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Le bardo naturel de cette vie - 18/19

Enseignement de Chépa Dorjé Rinpoché - Paris, le 12 mars 2001

Nous devons penser maintenant que nous allons écouter cet enseignement des six Bardos pour pouvoir libérer l’ensemble de tous les êtres de la souffrance du samsara. Tous ces êtres dont le nombre est aussi vaste que vaste est l’espace.

Dans la tradition du Dharma, il est dit que nous devons avoir du respect, de la dévotion. Pour cela, il est important, tout d’abord, de connaître l’origine du Dharma, d’en connaître la signification, de comprendre le sens profond des enseignements. C’est en gardant ce sens à l’esprit que nous pourrons développer du respect à l’égard du Bouddhisme, à l’égard du Dharma et qu’ensuite, nous pourrons développer de la dévotion. Pour comprendre l’histoire même du Dharma, il est nécessaire d’écouter les enseignements. Sur le Dharma, il y a toutes sortes de livres que vous pouvez lire, que vous pouvez examiner qui vous permettrons d’en comprendre le sens. Si nous ne comprenons pas le sens même du Dharma, comment cela pourra-t-il nous aider ? Le sens du Dharma est véritablement très important à connaître.

Dans la tradition bouddhiste, dans le Dharma, il est dit qu’après notre mort, nous allons nous réincarner, que la mort n’est pas une fin et que nous renaissons encore et encore. Il est possible que certaines personnes ne croient pas cela et que pour elles, il n’y a rien après la mort. Mais si nous examinons bien, si nous écoutons bien le Dharma et si nous en comprenons le sens véritable, nous pourrons l’admettre. L’enseignement bouddhiste explique qu’après le moment de la mort, nous allons traverser différents Bardos ou état intermédiaires. Il donne des explications sur ces états intermédiaires, à savoir comment nous allons les traverser et quelle renaissance nous allons reprendre. Pour avoir une véritable compréhension de tout cela, il est nécessaire de connaître toutes les explications, d’en comprendre le sens, de connaître l’origine du Dharma. Si nous comprenons le sens des enseignements, nous en aurons du respect. Il est dit qu’au moment de notre mort, il est possible de renaître dans les enfers, pourtant nous allons laisser notre corps sur cette terre. Qui donc ira dans les enfers ? Si nous ne comprenons pas le sens du Bouddhisme, qu’allons nous penser puisque nous laissons notre corps ? Qui va dans les enfers ? Le sens des enseignements est très important. Nous pouvons nous demander, puisqu’au moment de la mort nous abandonnons le corps : « qui va ressentir la souffrance des enfers ? ».

Si nous prenons pour exemple notre rêve, lorsque nous rêvons, nous sommes endormis, pourtant toutes sortes de choses peuvent apparaître. Nous pouvons aussi rêver que nous avons changé de lieu.

Mais qui change d’endroit ?

Nous sommes endormis sur notre lit et nous sommes dans le rêve dans un autre endroit, tout le monde connaît cela, tout le monde connaît cette expérience. Dans le rêve, nous n’avons pas de corps mais pourtant nous expérimentons de la peur et même de grandes frayeurs. Nous n’avons pas de corps mais nous le saisissons, nous pensons véritablement en rêvant que nous avons ce corps. Il en est de même au moment de notre mort, nous n’avons plus de corps mais nous saisissons le fait que nous en avons un. Comme nous saisissons le fait d’avoir un corps, nous expérimentons la souffrance des enfers. Ce sont des apparences spontanées. Nous n’avons aucun pouvoir sur ces apparences. Si nous ne maîtrisons pas notre esprit au moment de notre mort, nous reprenons naissance dans le cycle des existences, dans le samsara.
Dans le Dharma, il y a des méthodes pour obtenir la maîtrise de l’esprit. Elles vont nous permettre d’obtenir la maîtrise de l’esprit au moment de notre mort.

Qui peut savoir si nous avons la maîtrise de notre esprit ou pas ?

Seul chacun d’entre nous le sait. Différentes méthodes permettent de voir si nous avons bien cette maîtrise. Une de ces méthodes est de voir si nous sommes capables de maîtriser notre rêve. Par exemple avoir la capacité de transformer le rêve. Lorsque nous expérimentons une grande peur, pouvons-nous méditer une divinité ou nous transformer en une divinité afin de transformer les apparences ? Pour parvenir à cela, nous devons nous entraîner. Si nous ne nous entraînons pas, si l’entraînement n’est pas correcte, nous allons des années durant n’obtenir aucun résultat, aucune maîtrise du rêve. Si nous n’obtenons aucune maîtrise, c’est le signe que l’entraînement aura été mauvais ou que notre compréhension du sens du Dharma n’est pas bonne.

Quatre vingt quatre mille enseignements ont été proférés pour obtenir une maîtrise de toutes les apparences propres à chacun. Nous pouvons les résumer en les Trois Corbeilles. Nous pouvons dire encore que ce sont des instructions. Certaines instructions font références aux six Bardos, les six états intermédiaires. D’une manière générale avant de recevoir ces instructions sur les six Bardos, nous devons effectuer des préliminaires, c’est-à-dire que nous devons nous préparer.

