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Le bardo naturel de cette vie - 7/19

Enseignement de Chépa Dorjé Rinpoché - Paris, le 10 janvier 2001

Tout d’abord, nous devons penser à l’ensemble de tous les êtres qui est aussi vaste que vaste est l’espace. Nous devons penser que nous allons maintenant écouter cet enseignement pour pouvoir tous les libérer afin qu’ils puissent obtenir l’état parfait de Bouddha.

Nous sommes dans l’enseignement des six Bardos. Nous sommes actuellement dans le Bardo de cette vie. Pourquoi parlons-nous, en premier lieu, du Bardo de cette vie ? C’est dans ce bardo particulier que nous allons avoir la possibilité d’entraîner notre esprit.
Pourquoi allons-nous entraîner notre esprit durant ce Bardo de cette vie ? Cela va nous aider au moment de notre mort. A ce moment, nous allons nous trouver seuls, nous serons seuls avec notre propre esprit et c’est pour cela que, dès à présent, il faut s’entraîner.

C’est à travers de notre esprit que nous pouvons ressentir du bien-être, du bonheur et c’est pour cela que nous allons nous entraîner. Jusqu’à présent, notre esprit n’est pas demeuré vraiment stable, nous ne savons pas trop où il va, nous ne savons pas trop où il demeure. Toutes nos activités se passent dans cette non-compréhension. C’est à travers cette non-compréhension que la souffrance intervient, apparaît.

La souffrance apparaît dans notre esprit parce qu’en fait, nous saisissons les choses. À partir du moment où nous faisons une activité, notre esprit saisit cette activité et c’est à travers cette saisie qu’apparaît la souffrance.

Il en est de même pour les pensées. Nous n’avons pas la possibilité d’éliminer entièrement toutes les pensées de notre esprit, des pensées vont surgir. Mais nous pouvons faire en sorte de ne pas avoir de saisie par rapport à ces pensées.

En fait, ce serait comme un miroir. Il y a des reflets dans ce miroir et peu importe que quelque chose puisse s’y refléter ou pas. Pour le miroir, cela ne fait absolument aucune différence. Notre esprit devrait être de même. Pour le miroir, peu importe ce qui émerge ou ce qui se réfléchit, tout ce qui peut survenir, n’importe quel reflet, c’est bien, il n’y a pas de saisie, il n’y a pas de problème. Il devrait en être de même dans notre esprit.
Si nous entraînons véritablement notre esprit dès à présent, cela va nous apporter une grande aide au moment de la mort. Cela peut aussi apporter une aide à autrui si certaines personnes de notre entourage expérimentent une grande maladie et sont proches de la mort. Nous pourrons ainsi les aider à traverser cette maladie car au moment de leur mort, même s’il y a un médecin à leur côté, celui-ci ne pourra pas véritablement les aider. Au moment où le souffle de ces personnes va s’éteindre, nous allons avoir une compréhension de tout le processus. Nous pourrons véritablement les aider, aider leur esprit pendant toutes les étapes qu’il va devoir traverser.
Mais la chose importante est avant tout de s’entraîner pour soi-même, que chacun, d’une manière individuelle, s’entraîne pour le moment de sa mort. Car si, dès à présent, nous aidons beaucoup de gens mais qu’en fait, nous n’avons pas une compréhension véritable et que nous ne sommes pas véritablement entraînés sur notre propre esprit, nous ne savons pas véritablement si notre aide est effective, si, au moment de notre propre mort, nous aurons la possibilité véritablement d’avoir un bienfait sur nous-même, sur notre propre esprit.

L’enseignement du Bouddha nous est d’une grande aide au moment de la mort. L’enseignement du Bouddha met l’accent sur la réalisation du bonheur ultime, de la libération. Bien sûr que le bonheur temporaire, provisoire, existe mais nous n’en parlons pas beaucoup dans les enseignements.

Et pourquoi le Bouddha a-t-il mis l’accent sur la recherche du bonheur ultime et non pas sur le bonheur temporaire ?

