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Cérémonie de Guru Bum Tsok

Cette année marque le 1262ème anniversaire de l’arrivée du Maître Padmasambhava au Tibet. En ces temps difficiles en raison des maladies, des guerres et du réchauffement climatique, la prière au Maître Padmasambhava est un moyen puissant de dissiper les obstacles et de propager le Dharma.

C’est pourquoi Lama Kunga Kunchok organise une cérémonie de Guru Bum Tsok et invite, pour cette occasion S.E. Lhatsé Tulku Rinpoché.

L’Association Bouddhique Orgyen Rangdjoung Dorjé Ling (ABCORDL) et le Centre Culturel Tibétain Dzogchenpa (CCTD), fondés par Lama Kunga Kunchok, ont l’honneur d’apporter leur soutien à cet événement.

La cérémonie se tiendra les 24, 25 et 26 mai à la Grande Pagode du Bois de Vincennes. L’événement est gratuit, ouvert à tous sur simple inscription. Les déjeuners et collations sont offerts.


Programme

Vendredi 24 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Enseignement sur le développement de l’Esprit d’Eveil

Samedi 25 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 17h : Initiation du Rigdzin Dupa

Dimanche 26 mai 2024
10h à 12h : Guru Bum Tsok
12h à 14h : Déjeuner végétarien offert aux participants
14h à 15h30 : Guru Bum Tsok
15h30 à 16h : Collation offerte aux participants
16h à 16h30 : Enseignement sur le Rigdzin Dupa
16h30 à 17h : Initiation de longue vie du Longchen Nyingtik
17h à 17h30 : Mandala de remerciements

Pour vous inscrire à cet événement, veuillez remplir le formulaire en ligne :

Formulaire d’inscription


Les bienfaits du Guru Bum Tsok

Émanation unifiant en elle la sagesse connaissante de notre enseignant sans égal – le Seigneur des sages –, du parfait bouddha Amitābha ainsi que du Seigneur du monde qu’est le tout-puissant exalté Avalokiteśvara, le maître Padmasambhava est le second bouddha d’Oḍḍiyāna loué dans les écritures telles que celle du Filet Magique de Mañjuśrī.

Au lever du soleil, le dixième jour du mois et de l’année du singe, il s’est miraculeusement manifesté au sud-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, dans le cœur d’un lotus sur une île du lac Sindhu, le « lac de lait ». Ayant ainsi pris naissance, il œuvra de manière inconcevable pour le bien des êtres à Oḍḍiyāna et dans de nombreuses régions, Tagzik, Gilgit, Baltistan, Ladakh, Cachemire, Inde, île de Laṅkā, Drāvida, Sumatra, Bengale, Népal, Bouthan, Kāmarūpa à l’est, Khotan, Chine, etc.

Puis, à un moment donné, lorsque ses altruistes prières d’aspiration antérieures arrivèrent à maturité, il accepta l’invitation de Trisong Detsen – le trente-huitième souverain de la dynastie tibétaine – et, en l’année eau-tigre (762), se rendit au pays des neiges, territoire le plus haut de notre planète qui a été loué dans les écritures du Victorieux comme étant le champ de conversion du sublime Avalokiteśvara. Là, sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’abbé, le maître et le roi du Dharma se réunirent à Drakmar Ombutsel experts dans les méthodes habiles pour discipliner ceux qui doivent l’être, ils œuvrèrent si bien à travers les quatre sublimes moyens d’attraction et autres que tous les humains et non-humains entrèrent dans la sainte Doctrine, par la manière pacifique ou courroucée. Samye – l’inconcevable monastère immuable et spontanément établi – fut érigé selon trois styles et de nombreux enseignements des sūtras et tantras furent traduits après qu’un premier édit ait été publié pour le roi du Tibet et ses sujets. L’abbé et le maître mirent tous deux en place une communauté monastique initiée par les « sept hommes à l’essai » et établirent un collège d’étude et de méditation.

