons de l’arrêt du souffle, il s’agit du souffle intérieur et pas du souffle extérieur. Si au moment de l’arrêt du souffle intérieur, nous laissons l’esprit demeurer au sommet de notre tête, il est certain que nous sommes sur un chemin correct et que nous pouvons renaître dans un paradis pur.
Il existe différents moyens pour que l’esprit suive ce chemin correct. Par l’entraînement, nous pouvons nous aider nous-mêmes et aider les autres à passer par cette voie.
Concernant le transfert de conscience, j’ai donné l’année dernière quelques instructions lors de l’enseignement sur les six bardos . Certains d’entre vous ne les ayant pas reçues, je vais en parler brièvement.
Nous devons nous méditer sous l’aspect de la divinité Vajrayogini. Au sommet de la tête, nous devons méditer le Bouddha Amitabha, le bouddha de lumière infinie, ainsi nommé car sa lumière irradie dans tout l’espace. Il est de couleur rouge, les deux mains en posture de méditation au niveau de son nombril. Il porte les robes de moine et est assis en posture vajra. Tous les lamas, les maîtres de la lignée sont là. Si nous ne les connaissons pas, nous pouvons simplement penser à la présence d’êtres réalisés. Sinon nous pouvons juste nous concentrer avec beaucoup de foi et de dévotion sur le Bouddha Amitabha. C’est bien ainsi aussi.
Au niveau de notre cœur nous visualisons la lettre HUM dont nous allons émaner neuf autres qui vont fermer les différents orifices de notre corps. Une fois ces neuf orifices fermés par les HUM, il ne restera plus que le chemin au sommet de notre tête, celui de la grande félicité ultime. Pour visualiser ce chemin, nous devons d’abord voir le canal central, rouge à l’intérieur et blanc à l’extérieur. Il part de quatre doigts sous le nombril et monte jusqu’au sommet de la tête.
Il y a dans notre corps trois canaux principaux : le canal central et deux canaux latéraux. Le canal central est ouvert à son sommet. Au niveau du nombril, nous visualisons une syllabe HRI, ou nous pouvons simplement entendre intérieurement le son de cette syllabe. En dessous de cette syllabe, nous visualisons une petite sphère lumineuse, un thiglé, pas plus grosse qu’une demi-lentille. Nous allons penser qu’avec le souffle, le thiglé et la syllabe HRI vont monter par le canal central, sortir par son sommet et se fondre en le cœur du Bouddha Amitabha.
Au moment de leur mort, certains individus savent qu’ils vont mourir. Cela est très clair pour eux. S’ils peuvent visualiser ce dont nous venons de parler, cela les aiderera puisque leur esprit va aller se fondre dans le cœur du bouddha Amitabha. Il sera alors séparé du corps et ne redescendra plus. La mort sera plus facile.
Cette aide que nous nous donnons à nous-mêmes est un moyen excellent, une aide au moment de la mort puisque nous ne savons pas si nous mourrons seul ou accompagné. Nous ne savons pas si nous pourrons être aidé par quelqu’un, et même si tel serait le cas, nous ne savons pas si la personne connaîtra tout ce processus.
Maintenant, comment pourrons-nous aider les êtres qui ne s’entraînent pas du tout ?
Quand on est sûr que la personne va mourir, par exemple une personne malade depuis longtemps dont le diagnostic détermine une mort imminente, nous devons lui parler très clairement tant qu’elle a encore l’esprit très clair, avant la résorption des différents éléments au moment même de la mort. Il faut lui dire que toute personne meurt, que c’est un processus normal et qu’il ne faut pas développer de peur de la mort.
Nous sommes très attachés à nos possessions matérielles ou à nos proches. Il est important à ce moment-là de ne pas avoir ces saisies. Il est possible que pour les personnes n’ayant jamais entendu d’enseignement il soit difficile d’entendre qu’il est préférable de ne pas avoir d’attachement pour les affaires de ce monde, mais il faut que je vous le dise puisque au moment de la mort, cet attachement ne vous aidera pas.