Dans un premier temps, nous devons avoir une compréhension de ce qu’est le Dharma. Grâce à cela, nous pourrons développer une certaine foi, ensuite, nous allons prendre refuge auprès d’un Lama, nous allons développer l’Esprit d’Éveil et puis nous allons effectuer les préliminaires. Quels sont-ils ?

Il s’agit de la Prise de Refuge, du Développement de l’Esprit d’Eveil, de la récitation du mantra de Dorjé Sempa, du Mandala, des Prosternations et du Guru Yoga.
A Paris, par exemple, les gens n’ont pas beaucoup de temps, ils travaillent beaucoup et ont besoin de plusieurs années pour accomplir ces préliminaires. Au terme de ces années, il n’est pas certain qu’ils aient une bonne compréhension du Dharma. Là actuellement, ils ont un peu de dévotion, enfin un peu de respect. Peut-être qu’au bout de certaines années ils n’auront plus de dévotion ou de respect. Après un certain temps, ils abandonneront tout cela n’ayant pas pu accumuler les préliminaires et n’ayant aucune compréhension, ils jetteront tout cela. Je pense, donc qu’il est bien pour vous de recevoir les instructions des six Bardos dès maintenant. Ces instructions que je vous donne, vous seront d’un grand bienfait. Je pense qu’il est plus difficile d’obtenir ces enseignements au Tibet qu’à Paris. Cela signifie peut-être que vous avez un grand mérite. Peut-être même que certaines personnes ont ce grand mérite et qu’elles ne le savent même pas.
Maintenant ce que nous allons voir aujourd’hui et jeudi portera sur l’Introduction à la Nature de l’Esprit. Puis après cela l’enseignement sur le Bardo de cette vie sera terminé.
L’Introduction à la Nature de l’Esprit signifie réaliser Rigpa, la Connaissance. Nous sommes dans l’ignorance, dans la non-connaissance, c’est pour cela qu’il nous faut obtenir la Connaissance, la nature même de cette Connaissance. Puisque nous sommes débutants, il est difficile d’obtenir ou de réaliser la Sagesse. Donc, dans un premier temps, il faut réaliser Rigpa, et pour cela il faut examiner son esprit. Tout d’abord il faut savoir où est l’esprit et reconnaître. Nous avons toutes sortes de pensées dans notre esprit. Quand nous avons faim, nous pensons j’ai faim, c’est ainsi pour tout ce que nous désirons faire, toutes sortes de pensées viennent dans notre esprit. L’esprit c’est cela. Toutes ces pensées, c’est l’esprit.

Au Tibet, nous nous posons la question suivante : « D’où vient notre esprit ? D’où vient-il ? » Après avoir examiné cela pendant plusieurs jours nous allons découvrir qu’en fait cette pensée ne provient de nulle part. Dans le Dzogchen, nous cherchons d’où provient l’esprit où il demeure et où il va. Dans la tradition Kagyupa, nous allons parler du lieu d’où provient l’esprit, de la première pensée qui naît en notre esprit et de celui qui reconnaît ce lieu et cette pensée qui apparaît. Cela va être la Connaissance.
De ces trois aspects, que faut-il examiner ? Qu’est-ce qui doit être examiné ?
C’est la connaissance. Quand à la première question : « d’où vient notre esprit ? », si nous examinons bien, nous en conclurons qu’il ne provient de nulle part. Il n’apparaît de nulle part et il ne provient pas de quelqu’un. Il ne demeure donc pas quelque part et il ne demeure pas dans quelqu’un. Puisqu’il ne demeure pas quelque part, il ne va pas dans un endroit et il ne demeure pas dans un être quel qu’il soit.

Nous allons prendre un exemple, j’arrive par cette porte, je suis là maintenant, mon corps est là mais mon esprit n’est pas passé à travers cette porte, il est ni dans la direction de l’est ou de l’ouest, etc., il ne demeure pas dans un endroit particulier. Il est vacuité. Dans la tradition tibétaine, lorsque nous examinons notre esprit, nous devons nous demander s’il est à l’intérieur de nous. Nous allons examiner où se trouve l’esprit du sommet de la tête jusqu’au bout des pieds. Nous allons nous demander où il se trouve dans le corps. Quand nous allons parvenir à la conclusion que l’esprit n’est pas dans le corps, nous allons procéder au même examen à l’extérieur du corps. Nous réaliserons qu’il n’est pas non plus à l’extérieur.

A ce moment là nous comprendrons que l’esprit est vide, qu’il est vacuité. Comprendre, c’est cela, c’est avoir la compréhension que notre esprit est vacuité. Il faut tout d’abord avoir une bonne compréhension de cette vacuité de l’esprit. A ce niveau, il y a encore une saisie. Quand il n’y a plus de saisie, nous réalisons la vacuité de l’esprit et nous pouvons dire qu’il n’y a pas d’esprit mais en même temps, nous ne pouvons pas dire cela car l’esprit est. Alors pourquoi l’esprit est il là ?

Maintenant nous allons méditer.