Le maître Padmasambhava se rendit miraculeusement dans le Tibet occidental, oriental et central. Que ce soit dans les montagnes neigeuses, les rochers ou les lacs, il pratiqua dans tous les lieux sacrés et les bénit. Afin que les enseignements des sūtras et tantras se diffusent largement dans le futur et, plus spécialement, afin que la puissance des bénédictions des mantras secrets ne disparaisse pas, après avoir concentré les instructions essentielles des tantras, il dissimula en tant que termas d’innombrables trésors spirituels tels que les « cent trésors pour soutenir la force vitale du roi » ou les « cinq grands trésors de l’Esprit ». Il prophétisa alors qu’ils seraient révélés dans le futur par de nombreux grands êtres de l’école ancienne et des écoles nouvelles qui apparaîtraient successivement et il transmit ces enseignements à chacun d’eux par mandat de l’esprit en accompagnant sa prophétie de prières d’aspiration. Dans les zones rocheuses de Samye Chimphu, de Shotö Tidro et d’ailleurs, il tourna la roue du Dharma des neuf Véhicules en transmettant notamment à ses disciples fortunés les enseignements des trois classes de tantras intérieurs tels que le Dzogchen Sangwa. En œuvrant ainsi, la lampe de la sainte Doctrine illumina la terre entière. Des accomplis des deux types de saṅgha ayant atteint la suprême réalisation, à commencer par les vingt-cinq disciples, roi et sujets, se manifestèrent sans interruption et cette lignée de transmission mêlant kamas et termas en un seul courant dans les instructions qui font mûrir et libèrent l’esprit, se développa pendant cinquante ans. C’est sur cette base que le système philosophique nyingmapa des anciennes traductions émergea et se diffusa au Tibet avec ses enseignements unissant sūtras et tantras qui embrassent la totalité de la Doctrine du Victorieux. Qui plus est, sur un plan général, le maître Padmasambhava – le second bouddha d’Oḍḍiyāna–, œuvre de manière inconcevable pour le bien des êtres dans le milliard de champs du système cosmique de Sahā et plus spécialement dans toutes les régions du Continent des Jambosiers, avec sa sagesse, son amour et sa capacité. En particulier, il embrasse dans sa compassion les disciples de notre époque marquée par les cinq dégénérescences rampantes et leur adresse avec force de profonds souhaits, ce qui a fait dire à Jamgön Mipam Rinpoché, une émanation de Mañjuśrī manifestée parmi les hommes :
Bien que la dégénérescence s’intensifie comme les ténèbres, l’activité de Padma, le seigneur des Victorieux, brille comme la lune. C’est pourquoi les bénédictions du précieux maître d’Oḍḍiyāna pénètrent l’esprit sauvage des êtres de ces temps dégénérés à la mesure des facteurs afflictifs qui se développent en eux.

Le précieux maître d’Oḍḍiyāna lui-même a dit :

Vous mes disciples qui souhaitez quitter le saṃsāra,
Adressez-moi continûment vos prières avec foi et dévotion.
Sur un ton affligé semblable à celui d’un enfant appelant ses parents au secours
Et mélodieux comme le son mélancolique du luth ou de la flûte,
Priez aux six veilles du jour et de la nuit !
Et il est écrit également dans un terma :
Méditez sur Padmasambhava
Avec un corps à la forme insubstantielle et lumineuse.
Générez alors la fierté de sa grandeur
Et récitez avec ferveur et sans interruption
Le mantra quintessentiel de Thötreng Tsal,
Comme un torrent dévalant des rochers.
Je ne pourrai moi-même faire autrement que de venir.
Lorsque vous dirigerez d’intenses prières
Vers moi, Padma d’Oḍḍiyāna,
Avec le respect né d’une forte dévotion
Et un intense sentiment de ferveur,
J’arriverai devant vous.

Comme le montrent ces mots, c’est avec dévotion que nous devons nous focaliser par l’esprit, le cœur et les tripes sur le précieux maître d’Oḍḍiyāna, sans nous contenter de prononcer de simples mots et nous devons mobiliser la foi et la vision pure avec le sentiment d’être en présence réelle d’un bouddha. Si nous prions avec concentration après avoir récité la Prière en sept vers et le Bendza Guru Mantra les bénédictions nous pénètreront rapidement, les obstacles liés aux seize formes de peurs telles que celle d’une mort avant l’heure seront dissipées alors que la longévité et les mérites s’accroîtront. Ultimement, nous rencontrerons le précieux maître d’Oḍḍiyāna, nous entendrons ses paroles et nous renaîtrons au couchant, en la Terre pure de félicité.