En fait, il faut ne pas avoir de saisies vis-à-vis de ce que nous possédons ou de ce qui se trouve autour de nous puisque nous ne pourrons pas les emporter. Dès à présent, il faut reconnaître que cette saisie ne peut pas nous aider au moment de la mort. C’est pourquoi il est bien avant de franchir ce passage d’offrir ce que nous possédons, tout ce à quoi nous tenons le plus. Ainsi au moment de notre mort nous n’aurons plus d’attachements envers ces objets. C’est la meilleure chose à faire. Si nous avons tout donné, nous n’avons plus rien. Donc il n’y a plus rien à saisir.
Dans la tradition bouddhiste, nous offrons nos possessions à des gens que nous ne connaissons pas. Ce n’est pas vraiment votre coutume. Généralement nous avons l’habitude de donner ce à quoi nous sommes attachés à nos proches ou à des gens que nous connaissons. Je pense qu’en fait, cela n’a pas d’importance. Ce qui compte c’est de donner et qu’ainsi, il n’y ait plus d’attachement possible. En Occident il y a une très bonne coutume qui est de donner une partie de nos biens à l’État. Puisque ce que nous donnons sert à aider les autres êtres, c’est vraiment une très bonne chose.
Ainsi si nous donnons tout complètement, l’esprit est pur il n’y a plus de saisies possibles, plus d’endroit d’attachement possible. L’esprit est détendu. Et c’est avec cet esprit détendu que nous devons mourir. Nous devons aussi laisser notre corps et pour cela nous devons être détendu. Car puisque notre esprit va partir, notre corps lui va rester.
Comment les gens assistant les mourants vont-ils pouvoir les aider ?
La conscience doit partir par le sommet de notre tête. Je vais donc vous donner les moyens pour qu’il en soit ainsi. La personne doit d’abord être bien détendue et bien installée. Il faut bien la coucher, lui demander si elle est dans une bonne position et lui dire : Détends-toi, je suis avec toi, je pars avec toi. Ne craint rien, tout le monde part de cette manière.
Au début le mourant voit et entend très clairement. Puis, petit à petit, cela s’estompe et il percevra la personne comme si elle était très loin. Alors il faudra lui parler plus fort et lui dire : Ne t’inquiètes pas, nous partons, nous allons ensemble.
Il est bien de ne pas toucher ses pieds ou la partie basse de son corps, ainsi que de ne pas parler ou faire de bruit dans cette direction. En particulier dans les hôpitaux, il se peut que les pieds des personnes soient orientés vers la porte. Si on la claque, la conscience peut partir de ce coté-là car, au moment de la mort, la conscience quitte le corps de manière instantanée. Si l’esprit est appelé vers le bas du corps, c’est trop tard. Il en est exactement de même que pour une fleur arrivée à son plein épanouissement : elle va tomber de l’arbre dès l’instant où le vent agite la branche qui la porte.
Il faut donc que l’esprit parte vers le haut du corps. Pour cela, posez votre main au sommet de la tête du mourant et massez-le doucement. Cela peut vraiment l’aider.
Vient aussi un moment où la personne ne peut plus s’exprimer du fait que ses sens s’affaiblissent. Tirez-lui alors un peu les cheveux toujours au sommet de la tête, pas trop fort car la personne risque d’avoir de la colère. Il existe dans le bouddhisme une substance du transfert de conscience sous forme de pilules à placer au sommet de la tête du mourant, cela lui procurera une sensation particulière et très forte à cet endroit-là. Ces pilules sont fabriquées par des lamas et des pratiquants. Elles ont la taille d’une demi-graine de lentille. On les mélange à de l’huile puis on applique le tout au sommet de la tête. Elles servent à ouvrir le canal central. En effet, nous avons vu que dans la pratique de powa, nous nous entraînons à ouvrir ce canal central. Certains signes de cette ouverture peuvent apparaître comme un petit gonflement au sommet de la tête ou un écoulement de lymphe.
Si dans le futur vous avez envie de pratiquer, je vous apporterai cette substance qu’il faudra bien vous garder de manger ! Sinon on dira que Chépa Rinpoché apporte des substances qui tuent les gens ! Non, vous ne mourrez pas si vous mangez ces substances, mais vous en ressentirez un très grand mal-être. Elles peuvent être utilisées par ceux qui aident les mourants puisque ceux-ci ne sont pas en état de le faire eux-mêmes. Cette substance de powa ne doit être utilisée qu’au moment du transfert de conscience et pas à un autre moment. Cela s’appelle la libération sur le support du transfert de conscience.