C’est parce que si nous réalisons le bonheur ultime, c’est-à-dire la réalisation, par notre pratique du Dharma, le bonheur temporaire sera tout naturellement accompli et les souffrances s’apaiseront. A l’inverse, si nous effectuons toutes sortes d’activités dans l’unique but d’obtenir des bonheurs temporaires dans cette vie et que nous ne nous préoccupons pas du bonheur ultime, il ne sera pas possible, même dans cette vie, d’obtenir les bonheurs que nous désirons et nous rencontrerons toutes sortes de souffrances et de difficultés.

Le Bouddha a encore dit qu’il fallait vraiment connaître l’histoire de la mort, c’est-à-dire qu’il fallait vraiment réfléchir sur le fait qu’aucun être n’est libéré de cette mort. Tous les êtres, sans exception, vont arriver à un moment où ils devront mourir. Nous ne pouvons pas nous dire que, dans le passé, cela n’est pas arrivé. Tous les êtres du passé, à un moment donné, sont morts, tous les êtres du présent vont mourir et même dans le futur, tous les êtres du futur vont aussi mourir un jour.

Nous avons aussi vu que dans les six Bardos, il y a le bardo de la méditation. Dans ce bardo, nous avons vu la pratique de la flamme qui se trouvait à l’intérieur de notre corps et qui permettait d’apaiser toutes les perturbations que nous pourrions avoir envers la maladie des vents et des souffles. Outre ce moyen de la flamme, le moyen de pouvoir calmer cette maladie des vents est d’avoir une alimentation saine et correcte. Si après avoir eu une alimentation correcte, nous continuons à avoir ces problèmes de souffles, ces problèmes sont dus à une non-détente dans notre esprit et donc il est important de pouvoir détendre notre esprit, d’avoir l’esprit détendu.

Pour avoir cet l’esprit détendu, nous allons visualiser à l’intérieur de notre corps, une flamme, une lampe. Nous allons concentrer notre esprit sur cette lampe. En même temps, il ne faut pas saisir très fortement cette visualisation, il faut visualiser cette lampe en étant détendu.

Dans cette méditation sur la lampe, il ne faut pas méditer d’une manière littéralement ordinaire ou commune. En fait, il est nécessaire durant cette méditation d’avoir en tibétain ce que nous appelons Drenpa et Sheshin, c’est-à-dire d’avoir l’attention, la vigilance. Il faut vraiment allier cette attention et cette vigilance avec cette visualisation.
Il faut véritablement qu’il y ait l’attention et la vigilance. S’il n’y a pas cette attention et cette vigilance dans notre esprit, avec tout ce que nous pourrons faire ou toutes les pensées que nous pourrons avoir, nous serons un peu comme un fou.

Pourquoi disons-nous qu’à ce moment-là, nous sommes fous ou je suis fou ? En fait, cela fait référence au fait que par la moindre petite chose que nous effectuons, une grande colère peut apparaître dans notre esprit. Ou alors, qu’a la moindre parole qu’une personne va nous dire, nous allons nous mettre dans une très forte colère, et cette très forte colère, qu’est-ce que c’est ? Sinon que d’être un peu fou.

Le fait d’avoir cette grande colère et que cette colère émerge spontanément en étant toute seule, montre vraiment que parfois nous sommes complètement fou.
C’est pour cela qu’il est nécessaire d’avoir ce Drenpa et ce Sheshin, d’avoir cette attention et cette vigilance. Ainsi, si dans tout ce que nous faisons, nous avons cela et ce dans la moindre activité, la moindre petite parcelle de colère va s’évanouir complètement. Elle n’apparaîtra pas.

Il n’est pas nécessaire que nous utilisions cette attention et cette vigilance pour un temps très long. Nous l’utilisons cinq minutes, dix minutes ou un quart d’heure quand par exemple nous discutons avec quelqu’un. Si j’ai cette attention et cette vigilance cinq minutes, je ne vais pas me mettre en colère, alors que si deux personnes n’ont pas cette attention et cette vigilance, au bout de cinq, dix minutes, de la colère peut apparaître. Alors que si pendant ces quelques minutes, il y a l’attention et la vigilance, aucune colère n’apparaîtra pas dans l’esprit.