Tels sont certains des bienfaits inconcevables de cette pratique. En outre, on trouve ceci dans les « Bienfaits du Siddhi » du grand tertön Karma Lingpa :

Jadis, dans le glorieux [monastère de] Samye,
La dame Yeshe Tsogyal
Offrit au Seigneur d’Oḍḍiyāna
Le suprême maṇḍala extérieur, intérieur et secret.
Puis, elle se prosterna avec dévotion et s’adressa à lui :
« Dans le futur, les êtres auront l’esprit dispersé.
Incorrigibles, ils auront une vision gravement erronée de la Doctrine.
En particulier, ils seront nombreux à générer une vue fausse des profonds mantras secrets.
En ces temps-là, lorsque le Tibet sera affligé
Par les trois fléaux que sont la maladie, la guerre et la famine,
De nombreux rituels bénéfiques auront beau exister,
L’opportunité de les accomplir ne se présentera pas et les obstacles seront grands.
Les substances et instruments [pour ces rituels] ne pourront être réunis au complet
Et les êtres de ces temps mauvais vivront en désaccord.
[Aussi,] veuillez expliquer tous les bienfaits qu’il y aura
À accomplir, à ce moment-là, la pratique du maître que vous êtes ».
Le grand maître répondit :
« Pieuse femme, tu as raison.
En vue d’une telle époque future,
J’ai dissimulé de nombreux trésors bénéfiques
Mais à cause [du manque de] mérites des êtres,
Il sera très difficile de réunir les circonstances propices [pour leur révélation].
Cependant, en ce genre d’époque,
Si, dans les lieux sacrés, les grands monastères,
Au sommet des hautes montagnes ou au bord des fleuves,
Sur les sites miraculeux des dieux et des esprits,
Les tantristes préservant leurs samayas,
Les moines et moniales gardant leur discipline,
Les hommes pieux
Et les femmes de qualité
Récitent cent, mille, dix-mille, cent mille, dix millions de fois ou plus encore
Le mantra quintessentiel qu’est le Bendza Guru
Avec l’excellente motivation de l’esprit d’éveil,
Il en découlera d’inconcevable bienfaits.
Maladies, influences nocives, guerres, conflits,
Mauvaises récoltes, famines et manifestations illusoires seront pacifiés.
La pluie tombera au moment opportun
Et le pays connaîtra la bonne fortune, la vertu et l’excellence.
Dans cette vie, la suivante ou le bardo on verra en réalité ou, à défaut, dans les expériences spirituelles et les rêves, le visage du grand maître d’Oḍḍiyāna et on entendra alors ses profondes et mélodieuses paroles. Plus tard, à Ngayab Palri, on intègrera l’assemblée des vidyādharas masculins et féminins et on y pratiquera les mantras secrets. On franchira ainsi les Terres et les Voies pour atteindre le plein éveil. Qui récite cent fois sans interruption ce Bendza Guru quintessentiel, Sera apprécié par les autres
Et bénéficiera sans effort de nourritures, richesses et jouissances.
Qui le récite mille ou dix-mille fois
Submergera de sa splendeur les perceptions d’autrui
Et l’énergie des bénédictions ne connaîtra aucune entrave.
Qui le récite cent mille ou dix millions de fois,
Amènera les trois mondes sous son contrôle,
Subjuguera avec éclat les trois plans d’existence
Assujettira tous les dieux et esprits, sans exception.
Mènera sans obstacle les quatre activités éveillées
Et œuvrera de manière inconcevable pour le bien des êtres
En fonction de ses souhaits personnels.
Qui le récite trente millions ou soixante-dix millions de fois
Assujettira les huit classes de dieux et d’esprits
Sans jamais être séparé des bouddhas
Ni dissocié du Seigneur d’Oḍḍiyāna
Et toutes les tâches qu’il leur confiera seront accomplies.
Les meilleurs [pratiquants] réaliseront en cette vie le corps d’arc-en-ciel,
Les pratiquants intermédiaires embrasseront la Claire Lumière au moment de la mort
Et les moins bons se libèreront du saṃsāra dans le bardo.