Une autre méthode, la libération par le toucher (tib. takdröl), consiste à garder sur soi un petit texte qui par sa puissance même, nous aidera à nous libérer au moment de notre mort. Il n’est pas nécessaire de le porter toute notre vie, mais pour ceux qui aident les mourants, il est bien de poser cette prière sur le cœur de la personne quand le corps est encore chaud et de le laisser jusqu’à ce que les souffles extérieurs et intérieurs soient arrêtés. Selon certains maîtres, il faut avoir reçu l’initiation correspondante pour que cela soit effectif. Mais comme son nom l’indique, c’est la libération par le toucher et je pense que ça peut vraiment aider le mourant. Si on a vraiment le respect et l’aspiration que cela aide, ça peut vraiment aider le mourant.
Il existe aussi la libération par le goût. Certains maîtres mélangent différentes plantes. Mais ce n’est pas simplement cela car dans ces substances se trouve tout l’accomplissement du maître. Celui qui aide le mourant dissout ces substances dans l’eau et les fais boire au mourant. Cela lui permet d’avoir un esprit plus stable, une plus grande détente.
Je vous ai parlé de trois substances. Je les ai apportées pour ceux qui le désirent.
On peut aider aussi par la parole. Au moment de la mort, les différents éléments se résorbent les uns dans les autres. Parfois le mourant peut avoir envie de se lever et de sortir. Le médecin sait alors qu’il va bientôt mourir. Il peut alors le rassurer, lui dire de ne pas avoir peur et que le processus de résorption des éléments va commencer.
Ceux qui soignent ces malades peuvent reconnaître les signes annonciateurs d’une mort très proche. Par exemple, les rides du front s’estompent. C’est à ce moment que le patient peut demander à se lever car, dû au processus de dissolution des éléments qui commence, il sent son corps particulièrement lourd. Il est bien alors de le rassurer : N’ayez pas peur, nous allons partir ensemble. Au sommet de votre tête se trouve le Bouddha Amitabha.
Dire cela n’est pas un mensonge. Il en est vraiment ainsi.
Au moment de la résorption des éléments, les deux thiglés -le thiglé père se trouvant au niveau de notre tête et le thiglé mère au niveau de notre nombril-, vont se réunir au niveau de notre cœur, le premier en y descendant, le second en montant à ce niveau.
À ce moment précis, le canal central se brise : il n’y a plus aucun support où l’esprit puisse demeurer et une lumière très vive apparaît. Si on reconnaît la lumière, c’est le Bouddha Amitabha, la lumière infinie, sa lumière pénètre tout l’espace.
Quand le thiglé père (de couleur blanche) descend, tout ce qui apparaîtra sera blanc. Des apparences rouges surgiront ensuite quand le thiglé mère de couleur rouge remontera. Puis, lorsqu’ils se réuniront, tout ce qui apparaît sera noir. C’est à ce moment que la conscience viendra se résorber, s’évanouir dans la base de tout. Juste après cet instant, la lumière apparaîtra, si on la reconnaît, cette lumière est le Bouddha Amithaba, le Protecteur de Lumière Infinie. Il faut avoir la compréhension de tout ce processus dès cette vie-ci, car comme à ce moment-là, l’esprit n’a plus d’endroit où demeurer, nous risquons d’avoir peur de cette grande lumière.
Pourquoi cela ?
Nous en aurons peur comme quelqu’un venant d’un lieu désertique découvre pour la première fois une grande ville. L’esprit n’ayant plus de support sera effrayé par une lumière infinie qu’il ne reconnaîtra pas comme telle. Je pense aux infirmiers ou autres personnes qui aident les mourants, pouvoir dire certaines de ces paroles au mourant quand sa conscience est encore claire peut vraiment être d’une grande aide.
Après cette séparation du corps et de l’esprit, on dit que l’esprit erre pendant quarante-neuf jours avant de se libérer ou de renaître. Ce nombre n’est pas figé. Tout dépend des gens. L’esprit peut se réincarner avant ou bien au contraire errer encore pendant un ou deux ans. Si quelqu’un ne reconnaît pas qu’il est mort et si personne ne le lui dit il peut rester pendant un ou deux ans sans le savoir. Il endurera une très grande souffrance car il sera auprès de ses proches, les suivra, mais eux ne le verront pas. Il ne comprendra pas pourquoi ils l’ignorent et croira qu’ils ne l’aiment plus.