Parce que ce genre de chose arrive. En une minute si quelque chose ne nous plaît pas, si une personne nous dit une chose qui ne nous plaît pas, à ce moment-là, notre visage peut, en une minute, changer complètement. Tout d’un coup, nous allons devenir complètement irrités et notre visage va vraiment se transformer.

A partir du moment où quelqu’un a de la colère, les autres personnes vont avoir peur. Ce sont les dires de Milarépa. Milarépa donne un exemple et dit : « si une personne se met en colère, toutes les autres personnes qui l’entourent vont avoir peur ». C’est comme un serpent. Un serpent au début, ne nous nuit pas, mais il suffit qu’une personne voie un serpent pour qu’immédiatement dans l’esprit, il y ait une peur qui apparaisse. Nous pensons que ce serpent va nuire. Ou alors c’est un peu comme si une personne, en marchant, voyait au loin une corde, prenait cette corde pour un serpent et aurait peur. Alors qu’il n’y a absolument aucune peur à avoir puisque la personne qui se met en colère ne peut pas nuire, cette corde ne peut pas nuire ou même ce serpent ne peut pas nuire.

La colère est due à un très grand orgueil dans l’esprit et le fruit de cette colère ne va apporter que de la souffrance. Quoi qu’il en soit, si quelqu’un a de la colère envers autrui, il se fait avant tout souffrir, il se fait du mal. C’est-à-dire, quand il exprime sa colère, à l’intérieur de lui-même, il n’est pas dans le bien-être. La personne en face n’est pas, non plus, dans le bien-être. En plus, le résultat, le fruit, en sera de la souffrance. Dans les vies futures, une personne qui a beaucoup de colère renaîtra dans les enfers et dans ces enfers, elle éprouvera une très grande souffrance. C’est pour cela qu’il est dit qu’il est important d’avoir de l’attention et de la vigilance.

Pour avoir cette attention, il est recommandé d’être dans un endroit solitaire ou d’être dans la solitude comme nous l’avons vu précédemment, d’avoir une détente naturelle. Par la solitude et la détente naturelle dans l’esprit, nous pourrons obtenir cette attention. C’est en ayant cette détente naturelle que va survenir constamment, d’une manière continue, l’attention, la vigilance.

Il est possible que, même en ayant de l’attention, de la colère apparaisse parfois dans notre esprit puisque nous sommes débutants, même avec une vigilance présente à chaque instant de notre vie. A ce moment-là, il faut réfléchir sur les souffrances du samsara, il faut réfléchir sur l’impermanence de la vie. C’est en réfléchissant sur l’impermanence de toute chose, sur l’impermanence de notre vie (que nous puissions vivre cinquante ou soixante ans, quelques soient nos activités, tout cela est impermanent). En gardant ces différentes idées dans notre esprit, cela nous aidera dans cette pratique de l’attention.

Il est dit aussi que nous devons développer une confiance, un respect envers l’ensemble des Bouddhas et des Boddhisattvas. C’est aussi à travers cette confiance que nous pourrons développer cette détente. Nous devons reconnaître que nous avons un grand mérite et que nous sommes vraiment dans ce qui s’appelle un bon kalpa car nous avons obtenu les huit libertés et les dix acquis grâce à l’apparition dans notre monde du Bouddha Sakyamuni. A travers la venue du Bouddha Sakyamuni, les enseignements du Bouddha ont été propagés. Et donc nous avons eu la grande chance, l’opportunité de rencontrer le Dharma, de rencontrer le Bouddhisme. Nous sommes donc nés dans un pays où le Bouddhisme a pu être propagé. Puis, nous avons eu aussi la possibilité de rencontrer un lama qui a pu nous transmettre cet enseignement du Bouddha. Nous avons eu aussi la possibilité d’aimer, d’avoir la joie à écouter cet enseignement du Bouddha. Nous avons toutes ces libertés et ces acquis qui font donc que nous avons un très grand mérite.

Prendre conscience que nous avons un très grand mérite, que toutes ces circonstances ont pu être réunies et garder ces pensées à l’esprit, permet de ne pas perdre son temps et d’utiliser vraiment ce temps précieux à la pratique. Si nous prenons conscience que nous avons vraiment un très grand mérite, nous pouvons aussi développer une très grande joie dans notre esprit. Et si nous méditons ainsi, nous pourrons obtenir la paix dans notre esprit.