Comme on le voit dans ces mots, le potentiel des bienfaits de cette pratique est inconcevable
et les décrire serait sans fin.


Voici l'article du jour :

Le bardo de la réalité absolue 1/8

Nous devons penser que nous écoutons cet enseignement pour libérer les êtres de la souffrance du samsara, ces êtres dont le nombre est aussi vaste que vaste est l’espace, afin qu’ils atteignent l’état de Bouddha.

Tout d’abord il est nécessaire d’avoir un esprit très vaste, d’avoir l’Esprit d’Éveil. Pour ceci, nous allons parler de la nécessité d’être dans l’équanimité c’est à dire, être ni dans le désir, ni dans le rejet.

Que signifie équanimité ?

Dans un premier temps, il est facile d’avoir un esprit très vaste, un Esprit d’Éveil pour ses proches, ses parents, ses amis mais cela, c’est le désir, l’attachement.
Tous les êtres ont cet Esprit d’Éveil pour leurs proches, même les animaux sauvages, les léopards, les tigres, les ours... Se dire, en tant qu’être humain : « J’ai l’esprit d’éveil envers mes proches. », cela ne va pas, ce n’est pas cela l’Esprit d’Éveil !
C’est pour cela que nous disons que nous devons développer l’Esprit d’Éveil comme une mère le fait pour son unique enfant. Il faut réfléchir et penser que depuis des temps sans commencement tous les êtres ont été à un moment donné notre mère ou notre enfant ; ceci de façon à développer l’esprit d’Éveil pour l’ensemble de tous les êtres. Si nous comprenons cela, il n’y a plus d’ennemis, il n’y a plus de proches. Si nous pouvons avoir l’Esprit d’Éveil pour l’ensemble de tous les êtres, nous sommes dans l’équanimité. Nous devons méditer et réfléchir ainsi, encore et encore, sur l’équanimité.

Si nous avons un ennemi, dès que nous le voyons, notre esprit est troublé, de même si l’ennemi nous voit, son esprit est troublé. La cause même de ce malaise de part et d’autre, va créer à nouveau du karma négatif, des actes négatifs. Lorsque nous voyons un ennemi, il ne faut pas le voir en tant que tel.

Afin d’être en paix dans notre esprit, il nous faut reconnaître que tout provient de notre esprit. Que nous soyons malades, que nous ne nous sentions pas bien, que nous rencontrions toutes sortes de difficultés et problèmes : cela vient de notre esprit. C’est pour cela que nous devons trouver la paix en notre esprit.

Pour développer l’Esprit d’Éveil, il nous faut être paisible, ne pas être dur ou irrité. Il est dit que si nous avons cet Esprit d’Éveil, les autres l’obtiendront. Si une personne proche est irritée, soyons paisible et peu à peu la personne en colère se détendra. Par contre, si en face d’une personne irritée nous nous mettons en colère, au bout du compte nous regretterons notre geste et aucun des deux ne sera paisible. Je dis cela pour discipliner notre esprit, afin que notre esprit soit en paix, c’est ainsi dans le Dharma, c’est un engagement. Si nous pensons, « Je suis Bouddhiste » et que nous nous mettons en colère, nous sommes sous l’emprise de l’orgueil et de la colère, nous ne sommes pas Bouddhistes. Il y a quelque chose qui ne va pas !

C’est pour cela qu’il ne faut plus avoir d’orgueil. C’est à chacun d’examiner son esprit. A cause de l’orgueil, toutes sortes d’émotions peuvent survenir et s’accroître de plus en plus. Si nous bavardons, si nous parlons beaucoup, nous développons notre désir, notre attachement ou de la colère… Cela ne va pas nous aider, cela ne sert à rien, à nous d’examiner cela et de nous dire : « Ce mois-ci, j’ai beaucoup parlé, j’ai ressenti beaucoup d’émotions, le mois prochain, je vais essayer de parler un peu moins, d’avoir un peu moins de colère, un peu moins d’orgueil. ». Ainsi le Dharma va pouvoir nous être utile. Si le mois suivant, nous ressentons encore plus de colère, toutes sortes d’émotions et que nous parlons encore plus, le Dharma ne nous est d’aucune aide.