Comment aider cet être pendant le bardo, ces quarante-neuf jours ou plus ?
Cet être n’ayant pas encore pris un autre corps, aller écouter l’enseignement d’un lama ou d’un être pur, méditer, faire de bonnes actions, sera bénéfique pour cet être qui verra ce que nous ferons, et s’en réjouira. Par ce mérite, il pourra y avoir une transformation. Dans la tradition bouddhiste, pendant ces quarante-neuf jours, nous récitons certains textes. Mais comme vous ne les connaissez pas, je ne suis pas entré dans ces détails.
Voilà d’une manière générale comment vous pouvez, avant et au moment même de la mort, vous aider vous-mêmes, et aider les autres.
Questions / Réponses
– Comment peut-on aider quelqu’un qui est d’une autre tradition dans la mesure où il n’est alors peut-être pas capable d’entendre d’autres textes que ceux de sa propre tradition ?
Dans la tradition chrétienne qui est excellente à mon sens, le Christ était un grand bodhisattva. Réciter des prières reliées à ce grand bodhisattva peut vraiment aider les êtres. Quant aux autres traditions, je ne les connais pas.
– Où va l’esprit quand il sort par les pieds ?
Dans le monde des enfers.
– Comment l’aider à ce moment-là ?
Comme nous en avons parlé, il ne faut pas toucher ses pieds, il faut toucher sa tête, c’est-à-dire attirer son esprit vers le haut et non pas vers le bas. Mais une fois que la personne est morte, nous ne pouvons plus rien faire, car l’esprit est déjà parti. Il y a en fait une montée et une descente qui s’effectuent en un instant. Un grand pratiquant peut aller dans un paradis pur, libérer sa conscience sans passer par les différents états intermédiaires. Celui dont la conscience part vers le bas, va aller directement dans les enfers.
– Que se passe-t-il pour celui qui a eu une vie remplie d’actes positifs mais à qui l’on touche les pieds au moment de sa mort ?
Il est certain que son esprit ne partira pas vers le bas car il n’a pas créé de causes pour cela.
– Que sont les enfers ?
Dans le bouddhisme, les enfers sont synonymes de souffrance, de très grande souffrance.
– (Question inaudible)
On peut mourir soit sur le long terme, soit sur le court terme. Sur le long terme, les signes sont ceux du vieillissement. Sur le court terme, lorsque nous sommes gravement malades par exemple, le médecin peut reconnaître que la mort est imminente. La personne elle-même pourra le savoir si elle examine son esprit. Auparavant au Tibet, les jeunes ne reconnaissaient pas qu’ils devaient mourir, mais les personnes âgées, elles, savaient qu’elles allaient mourir et cela faisait une très grande différence. D’autres personnes meurent d’une manière brusque et certains signes peuvent l’annoncer. Le quinzième jour du mois tibétain, le jour de la pleine lune, si une personne ne voit que la moitié de l’ombre de son corps ou d’un de ses membres, cela peut signifier qu’il y a un obstacle indiquant le danger d’une mort prochaine. Certains rêves aussi sont significatifs, par exemple, se trouver toujours en présence d’étrangers, ou dans des endroits inconnus ou toujours aller dans la direction du soleil couchant. Je précise bien que ce n’est pas le fait de faire ce rêve une, deux ou trois fois bien sûr. Mais de faire continuellement ce rêve tous les soirs pendant un ou deux mois, cela peut indiquer qu’il y le danger d’une mort proche.
– Comment une personne déjà morte peut-elle s’en apercevoir ?
Elle va toujours se trouver en présence de ses proches, et faire attention à eux. Comme bien sûr ils ne la voient pas, des doutes vont commencer à pointer. Cette personne va se demander si ses proches ne l’aiment pas. Elle va constater que son corps ne projette pas d’ombre ou qu’il n’y a pas d’empreinte dans la terre fraîche qu’elle foule. Elle pourra ainsi se rendre compte qu’elle est morte.