Maintenant, nous allons voir la deuxième visualisation qui concerne la pratique de Chiné. Nous allons visualiser qu’en face de nous, dans l’espace, se trouve Dorjé Sempa. Il est de la grandeur de ce petit livre ou vingt centimètres à peu près.
Dorjé Sempa est de couleur blanche, il est orné de toutes les soieries du corps de gloire, il tient dans sa main droite un Vajra au niveau du cœur, il tient dans sa main gauche une cloche au niveau de l’aine.

En apparence, Dorjé Sempa est présent mais il n’est pas matériel. En fait, son apparence est comme un arc-en-ciel, son corps est un corps de lumière. Nous devons le méditer clair, son corps est blanc et la méditation doit être parfaitement claire.
Il rayonne de lumière.

Au cœur même de Dorjé Sempa, va se trouver notre propre esprit, va se trouver Rigpa, notre conscience, notre esprit. Nous allons méditer quelques minutes sur cette visualisation.

Nous devons chacun, d’une manière individuelle, visualiser en face de nous Dorjé Sempa comme nous venons de le voir, de le décrire.

Maintenant, nous allons voir les bienfaits de cette méditation sur Dorjé Sempa. Pour l’instant, nous sommes dans l’ignorance, dans la non-conscience.

Qu’est-ce que cette non-conscience ?

C’est le fait que nous ne comprenons pas, il y a des choses qui ne sont pas claires dans notre esprit, nous sommes dans une certaine obscurité, dans une non-reconnaisance. Nous nous énervons aussi facilement. A travers cette méditation de Chiné sur Dorjé Sempa, à l’inverse, une très grande clarté et une vivacité vont apparaître dans notre esprit, en fait, une reconnaissance, la connaissance, une conscience véritable va apparaître dans notre esprit. Ce sont les bienfaits véritables de méditer Dorjé Sempa.
Quand nous parlons d’ignorance et de non-reconnaissance, c’est que avant tout, nous n’avons pas la possibilité de comprendre le sens profond des choses. Cette non-compréhension du sens des choses, c’est l’ignorance. Puis le fait que, durant la méditation, nous pouvons tomber dans une grande torpeur, cela aussi c’est l’ignorance. Le fait de ne pas avoir forcément de la vivacité durant la méditation, cela aussi c’est l’ignorance. Le fait même d’écouter un enseignement mais de ne pas retenir cet enseignement, là aussi, c’est l’ignorance. Le fait d’entendre mais de ne pas comprendre ce que nous entendons, c’est aussi l’ignorance.

Donc en fait, si nous méditons Dorjé Sempa, tout cela va être complètement dissipé. Nous allons pouvoir retenir ce que nous entendons, nous allons pouvoir comprendre véritablement avec une très grande clarté et cela va être cette conscience que nous allons aiguiser grâce à cette pratique de Dorjé Sempa. Je vais vous donner aussi cet exemple : au moment de notre sommeil, si quand nous dormons, quelqu’un vient subitement nous réveiller. Spontanément, nous allons nous réveiller avec une très grande colère. Cette grande colère, c’est le propre même de cette ignorance. À l’inverse, si nous aiguisons cette conscience Rigpa quand quelqu’un nous réveillera, nous nous réveillerons spontanément avec une grande joie et en rigolant. Ce sera le bienfait de la pratique de Dorjé Sempa.

Le fait que parfois nous rencontrions toutes sortes de difficultés, même chez nous, que notre esprit n’est pas vraiment en paix, dans le bien-être, cela aussi est dû à l’ignorance.
Maintenant, nous allons ensemble réciter le mantra de Dorjé Sempa. Ce mantra va nous permettre quand nous sommes fatigués, de ne plus être fatigués et d’être séparés de tout le mal-être que nous pouvons avoir, parce que cela aussi, est dû à l’ignorance. Tout cela va être dissipé par cette récitation du mantra de Dorjé Sempa.