Que nous soyons en présence de six personnes ou de deux personnes, c’est à nous de voir comment fonctionner, de voir ce que nous allons dire et si les gens peuvent recevoir ce que nous allons leur dire. S’ils ne peuvent pas l’entendre, il nous faudra juste rester tranquille sachant alors qu’il est mieux de ne rien dire. C’est à nous d’examiner chaque circonstance afin d’agir de manière adéquate. De cette manière, nous développerons naturellement la patience. Si, autour de nous, les personnes discutent beaucoup et que nous restons paisibles sans rien dire, sans rentrer dans le bavardage, en demeurant ainsi, c’est une pratique, c’est la pratique de la patience. Si nous souhaitons dire quelque chose et si la personne n’est pas capable de l’entendre, elle risque de se mettre en colère. Dans ce cas il est préférable de ne rien dire, de ne pas parler. A l’inverse, si quelqu’un nous dit quelque chose qui nous blesse, si nous répondons, cela va envenimer les choses, nous allons développer de l’orgueil, notre interlocuteur va se mettre en colère. Si nous nous disons : « Mieux vaut ne pas répondre pour éviter cela. », les choses vont s’arrêter immédiatement, c’est ce qu’il faut faire. A nous d’examiner cela.

Notre bouche, par la parole, est la porte de toutes les émotions. Il y a un dicton tibétain qui dit : « Notre bouche est la serrure de nos émotions, hélas, nous n’avons pas la clef pour fermer cette serrure définitivement. ». Si nous ne parlons pas, nous ne nuisons pas aux autres êtres et nous développons naturellement la Sagesse. En ne répondant pas spontanément aux agressions et bavardages divers, nous allons voir toutes les réponses que nous avons dans notre esprit, nous pourrons les examiner et les voir clairement, ainsi, la Sagesse, l’Intelligence Suprême pourront se développer.

En pratiquant le Dharma de cette façon, nous pourrons nous rendre compte que :

 Que nous avons eu tendance à rentrer dans toutes sortes de discussions et à réagir.
 Que nous avons eu la possibilité de développer la patience, en n’y répondant pas et que nous avons pu développer l’intelligence suprême grâce à la non-réponse, ce qui nous a permis d’examiner nos pensées.

Ainsi l’intelligence suprême va se transformer en Sagesse car, à force d’examiner les pensées, il n’y aura plus de pensée.

Quel est le sens même de réciter des mantras ?

Le sens est d’arrêter le flot des paroles. Quand nous parlons de nous-mêmes, nous pensons « Je suis bien, je suis bien, je suis bien ! ». Quand nous parlons de nous-mêmes, c’est le sens que nous y mettons. Quand nous parlons des autres, nous disons : « Il n’est pas bien, il n’est pas bien, il n’est pas bien… ». Voilà les deux aspects toujours présents quand nous parlons Nous ne sortons pas de ces deux concepts, nous réfléchissons sur ce que nous avons fait par le passé, nous réfléchissons sur ce que nous allons faire à l’avenir, nous faisons de même en parlant des autres. Nous ne cessons d’être entre ces deux concepts de nous-même et d’autrui. Automatiquement, nous avons du rejet vis-à-vis de nous-même où vis-à-vis des autres.
C’est pour cela qu’il est nécessaire de développer l’équanimité, de ne pas avoir d’ennemis, se rendre compte que tous les êtres ont été à un moment donné, notre mère ou un proche parent ou notre enfant. Il convient de développer l’équanimité, de ne pas trop parler, de rester tranquille.

Il nous faut avoir la vigilance, le rappel, examiner notre esprit, bien sûr il faut que la vigilance soit au service des choses positives mais surtout qu’elle soit au service de l’examen de l’esprit pour voir ce que nous avons fait de bien ou de mal. Si nous examinons ainsi notre esprit, nous nous rendrons compte que ce n’est pas nous qui sommes bien, que ce sont les autres.

Nous avons appris quelques yogas sur les souffles, quelques pratiques à effectuer. Quand vous vous réveillez le matin, tout d’abord effectuez l’expulsion des souffles résiduels, ne pensez pas trop, restez dans l’aspect pur de votre esprit. Au matin, prenez tranquillement votre petit déjeuner, puis lorsque vous vous lavez, vous pouvez penser que vous prenez la douche de Dorje Sempa (Vajrasattva), de cette manière vous pouvez vous purifier, c’est bien d’être purifié par Dorjé Sempa en prenant notre douche ! Si vous avez de la joie dans votre esprit, si vous vous sentez bien, offrez cela aux Trois Joyaux et dédiez la joie que vous ressentez à l’ensemble de tous les êtres. C’est simple et la joie demeurera dans votre esprit. Si vous ressentez de la souffrance, nous passons souvent de l’un à l’autre, n’est ce pas ? Nous pouvons simplement nous dire que notre esprit est changeant et comme nous avons accumulé un certain karma, la joie vient, la souffrance vient, c’est ainsi pour l’ensemble des êtres. Alors, prenez la souffrance des êtres sur vous-mêmes !

Voyons cet exemple :

Au Tibet, une vieille femme était malade, un Lama lui dit « Vous êtes malade, prenez la souffrance et la maladie de tous les êtres sur votre propre maladie. ». La vieille femme lui répondit « Mais tu es complètement fou, je suis déjà malade, en plus tu veux que je prenne la souffrance de tous les êtres sur moi ! »
Peut-être pensez-vous la même chose ! (rires).

Bref, il ne faut pas penser ainsi, car le fait de prendre la souffrance de tous les êtres sur sa propre souffrance ne fait pas que nous récupérons l’ensemble de la souffrance des êtres. Quand vous êtes malades ou souffrant de quelque manière, dites que vous prenez l’ensemble de la souffrance de tous les êtres et rapidement cela va permettre de dissiper rapidement cette souffrance, cette maladie. Dans le Dharma, il en est ainsi, nous utilisons toujours un moyen pour que les choses puissent changer.

Dans l’enseignement, nous en sommes arrivés au Bardo de la Réalité absolue ou Bardo de la Dharmata. Donc, je vais juste vous donner l’introduction, je vous en dirai plus à mon retour de Taiwan. Dans les six bardo ou état intermédiaire, nous en sommes arrivés au cinquième état intermédiaire. Nous avons vu d’abord le bardo de la naissance, le Bardo du Rêve, le Bardo de la Méditation, le Bardo du Moment de la Mort et maintenant nous allons voir, le Bardo de la Réalité absolue.

Nous avons vu que, pendant le Bardo de la Méditation, nous étions introduits à Rigpa, à la Connaissance. Au moment du Bardo de la Réalité absolue, naturellement, cette connaissance apparaît spontanément. Généralement de manière ordinaire, quand apparaît cette Connaissance, nous ne nous en rendons pas compte, nous ne le voyons pas, nous ne le reconnaissons pas. Durant le Bardo de la Méditation, lors de l’introduction à Rigpa, à ce moment précis, il faut faire un examen, il faut trancher au travers de cet examen, se dire Rigpa, est-ce cela ou n’est ce pas cela ? Comme nous le voyons dans la pratique du Tektcheu, nous faisons un examen pointu qui tranche : « Est-ce que c’est cela ou est-ce que ce n’est pas cela ? » Lorsque nous avons eu une bonne compréhension de Tektcheu, nous passons alors à la pratique de Tögyel.

La pratique de Tögyel correspond à tout ce qui va se passer dans l’état intermédiaire du Bardo de la Réalité absolue. Normalement, il faut avoir réalisé la Vue du Tektcheu pour pouvoir être véritablement introduit à Tögyel. Puisque nous n’avons pas réalisé cette pratique de Tektcheu, nous allons avoir un aperçu de ce qu’est Tögyel. En fait, la pratique de Tektcheu serait comme la base et la pratique du Tögyel serait comme le chemin. Pour avoir une bonne compréhension du chemin, il faut avoir eu une bonne compréhension de la base.

A partir du moment où nous avons réalisé la base, le chemin apparaît spontanément, il se fait tout seul. Il est dit, par exemple, du véritable pratiquant de Tektcheu qu’il est comme muet, qu’il parle très peu, qu’il est comme une montagne car il bouge très peu, qu’il est comme l’océan, une mer calme sans vague car cette pratique se fait au travers du corps, de la parole et de l’esprit.

Pour la pratique du Tögyel, nous disons exactement la même chose mais en plus de cette base, il faut pratiquer dans un endroit particulier. Donc, ce qui serait bien, c’est que nous allions tous dans une montagne et que là je vous en dise plus. Si nous allons dans un tel endroit, un jour, je vous indiquerai le chemin. De ce chemin du thögal , nous disons qu’il y a la pratique des quatre flambeaux. Il est aussi dit dans ce texte ce qui émerge et comment et pourquoi cela se passe ainsi. Certaines choses se référent à la Vue, d’autres correspondent à l’endroit où nous nous trouvons, à la manière dont nous y demeurons, etc.. Il est important pour se préparer à ces pratiques de s’entraîner à méditer les yeux ouverts car pendant la pratique du thögal, nous ne voyons pas, cependant toutes sortes de choses doivent émerger, briller et il nous faut garder les yeux ouverts. Si pendant la pratique de trekchö, nous gardons les yeux fermés, il est possible que rien n’arrive, rien n’émerge et cela sera de même pour la pratique du thögal.

Nous disons aussi qu’il y a des pratiques avec les trois sortes de Vues et les trois sortes de façons de se poser, de demeurer. Au niveau de la Vue, il y a la vision du Dharmakaya, celle du Sambogakaya et celle du Nirmanakaya. Dans la méditation, il y aura la méditation sur le Corps de Vérité où les yeux seront dirigés vers le haut, vers l’espace. Lors de la Vision du Sambogakaya, du Corps de Gloire, les yeux seront dirigés juste devant nous dans l’espace et lors de la Vision du Nirmanakaya, le Corps d’Émanation, les yeux seront plus bas. Lorsque ces trois Visions seront indiquées en relation à certaines positions du corps, à ce moment-là, les canaux pourront s’ouvrir naturellement, de cette manière là, thôgal pourra émerger, tout apparaîtra spontanément. Pour l’instant, nous ne savons pas quelles sont les trois positions du corps, nous ne l’avons jamais vu jusqu’à présent, mais grâce à ces positions, la clarté pourra se manifester spontanément.

Dans le trekchö, si nous sommes très fatigués et que nous avons envie de dormir, les yeux doivent regarder vers le haut dans l’espace, de cette manière, l’envie de dormir cessera. Si nous avons trop de pensées, que nous ne parvenons pas à dormir, nos yeux doivent regarder vers le bas. Si nous ne sommes ni dans une grande torpeur ni dans l’agitation, nous placerons les yeux dans l’espace en face de nous. En s’entraînant ainsi, lorsque nous parviendrons au Bardo de la Réalité absolue, lorsque nous parlerons du thögal, peut-être que spontanément les choses pourront apparaître.
Pour que thögal puisse émerger, il faut qu’il y ait ces trois manières de se placer, sans cela, c’est comme un serpent, si nous le laissons comme ça, il ne représente rien, mais si nous le positionnons comme un escalier ou comme une jambe, il en représentera le sens. Sur le serpent, il y a des dessins, comme un petit escalier, des vaguelettes, quand le serpent est détendu, nous ne les voyons pas mais si nous le tordons, nous pouvons voir ses anneaux. thögal émerge comme ça naturellement, mais nous ne pouvons le reconnaître si nous n’avons pas la compréhension de ces trois façons de se poser. Tout cela fait références aux quatre flambeaux, il y en a six en fait mais pour résumer nous ne parlons que des quatre…

Qu’est ce qui émerge ?

Cela peut être des paradis purs, cela peut être des divinités paisibles et courroucées. Au départ, ce ne sont pas des divinités qui apparaissent mais des tiglés, des sphères lumineuses. Il est tout à fait possible que le thögal apparaisse, émerge malgré le fait que nous n’ayons pas une bonne compréhension du trekchö. S’il en est ainsi ce n’est pas vraiment important, il ne faut pas le saisir tant que nous n’avons pas le sens exact du trekchö. Tout ce que nous avons vu auparavant au sujet du Dzogchen était à propos de trekchö. À mon retour, nous allons parler du thögal car lorsque nous parlons du Bardo de la Réalité absolue, forcément, nous parlons du thögal . Nous allons nous arrêter ici pour aujourd’hui.